Chapitre 9

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~Loris~

Cette nuit était sûrement la pire depuis que je suis dans cette maison. Lily n'a pas arrêté de tousser et ma mère de se lever. Surement pour vérifier si elle respirait toujours. C'est dans ce bruit de fond incessant que les souvenirs, les mauvais souvenirs firent surface. Ceux que j'avais enfouis sous des couches de pensées. La peur m'a pétrifié une bonne partie de la nuit. La petite voix que je n'avais pas entendu depuis que j'ai déménagé est revenue aussi.

Et s'il revenait ? Bien sûr qu'il va revenir et ce jour-là j'espère que tu sera capable de faire quelque chose. Et si d'autres personnes souffraient par ta faute ? Bien sûr qu'il va faire du mal à d'autres personnes ! Tu n'aurais jamais dû le laisser partir, il te suffisait d'allumer ton téléphone et d'appuyer sur deux touches mais non même ça t'en ai pas capable !

Au matin quand le soleil s'infiltre à travers mes volets j'étais déjà prête, je savais ce que j'allais faire aujourd'hui.

Alors me voilà dans les rues de Los Angeles, GPS en main, écouteurs aux oreilles. Le GPS m'indique que j'arrive dans 5 minutes et je peux déjà sentir l'odeur du port. J'ai choisi une salle pas trop loin de mon lieu de travail. Quand j'arrive sur le quai, j'ai l'impression d'être à ma place. Je m'assois deux minutes les pieds dans le vide. Mes semelles effleurent l'eau et je regarde les bateaux accoster. Je me relève plus motivée que jamais. Je sens l'excitation monter le fait de me retrouver sur le ring après tant d'années me plonge dans une bulle de bien être.

J'arrive devant la salle et je sens le stress monter, je secoue la tête et entre. La salle est lumineuse, il y a un comptoir sur la gauche que personne n'occupe, des sacs de frappe un peu partout, deux trois presse sur la droite vers le fond et tout au fond il y a les rings. Je les redoutent et je les envie à la fois. J'observe le premier ring. Un homme de la quarantaine apprend a un petit comment faire une parade. Sur l'autre, deux mecs se battent. L'un d'eux est contre les cordes et reçoit une pluie de coups de son adversaire, quand il tombe au sol, le vainqueur lève un poing victorieux et sort du ring... Je m'aperçois de deux choses simultanément : la première c'est que ça dois bien faire 2 minutes que je suis plantée là sans bouger. Et la deuxième c'est que le vainqueur qui se dirige vers moi n'est autre que Cameron Miler. Une chance qu'il ne m'est pas vue, j'ai peut être le temps d'aller me cacher derrière le comptoir. Sur le comptoir se trouve une sonnette avec un papier :

Sonnez et j'arrive

Je presse alors la sonnette puis j'entends quelqu'un trottiner pour venir se placer derrière le comptoir. Et merde ! Cameron fixe un ordinateur les yeux froncé et demande sans me regarder :

- Bonjour, c'est pour ?

Je calcule la distance à parcourir d'ici a la porte pour voir si j'aurais le temps de fuir. La réponse est malheureusement non. Je prends donc ma fierté et mon courage à deux mains et je déclare :

- Ce serait pour m'inscrire.

Il tique et lève les yeux :

- Loris ! Qu'est ce que tu fais là ?

Je le regarde dépité, jusqu'à qu'il se rende compte que sa question était débile :

- Tu veux prendre des cours du coup ?

- Non je veux m'inscrire, et puis déjà qu'est ce que tu fous là ? Dis-je d'un ton ferme.

- Beh j'ai marché puis après j'ai ouvert la porte derrière toi et voilà !

Il sourit fier de lui. Je lève les yeux au ciel c'est probablement la blague la plus nulle que j'ai entendue aujourd'hui.

- Non vraiment qu'est-ce que tu fous là ?

Il reprend un air sérieux :

- Je travaille ici, je ne suis pas énormément payé mais en échange j'ai le droit de m'entraîner gratuitement. Sinon pour s'inscrire il faut savoir faire de la boxe.

Je ricane intérieurement et je décide de jouer l'innocente :

- Je veux juste essayer et après je verrai.

- Ok si tu veux tu peux essayer maintenant va voir Patrick le monsieur au fond là-bas il t'expliquera tu pourra même faire un match contre le petit à coté de lui !

Il m'indique le ring du fond et pendant un instant je me demande s'il se fout de moi ou s'il est sérieux. Ces yeux pétillants de malice m'indiquent qu'il se fout de ma gueule. J'enfonce mon regard meurtrier dans ces yeux se qui lui provoque un rire roque. Je l'observe un instant. Une mèche de cheveux lui tombe sur le visage. Ces yeux s'éclairent quand il rigole et ces pommettes se soulèvent. Il est toujours beau mais quand il sourit c'est autre chose. Il s'interrompt, s'aperçoit que je le regarde et nos yeux se rencontrent. Il soutient mon regard, me défiant. Le cinéma me revient à l'esprit mais je chasse ces pensées. Je renverse les rôles et je le défie en déclarant :

- Non je veux essayer contre toi !

L'étonnement se lit sur son visage mais il accepte tout en me tendant des gants. Il quitte le comptoir et on se dirige vers le ring de libre. En même temps il m'explique les règles et quelques coups de base. Je fais exprès de rentrer maladroitement dans le ring tandis qu'il prend un malin plaisir a rentrer comme un pro.

- Prête ?

- Prêt ?

On hoche la tête en même temps et le combat commence. On se déplace sur le tapis tout en se lançant des regards provoquant. J'attends qu'il ouvre sa défense et il fait de même. Son regard étonné me fait sourire. Au bout d'une minute, il ouvre volontairement sa défense pour voir se dont je suis capable. J'en profite et de toute mes forces je lui envoie un uppercut. Il vacille et tombe à terre. J'ai donné un coup précis, exactement ce qu'il faut pour que le sang lui monte à la tête et que même s'il avait la volonté de se relever son corps ne pourrait pas. Je jette les gants au sol et sort du ring, un sourire victorieux collé sur le visage. Je suis tellement fière, que je décide de partir de la salle, la tête haute le laissant derrière moi.

En sortant l'air frais rempli mes poumons et je décide de retourner dans le café/restaurant Judithfood je sais pas quoi, de la dernière fois.

C'est comme ça que je me retrouve a seize heures et demie en train de manger un sandwich, des frites avec un café. À 17h je repars chez moi. Quand j'entre dans la maison je n'entends aucun bruit. La peur me broie l'estomac. Et si Lily avait eu un probleme ? Ou mamie Nini ? Je monte les escaliers à toute vitesse et déboule dans la chambre de Lily. Elle est sur son lit, elle dort paisiblement. Et si elle ne dormait pas, si... Je vais poser deux doigts sur son coup : elle est en vie. Mais où est donc mamie ? C'est là que j'entends un petit cri dans sa chambre. Mon cœur ne fait qu'un bond. J'attrape un vase qui traine et je me dirige a pas de loup vers sa chambre. Mon cœur tambourine contre ma poitrine, comme si je venais de courir un marathon. Je pose ma main sur la poignée puis j'ouvre violemment la porte. Et là, la surprise me fait écarquiller les yeux et ouvrir grand la bouche. Ma grand-mère est à moitié nue avec Robert le voisin, quand ils me voient leur visage se décomposent. Je referme la porte aussi vite que je l'ai ouverte. Surement traumatisé à vie.

Fin du chapitre

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