Chapitre 4

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Un an auparavant


Je n'ai pas dormi de la nuit. Mon esprit était hanté par des pensées indécentes. Je n'aurais jamais cru que notre relation puisse prendre un autre tournant. Simon est l'homme le plus beau qu'il m'ait été donné de voir dans ma courte existence. Évidemment, il n'a pas que des qualités physiques. Mes préférences ne sont pas aussi superficielles, mais je dois bien avouer qu'elles prennent plus de place, cette fois-ci, et qu'elles m'empêchent de réfléchir avec clarté.


Théo est mon petit-ami depuis deux ans maintenant, mais je n'ai jamais été vraiment heureuse à ses côtés. C'est triste à dire, mais si je reste, c'est parce que j'ai l'impression de ne pas mériter mieux. Je n'ai jamais eu de petit-copain avant lui. Mon entourage ne m'a jamais fait de commentaires à ce sujet. Moi, je trouve que ça craint. Déjà parce que ça m'a donné l'impression d'être une femme médiocre ou inintéressante, pas assez jolie, pas assez intelligente, pas assez amusante... Je n'ai pas cessé de me remettre en question. De ce fait, je n'ai jamais eu le courage de le quitter. J'ai l'intime conviction que je finirais ma vie célibataire si je le fais.


Toutes ces pensées me donnent l'impression d'être une copine toxique ou mauvaise. Elles ne font que me faire culpabiliser davantage. Pourtant, mon entourage s'accorde à dire que Théo n'est pas un garçon pour moi, qu'il ne me traite pas comme je devrais être traité. Et si je ne méritais pas plus ? Personne n'avait émis cette hypothèse. Le problème de nos proches est qu'ils ne nous disent jamais la vérité ou qu'ils ont une vision erronée de la réalité. Je ne suis pas la petite-amie parfaite. La preuve en est : j'ai déclaré mon coup de cœur à un autre garçon.


La douleur m'a rongée toute la nuit. Je me déteste d'avoir fait ça et je me déteste encore plus d'y voir une porte de sortie, d'imaginer un avenir possible avec Simon, qui habite à l'autre bout de la France. Je ne pourrais pas assumer les allers-retours de Rennes à Avignon, tous les week-ends. Je le sais. Je sais que cette relation est vouée à l'échec avant même d'avoir commencé, mais j'ai envie d'y croire. J'ai envie d'y goûter, rien qu'une fois. Comme s'il allait pouvoir me détacher de mes chaînes invisibles. Comme s'il allait me donner l'impression que j'en vaux la peine. Comme s'il allait me donner la force de faire ce que j'aurais dû faire depuis deux années : quitter Théo.


Je tourne dans mon lit. Il grince, encore et encore, et je suis heureuse que ma colocataire se soit éclipsée pour le week-end. Je me serais maudite de lui avoir retiré toute une nuit de sommeil. Avec la semaine qui nous attend, nous avons besoin de reprendre des forces. Ce sera la dernière, mais la plus intensive.


Finalement, je finis par m'endormir et me laisser entraîner dans un rêve interdit.

Un été rien qu'à nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant