Paparazzi

Chapitre 10 - Emilio

- Bonne vacances...

Je n'ai même pas terminé de lui parler qu'elle se retourne en direction de la sortie de l'aéroport.

Méchant vent que je me suis pris...

Je ne sais même pas pourquoi je réagis comme ça par rapport à Léonor et sa façon d'être avec moi. Ça ne me ressemble tellement pas !

Enfin bref, j'ai mieux à faire que de penser à une fille qui s'est retrouvée assise à côté de moi pendant quelques heures. Je ne la reverrai sans doute jamais. Pourtant, au fond de moi, je sais que je garde espoir de la croiser de nouveau un jour... J'ai ressenti une connexion profonde entre nous, que j'ai complètement gâchée en lui mentant. Parce que je sais pertinemment qu'elle a compris que quelque chose clochait dans ce que je lui ai raconté !

Jamais, je n'aurais pensé que je puisse ressentir autant d'envie de connaître une personne que je venais à peine de rencontrer.

Mais bon, désormais quand je pense à Léonor, je pense également à ce bruit d'appareil photo... Brr, j'en ai des frissons dans le dos ! Et cet homme qui nous regardait comme s' il avait décroché le jackpot en nous observant de cette façon affreuse. Je ferais mieux de ne plus y penser mais j'ai la constante sensation d'être suivi et observé.

J'​​​​​​​avoue ne pas être dans le meilleur endroit pour stopper ce ressenti. Alors, je prends littéralement mes jambes à mon cou et me sauve de cet endroit.

Je passe les portes de sortie et m'arrête net en voyant l'homme de l'avion, un appareil photo dans la main et une valise ouverte entièrement remplie de matériels pour la photographie.

Cette fois, je n'ai plus aucun doute, il nous a pris en photo ! Je me dois d'aller le voir pour qu'il supprime cette photo. J'​​​​​​​imagine déjà les conséquences si elle venait à être publiée sur les réseaux voire même dans les magazines people...

Avant qu'il n'ait le temps de se relever, je fonce sur lui et le lève en l'attrapant par la manche de sa veste. Surpris, il tente de se débattre mais je le maintiens fermement. En voyant qui le tient, il se détend et me regarde de son sourire glacial. Ses lèvres sont retroussées, ses yeux sont ouverts et donnent l'impression qu'ils vont sortir de leurs orbites. Malgré sa tenue classe, cet homme a l'air de sortir tout droit d'un hôpital psychiatrique. Il me fait vraiment peur...

J'​​​​​​​ai beau souhaiter supprimer la photo, je ne me sens pas capable mentalement de rester une seconde de plus près de lui !

J'espère seulement que ce que je viens de faire en l'attrapant ne le poussera pas à publier ou à envoyer plus rapidement sa photo.

Malheureusement, je n'ai plus de temps à perdre alors je file en direction de la gare car j'ai un train à prendre pour arriver chez ma grand-mère et il ne me reste plus que vingt minutes. J'attrape ma valise et je cours le plus rapidement possible !

***

Ouf, je suis arrivé à temps ! J'​​​​​​​ai bien cru que je n'y arriverai jamais. Je me suis planté quand même trois fois de chemin avant d'arriver là où je devais être.

Mais bon, maintenant je peux souffler tranquillement. Je suis dans mon train en direction de Clairac, un petit village en France où j'ai grandi avant de déménager aux États-Unis. Je n'ai pas encore prévenu ma grand-mère que c'est aujourd'hui que j'arrive pour lui faire la surprise !

Je l'appellerai un peu avant l'arrivée en gare pour qu'elle vienne me récupérer. J'abuse sans doute mais je n'ai pas vraiment d'autres choix pour rentrer chez elle. Je pourrai sans doute appeler un ancien ami avec qui j'ai gardé contact mais je me sentirai coupable de le déranger alors qu'on se parle jamais et que ça fait des années qu'on ne s'est pas vu !

Me voilà donc dans un autre trajet qui s'annonce être très long ! J'​​​​​​​ai cinq heures de train et rien pour m'occuper. Le vol en avion était beaucoup plus cool grâce à Léonor mais maintenant il n'y a plus que moi. En plus de ça, j'ai l'impression que tout le monde me regarde d'un drôle d'air.

J'​​​​​​​ai pourtant mis mes lunettes de soleil, ma casquette et ma capuche alors impossible que qui que ce soit ait pu me reconnaître !

Enfin bref, autant ignorer leurs regards. Je ferai mieux de dormir un peu pour être en forme lorsque j'arriverai chez mamie.

Mes écouteurs en place, je mets en route une playlist choisie au hasard et Dream On d'Aerosmith est la première chanson qui passe. Je ne sais pas si je dois prendre ça comme un signe ou une coïncidence mais je compte bien continuer de rêver pour revoir Léonor.

***

Je ne sais pas depuis combien de temps je dors mais une main sur mon épaule me réveille en sursaut.

– Ahhh !

– Excusez-moi monsieur... Nous sommes arrivés à la gare de Clairac.

– Oh, déjà ?! Mince, mince, mince...

J'​​​​​​​en reviens pas ! J'​​​​​​​ai dormi pendant cinq heures sans penser à mettre un réveil.

J'​​​​​​​allume mon téléphone pour appeler ma grand-mère mais je n'ai plus de batterie. Merde ! Ma musique en continue à bouffer toute la charge de mon portable.

C'​​​​​​​est pas grave, je vais me débrouiller. Je vais bien trouver un moyen de rentrer. Même si je dois marcher !

Je récupère donc mes affaires et sors du wagon en m'excusant auprès du contrôleur. Me dirigeant vers les distributeurs pour m'acheter à boire, je rencontre ce regard familier.

Ma grand-mère est juste là, à m'attendre un grand sourire aux lèvres. Ma surprise est peut-être ratée mais je préfère de loin la sienne. Mon frère a sans doute dû la prévenir que j'arriverai aujourd'hui. Il a beau m'être insupportable, je lui suis redevable sur ce coup-là !

De là où elle se trouve, elle me tend les bras comme quand j'étais enfant pour que je courre la rejoindre. Je n'hésite même pas et fonce pour la prendre dans mes bras. Petit, c'était elle qui me portait et me faisait tourner dans les airs. Maintenant, c'est moi qui la porte. Elle m'a tellement manqué !

- Mon ptit loup ! Je suis tellement contente de te voir.

- Moi aussi mamie !

- Allez, viens on rentre. Je t'ai préparé à manger !

- Trop bien. J'​​​​​​​ai hyper faim en plus !

- Tu as surtout beaucoup de choses à me raconter.

- Ah ça oui ! Il m'est arrivé un paquet de choses depuis l'année dernière.

- J'ai hâte de tout savoir. D'​​​​​​​ailleurs, j'ai suivi tous tes matchs. Si tu savais comment je suis si fière de toi ! Toutes mes amies du bingo n'en pouvaient plus que je leur raconte tes victoires.

- Haha, pauvres dames...

- Au fait, n'oublie pas de prévenir tes parents que tu es arrivé.

- Pas besoin. Ils ne savent pas que je suis parti...

- Comment ça ? Ne me dis pas que vous êtes encore fâchés...

- Malheureusement, c'est le cas mamie. Tu sais comment ils sont !

- Ah ça pour le savoir, je le sais. Je te rappelle que j'ai élevé ta mère et sa tête de mule... dit-elle en perdant son sourire.

Mieux vaut que j'arrête cette conversation avant qu'elle ne perde sa joie de vivre.

- Dis mamie ?!

- Oui mon ptit loup ?

- Merci d'être venue me chercher !