10 - Numb

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Jeff, en enfreignant une des règles fondamentales des coordinateurs : ne pas lever la main sur un jeune, venait probablement de déclencher une guerre à Burket Rivers.

Une forte poigne me remit sur pieds alors que je chancelais encore un peu. La personne qui se tenait à mes côtés n'était q'une silhouette trouble mais je ne me souciais même pas de savoir qui était-ce. Plissant les yeux, j'étais surtout à la recherche de ma maquette... Au beau milieu de tout ce raffut, c'était la seule chose qui me préoccupait pour le moment. Comme je ne la percevais toujours pas, je me mis à genoux et cherchai à tâtons près du canapé, de mes doigts tremblants. Je sentais mon cœur battre à toute vitesse, la sueur dégouliner le long de ma nuque sous cette chaleur soudaine et pourtant je luttai de toutes mes forces contre mon corps engourdi. 

Plus les secondes passèrent, plus je repris contrôle de moi-même. Je décalai le canapé dans un élan de rage et finis par l'apercevoir, la maquette... en morceaux. Complètement détruite. Mes doigts rassemblèrent le tout alors que je réalisai à peine. Mon frère me l'avait offert et on me le cassait aussi vite. Je ne savais pas quel sentiment était le plus fort, la haine ou la tristesse. Probablement un mélange de deux qui me poussa à agir sans même y penser à deux fois. Il n'y avait plus que le toit d'intacte alors je l'agrippai soudainement et me relevai. Lorsque je posai les yeux sur le hall, je fus étonné de découvrir une réelle anarchie autour de moi. La plupart des jeunes s'en prenaient aux coordinateurs malgré l'alarme qui hurlait et clignotait aux quatre coins de la pièce. Le reste des coordinateurs, ainsi que la sécurité du centre, ne tarderaient pas à venir. Il ne me restait plus que quelques minutes. 

Je parcourus alors la salle de mes yeux emplis de rage et commençai à avancer, manquant de trébucher plusieurs fois sur les objets au sol. Même de dos, je reconnus ma future victime qui maintenait un garçon au sol. Mon corps n'obéissait plus qu'à ma colère dorénavant, je me mis à courir et cognai le Sergent Blondie de plein fouet. Il ne tomba pas au sol, contrairement à moi, cependant il se décala de plusieurs pas. Il me laissa ainsi le temps de me remettre sur pieds puis de foncer à nouveau sur lui. Arrivé à sa hauteur, je tapai sans attendre le toit de la maquette contre son crâne, n'atteignant que sa tempe qui se mit aussitôt à saigner. Je n'eus même pas le temps de me réjouir de cette mini-victoire qu'il s'empressa de se venger. Une de ses grosses mains vint empoigner mon t-shirt tandis que l'autre m'infligea de nombreux coups de poings dans le visage. Par moments je réussis à me défaire de son emprise et tentai tant bien que mal de lui rendre ces coups mais face à lui, en terme de force, je n'avais aucune chance. Je ne laissai pas tomber pas pour autant car ce qui me poussait à agir de la sorte était bien plus fort que tout... La rage qui grandissait à l'intérieur de moi était inusable. 

Je sentais mon visage en feu mais mon cœur l'était aussi et je n'écoutais que lui. Pour toutes les souffrances qu'il m'avait infligé durant ces trois semaines, pour le mépris dont il faisait preuve à mon égard, pour avoir détruit quelque chose qui me tenait à cœur, je me défoulai sur Jeff. Je ne voyais pas où mes pieds ou mes mains atterrissaient, j'étais juste un peu plus soulagé à chaque fois que je cognais. Même lorsqu'il me mit à terre et qu'il tenta de prendre l'avantage, je ne cessai pas de me débattre. Malgré la douleur qui traversait tout mon corps à présent, me bloquant même le dos ; malgré la voix qui s'était mis à crier mon nom depuis quelques secondes. Ce n'était pas clair. Tout ce que je voyais c'était mon ennemi devant moi ; tout ce que je t'entendais était ses cris de rage qui m'encourageaient à continuer. 

Comme il essayait de m'étrangler, je repliais mes jambes et lui infligeai un énorme coup dans le ventre. Il tomba sur le côté alors que, haletant, je trouvai quand même la force de me relever. Je m'armai du pied d'une des tables basses qui gisait près de moi puis me tournait vers le coordinateur. Chacune de mes respirations saccadées me brûlait un peu plus, me tenir debout me demandait plus d'efforts que nécessaire toutefois il me restait assez de force pour éteindre ma haine une fois pour toute. Je me voyais déjà abattre ce foutu bois si fort sur le cou de Jeff qu'il transpercerait sa peau avec aisance. Puis il y aurait du sang... de partout... Sur mes mains, surtout. 

His Cheerless WayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant