Chapitre 04 - Grandir ensemble

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Fezco ne détestait pas San Francisco, pour être parfaitement honnête. La ville était intéressante, située sous le soleil de la Californie et bougeait constamment : il y avait toujours des choses à faire, à découvrir. Il aimait la baie, s'y arrêter, l'observer, même si des tonnes de touristes se massaient toujours sur ses points d'observation favoris. Il fallait faire avec. Fez faisait avec.


Il avait accepté cela.


Alors, comme chaque jour, en milieu d'après-midi, il rentra chez lui. Il laissa son sac tomber contre le porte-manteau de l'entrée de son appartement deux pièces. Sur le couloir long d'à peine un mètre, si on pouvait appeler ça un couloir, des cadres disposés éparses reflétaient la lumière arrivant des fenêtres, non loin de là. Fezco laissa tomber ses clefs dans le petit pot disposé sur la console en bois, proche de la grande porte menant à l'extérieur.


Quelques jours plus tôt, Lexi avait déposé dessus un miroir. Très grand, leur permettant de s'observer nettement avant de sortir. Le genre d'objet aux contours faits de moulures dorées et anciennes, tout ce qu'elle adorait. C'est ainsi qu'ils avaient meublé l'intérieure de cet endroit qu'ils louaient ensemble, depuis quelques mois déjà.


Malheureusement, leur précédent logement s'était retrouvé massivement inondé par l'appartement au-dessus du leur et les dégâts avaient été sans précédents : les plafonds s'étaient effondrés, par chance en l'absence du couple mais bon nombre de leurs meubles avaient été détruits. L'immeuble dans lequel ils avaient vécu fut évacué, évidemment, puisque le problème s'était étendu jusqu'aux fondations, provoquant ainsi d'importants risques d'éboulements.


Fezco et Lexi s'étaient dès lors retrouvés à chercher un nouveau logement en quatrième vitesse, entre leurs cours et leurs boulots respectifs. Par chance et moins d'une semaine après l'inondation, la jeune femme était tombée sur une annonce et avait su se montrer des plus convaincantes au téléphone : l'appartement deux pièces serait donc pour eux. Ils s'y installèrent quelques jours plus tard, avec leurs maigres possessions, le temps que les autorités locales vérifient que leur précédent logement était assez sécurisé pour y récupérer des affaires.


Lorsqu'ils étaient entrés là, dans ce fameux deux pièces, ils s'étaient sentis soulagés, l'un comme l'autre, d'avoir un toit au-dessus de leurs deux crânes. Fezco se souvenait l'avoir entendu rire avant qu'elle ne se serre contre lui. Un sourire doux, bien que fatigué, tendait les traits de son visage. Ce visage qu'il voyait au quotidien et qu'il aimait toujours plus.


- C'est bon, on va pouvoir dormir tranquillement, avait-elle murmuré, la tempe contre sa large épaule.


Fezco l'avait longuement gardée contre lui, ce soir-là. Ils avaient posé sur le sol un matelas quelques heures plus tard et s'étaient endormis. Pendant plusieurs semaines, leur nouveau nid resta en chantier constant, entre meubles trouvés, meubles livrés, meubles prêtés par des amis le temps de se remettre sur pied. Bientôt, ils furent autorisés à récupérer l'ensemble de leurs biens et possessions restants dans l'immeuble inondé, mais l'humidité n'avait épargné que peu de chaises, électroménagers ou vêtements. Ce n'est qu'à force d'huile de coude et de week-end à travailler d'arrache-pied que Fezco et Lexi purent enfin appeler ce nouvel endroit leur chez eux.


Il y repensait, à ces quelques semaines de chaos, en s'avançant vers la grande pièce à vivre. Contre la grande fenêtre trônait une table ronde de bois foncé et ses chaises assorties. Les fleurs dans le vase commençaient à souffrir, ils devraient bientôt s'en débarrasser. O'Neill s'étira longuement et ouvrit les stores encore fermés, que Lexi n'avait pas dû avoir le temps de remonter avant de partir, plus tôt dans la journée.

III - THEIR LIVES - PAVOTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant