chapitre 6

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Quand je me réveille le matin, et que je me rappelle que je respire encore, la culpabilité ne cesse de m'envahir. M'incitant à me demander si ma vie a toujours un sens même si elle n'en fait plus partie.

Mon téléphone sonne. Je ne décroche pas. Je n'en ai pas la force, surtout après ce cauchemar immonde que j'ai fait où je la voyais mourir sous mes yeux encore et encore.

Je ne sais pas vous, mais moi je préfère largement les nuits d'insomnies plutôt que de faire des cauchemars sans être capable de me réveiller une bonne fois pour toute -comme si une force invisible me retenait endormi, bloqué dans mon cauchemar-.

La personne qui cherchait à me contacter m'a laissé un message. J'y ai tout de suite reconnu la voix de Neji, le cousin d'Hinata.

- salut Naruto, je n'avais pas réellement l'intention de te parler mais il le fallait c'est important donc rappelle moi.

Je soupire un bon coup tout en posant mon avant-bras sur mes yeux. Depuis le décès d'Hina, Neji et moi on a coupé les ponts après une grosse dispute ou plutôt depuis qu'il m'a engueulé parce que je n'ai pas su la protéger. Mais ça me surprend quand même qu'il veuille me parler.
S'il a réussi à mettre sa fierté et sa colère de côté c'est que c'est réellement important.

Je me lève du lit, dépourvu d'énergie pour entamer cette journée. Demain ce sera l'enterrement, je crains bien que Neji compte me dire de ne pas y aller.

Je fais l'effort d'être présentable -sans être trop formel pour autant- je me débarrasse de mon tee-shirt crasseux pour le remplacer par un plus propre. Je substitue mon short pyjama avec un jogging noir que j'ai chopé au hasard.

Je saisis mon téléphone et rappelle Neji. Je n'ai pas eu besoin d'attendre longtemps avant qu'il décroche. Ça doit vraiment être important.
- Naruto ! Enfin tu m'appelles !
- ouais... désolé, je dormais encore.
- je m'en doutais. J'ai besoin de te parler d'urgence
- ouais vas-y je t'écoute
- non pas au téléphone, on se donne rendez-vous dans un café.
- lequel ?
- celui près de la mer.

Ça me rend nostalgique. Mais douloureusement.
- " Mousse vanille "?
- oui c'est ça
- à quel heure ?
- maintenant si possible.
- euh.. ok !

Il raccroche. Je soupire à nouveau.

Je traîne des pieds pour venir. Je repousse autant que possible le moment où je vais devoir entrer dans ce café en sachant clairement que c'était impossible d'éviter cet instant.

Je restais planté là devant la porte du café, incapable de la pousser pour y entrer -trop de souvenirs se mélangent en moi. Je ne fais que regarder l'enseigne. On doit sûrement me trouver glauque.

Ce café, c'était l'endroit où Hina et moi on se retrouvait rien que tous les deux. C'était un peu notre endroit secret. On n'en a jamais parlé aux autres.

À l'époque, ça me faisait plaisir, je m'étais dit : " ça me rend un peu spécial à ses yeux, je suis le seul à partager cet endroit avec elle " . Jamais je ne me serais douter qu'un jour, je serai le seul à porter le fardeau de nos souvenirs.

Peut-être que c'est ma punition. J'étais égoïste, je voulais la garder pour moi toute seule et maintenant je suis le seul à souffrir à défaut de m'être fabriqué trop des souvenirs ici, seul avec elle.

Je soupire. Je me dis que je n'y arriverai pas. Cet endroit me rappelle trop Hinata. Il me rappelle qu'elle avait tendance à courir pour venir ici, en me tenant la main, trop enthousiaste à l'idée de manger des macarons glacés. Il me rappelle que quand elle buvait du chocolat chaud, elle s'en mettait toujours partout sur le visage. Il me rappelle ses rires, ses larmes, ses airs sérieux quand on discutait de nos vies. Il me rappelle la première fois que je lui ai tenue la main, la première fois que je l'ai prise dans mes bras.

- Naruto ?

J'étais adossé à une rembarde, à quelques mètres face à la porte du café que quelqu'un venait d'ouvrir. Je relève la tête et voit Tenten -la très fraîchement gérante du café- qui tenait le menu dans ses mains.

Je tente de sourire même si je suis certain que ça ne se voit pas. Elle s'approche de moi et se met à côté de moi.

- tu n'as pas dormi hein ? Me demande-t-elle sans doute en ayant vu ma tête de déterré

Je ne réponds pas. Ce qui en dit long sur la réponse.

- tu veux un café ?
- ouais... je ne dirai pas non à un déca
- pas d'expresso ? Bon ok, viens alors. Dit-elle en commençant à partir

Je la regarde avancer. Je ne bouge pas.

Je crois que je viens de comprendre un truc.

Si j'ai autant de mal à pousser cette porte pour y entrer, c'est parce que ce sera la première fois que j'y entrerai sans personne pour me tenir la main.

Elle l'était [ SAD NARUHINA 😔 ] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant