Lettre 6

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"à Londres, le 18 décembre 1865

Ma très chère, Béatrice

Je devrais être enjoué de cette nouvelle année porteuse de tant de bonheur. Mais comment profiter de ce renouveau sans ta présence à mes côtés ?

Mon esprit est bien gris sans toi et même la neige londonienne ne me fait pas t'oublier. Je regrette la pluie niçoise que nous écoutions ensemble.

Je reviens à Nice pour les fêtes. Passons Noël ensemble, je t'en supplie. Je veux entendre ton rire qui se perd dans les cieux, tenir tes mains, observer le ciel nocturne en chantant notre amour, t'écrire des poèmes et que tu dessines mon portrait... N'est-ce pas si beau de penser que nous sommes si jeunes et que nous avons toute la vie devant nous ?

Je t'attendrai sur la promenade, Béatrice.

Pour toujours et à jamais,

Ton plus Bertrand qui soit."



J'ai lu des dizaines d'autres lettres similaires, écrites par Bertrand, destinées à Béatrice, débordant d'amour et de fleurs séchées.

Maman et Bertrand s'aimaient, s'imaginaient un avenir commun, et bien qu'il ne l'ait pas voulu, Victor les a séparés.

Toutes les histoires que Maman me racontait au sujet de Papa étaient des mensonges, j'en suis persuadée. Cette prose, ce maniement des mots, cette poésie, Maman me lisait les mêmes quand j'étais enfant. Les fleurs séchées dans l'enveloppe sont bien des violettes. Toutes ces histoires étaient fictives.

Delphine a menacé de tout révéler, pour gâcher le bonheur de mon père. Parce qu'elle l'aimait, et qu'il a choisi Béatrice. Nous avons retrouvé plusieurs lettres d'amour à l'intention de Papa signées par Delphine. J'ai même lu la lettre de chantage qui menaçait mon père de tout révéler s'il n'offrait pas l'enfant.

Nous étions donc les fruits d'une mascarade dont Maman était la première victime.

Lettre(s) Violette(s)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant