Chapitre 4 : Intrus

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Accroupie dans l'escalier, j'assiste à la scène. Je crie de toutes mes forces, mais aucun son ne sort de ma gorge. Personne ne m'entend. Mon coeur bat si fort qu'il menace de se décrocher, m'empêchant d'intervenir. Mon corps est cloué au sol, tétanisé, refusant tout mouvement. Ma tante hurle, si fort que la douleur qui s'en dégage me foudroie le coeur et l'estomac. Je les vois la pousser, la frapper.

- « Elle est où ?! »

- « Répond salope ! »

Les meubles volent dans tous les sens, laissant un bruit sourd de casse autour de moi. Puis le vase de maman qui s'éclate en morceau par terre. Je sursaute, j'ai peur. Mon corps tout entier tremble et menace de lâcher. BOUM.

Ma tante tombe à la renverse, brutalement, laissant un silence derrière elle. Un silence beaucoup trop pesant. Le temps semble s'arrêter quand je remarque son corps inerte et immobile. Une odeur de fer empli la pièce, quand je remarque un liquide rouge s'étendre sur le sol. Du sang. Mon pouls s'arrête. Mon estomac se retourne. J'ai envie de vomir.

Les larmes déferlent sur mon visage. Je suis bloqué, je ne peut pas bougé. L'oxygène me manque, comme si les murs de la pièce se refermaient sur moi. Le monde tourne, ma vision se trouble. Je me bouche les oreilles pour ne plus entendre. J'ai froid. J'ai peur. Un bruit sourd me fait sursauter et m'arrache un sanglots. MERDE.

Mon regard croise celui d'un homme. Il affiche un sourire immonde et s'humidifie les lèvres.

- « Tiens, tiens...On t'as trouvée, ma jolie... »

Mon coeur rate un battement. Mes tremblements sont si intenses que je peine à me relever, alors je grimpe les escaliers à quatre pattes le plus rapidement possible. Plus fort, plus vite. Plus j'accélère, plus l'homme me rattrape. Ils vont me rattraper. Ils vont m'avoir. Je vais mourir.

Je crie. Je crie au secours...Mais personne ne m'entend...Mes sanglots m'empêchent de prononcer quoique ce soit. Personne ne viendra m'aider...Je sens ses doigts agripper mon tee-shirt et me tirer par les cheveux. Je me débats mais sa force est trop puissante. Il me serre fort, trop fort.

- « Ne t'agites pas, ma jolie... »

Je ne veux pas qu'il me touche. Je ne veux pas mourir.

J'ai mal à la tête...Je n'entend plus rien.

J'ai mal à la joue...Le bruit résonne dans mes tympans.

Troisième coup...Je vois floue.


Le lendemain, colocation, 8h00

Je me relève en sursaut, inspirant une grosse bouffée d'oxygène. Encore. Mon corps est recouvert d'une fine couche de sueur, perlant le long de mes tempes et ma poitrine. Le souffle saccadé, je me recroqueville pour me protéger d'eux.

Un cauchemar. C'est un cauchemar. Le même cauchemar.

Celui qui se répète en boucle. Qui me ronge de l'intérieur. Mes muscles se décrispent petit à petit. Je reste ainsi quelques secondes afin de reprendre mes esprits, et rouvre lentement les yeux.

Souffle Luna. Inspire...Expire...

Quelques minutes s'écoulent avant que mon souffle re-devienne à peu près normal. Je me lève et ouvre la fenêtre : l'air frais me provoque un frisson agréable et me redonne l'oxygène dont j'avais besoin. Je reste là, les yeux fermés, profitant du soleil sur ma peau et du vent frais. Je retrouve le calme, lentement.

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Colocation, 11h00

Installée confortablement sur la balcon, je profite des rayons de soleil en lisant un nouveau livre, une tasse de café dans la main droite, une clope entre les lèvres et mon casque sur les oreilles. Je donnerai tout pour que les matins comme ça soient éternels. Seulement moi, mon livre et Lana Del Ray. Ma définition de la paix. Après mon réveil brutal, je me suis vite plongée dans un livre pour éviter de penser à la soirée dernière. Soirée plus que chaotique. Trop de questions tournoyaient dans mon esprit. Des questions sans aucunes réponses.

ApophisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant