°• One shot •°

Run boy run

Un petit garçon, une boîte d'allumettes, un aérosol. Une étincelle, une flamme, puis un incendie. De la fumée, des cris, des lumières bleues et rouges. Une foule, un discours, trois cercueils enfouis à jamais.

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Le vent sifflait à ses oreilles, la fraîcheur du matin d'octobre le faisait frissonner, ses poumons réclamaient désespérément de l'air. Il courait, pour se dépenser, pour se défouler, pour oublier ses soucis, il courait, courait et courait encore. Ses pas foulant la piste depuis trop longtemps déjà, il s'arrêta enfin, reprenant son souffle.

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"Encore une matinée inutile, tout comme cette année que je redouble sur "ordre des services sociaux". Ces cours ne me servent à rien. Ce ne sont pas eux qui m'aideront à guérir..." Le jeune de 17 ans, blasé, se dirigea vers la cafétéria de l'établissement et y retrouva son unique ami. Le seul autre garçon dont il acceptait la compagnie. Et encore, il l'avait maintes et maintes fois repoussé mais le plus jeune n'avait jamais lâché l'affaire. Il pressentait que le solitaire avait besoin d'aide et cachait derrière son air impassible, une profonde douleur. Mais ce dernier ne laissait paraître aucune émotion, rares étaient les instants où il souriait et son rire lui était toujours inconnu.

Le blondinet ignorait tout de ses footings matinaux, il ne se doutait pas que le brun courait jusqu'à l'épuisement pour ne plus penser. Cette activité, uniquement sportive au premier abord, était à présent une drogue pour le plus vieux. Il ne pouvait plus s'en passer et il s'agissait de la seule chose capable de l'apaiser. Son corps protestait, certes mais ce n'était rien comparé à la sérénité que la course lui procurait, même le temps de trente petites minutes seulement.

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Ce soir-là ne dérogea pas à la règle, l'obscurité et le froid de la nuit hivernale eurent raison du jeune homme, une fois de plus. Ces pensées devenaient de plus en plus sombres à chaque détours qu'elles empruntaient. Il finirait par craquer, il se pensait trop faible pour résister. Résister à cette petite voix, celle qui lui murmurait de se punir pour sa faiblesse... cette faiblesse qui mena sa famille à sa perte il y a douze ans de cela. Lorsqu'il écoutait ces chuchotements, il se "punissait" par différents moyens. Ironiquement, la course en faisait partie : il détruisait sa santé pour ce sport, ne s'arrêtant qu'au bord de l'évanouissement. Il ne mangeait que le strict minimum qui lui était nécessaire pour courir. Il se blessait physiquement mais avait arrêté depuis un séjour à l'hôpital l'an passé. Sur les conseils d'une infirmière qui l'avait aidé depuis l'incident, le jeune garçon avait commencé l'endurance. Et n'arrêtait plus.

Les souvenirs se manifestaient, le rendant coupable. Il sortit de l'internat le souffle court et se dirigea vers le complexe sportif, il devait impérativement faire taire ces voix intérieures ou il commettrait une erreur irréparable. Le brun se mit à courir, de plus en plus vite, forçant ses limites à chaque tour de piste supplémentaire. Il finit par tomber de fatigue sur le sol rouge et se fit une promesse : "C'est la dernière fois. À compter de cet instant, tu te reprends en main."

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Le jeune homme avait bien avancé depuis ce jour. Il étudiait à présent dans une section STAPS pour devenir kinésithérapeute et s'entraînait en parallèle pour les championnats d'athlétisme qui auraient lieu en juin. Il n'avait pas abandonné la course. Bien au contraire, elle était devenue encore plus importante pour lui. Mais il courait à présent en club et raisonnablement. Il avait même commencé la compétition. Et il avait tellement aimé ça. Enfin quelque chose qui le rendait heureux un minimum... Il avait franchi les échelons et se trouvait au sommet à présent. L'un des meilleurs coureurs de sa génération, qui l'eût cru. Ses idées noires refaisaient surface de temps à autre mais il arrivait à les repousser et ne laissait plus consumer.

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Un jeune homme blond d'une vingtaine d'années à moto, de la pluie, une sortie de route. Du sang, de la tôle froissée, une ambulance. Le service des urgences d'un hôpital, un coup de fil, un athlète dévasté la veille de la finale du championnat.

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Il courait beaucoup trop vite, retombant dans ses travers, ne respectant aucunement les consignes du coach. C'était voulu : il voulait, non devait, se vider l'esprit. La finale n'était pas le meilleur moment mais il ne pouvait faire autrement. Son ami, le seul qu'il eut jamais, venait de mourir d'un accident de moto. Un accident qu'il avait eu sur la route pour venir le voir courir. Il se sentait coupable du décès, et ses pensées noires en profitaient. Il faillit céder à la tentation de se punir à nouveau. Heureusement il y résista, mais il dut extérioriser d'une autre façon. Naturellement il alla courir, ses années de lycée se rejouaient sur la piste officielle. Au yeux de tous, le jeune homme s'effondra. Le chagrin, la douleur psychique et physique l'emportèrent. Il n'était pas croyant mais ne pouvait s'empêcher de penser que le sort s'acharnait sur lui...

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Après tant d'années, ce jeune homme, qui avait à présent la trentaine, ne pouvait plus aller sur une piste de course. Il était incapable de courir. Trop de mauvais souvenirs y étaient liés. Un rêve brisé. Des êtres chers perdus. Il était suivi par un psychiatre qui tentait vainement de raviver cette passion, sans grand succès. Néanmoins avec le temps, le brun réussit à ne plus culpabiliser de la perte de ses proches. Cette voix s'était enfin tue. Il se sentait terriblement seul mais se trouvait pour l'instant trop amoché psychologiquement pour rencontrer du monde. Il vivait avec son chat, Zeus, qui le réconfortait suffisamment...peut-être un jour trouvera-t-il une personne qui ne l'abandonnera pas.

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L'ancien coureur n'était plus tout jeune, il approchait à grand pas de son terme. Il n'avait finalement pas réussi à courir de nouveau... Néanmoins son métier de coach sportif lui permettait de transmettre sa passion du sport à d'autres jeunes. Il espérait que ce sport, qui l'avait aidé et accompagné toute son existence pourra aider d'autres personnes qui se trouvent dans une situation semblable.

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Un lit, un vieillard souriant, une âme heureuse s'envolant. Une tombe, une épitaphe, "Κρείττον οψιμαθή είναι ή αμαθή."

Nda: Oui je l'ai repost ici prc que j'ai supp l'ancienne histoire (je vous tiendrai peut-être au courant pour le concours même si je pense que je vais pas gagner....)

Ce recueil rassemblera des textes que j'écrirai comme ci comme ça, j'ai pas vrm une passion pour l'écriture, je suis plus branchée lecture vous le savez sûrement, mais de temps en temps une poussée d'inspiration me viens et je couche ces mots sur le papier, des fois ça rend bien...