Chapitre 4

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Abby

 Une douleur au ventre me fit gémir. J'ouvris difficilement les paupières, elles semblaient peser une tonne. La nausée me rattrapa et je me tournai sur le côté pour trouver une position où la souffrance serait plus supportable. Un bruit de chaîne résonna et je découvris des entraves à mes poignets. Par réflexe, je tirai dessus en me mettant à genoux sur le lit, puis j'observai jusqu'où elles allaient. Je remarquai qu'elles étaient bien accrochées. L'adrénaline me traversa les membres comme une douche froide. Je sentais la chaleur monter dans ma nuque. La crise de panique était proche ! Je fermai les yeux pour reprendre mon souffle. Mais des souvenirs me revinrent en mémoire : du sang, des hurlements, des coups, des armes, mon père presque mort... Je poussai un cri de désespoir, regrettant amèrement d'avoir écouté Jarod. Je lui en voulais ! Par sa faute, j'avais baissé ma garde. Pourquoi fallait-il que le seul garçon qui me paraissait intéressant soit un homme des Wright ? Et pourtant, il ne ressemblait pas à l'un des leurs, il avait l'air tellement différent de tous ceux qui gravitaient autour de cette famille corrompue. J'observai l'endroit avec attention. La chambre était peinte dans des teintes de gris et de blanc et il y avait un tapis douillet. Je remarquai une fenêtre, je tentai d'aller jusqu'à elle. Mais la chaîne était trop courte et les entraves m'empêchèrent d'avancer. Je m'assis à nouveau sur le lit. J'analysai les menottes à mes poignets. J'essayai de faire glisser celle de ma main gauche, mais je réussis simplement à me blesser. J'employai la même méthode pour la main droite. Elle s'avérait moins serrée, du coup je parvins à la déplacer légèrement. Elle se coinça contre mon pouce, alors je forçais. Ma peau se mit à rougir. Mon cœur s'accéléra en constatant que je me libérai un peu plus. Mon doigt allait passer, j'y étais presque ! J'avais mal, mais je continuai. Jusqu'à ce que j'entende la serrure de la porte s'ouvrir. Je cachai ma main entre mes jambes au moment où il entra. Il ne dit aucun mot tandis que je le fixai. Je percevais la dangerosité dans son attitude, mais surtout dans son regard. Il était sans pitié ! Il me l'avait prouvé en me frappant et en me droguant. Lentement, il prit la chaise, la retourna et s'assit à califourchon dessus. Il posa ses bras sur le dossier pour mieux me sonder. Je dissimulai un peu plus ma main presque libre entre mes jambes croisées sur le lit. Son regard bifurqua vers elles puis ses yeux se plissèrent. Il se leva d'un bond ! Je reculai, restant sur mes gardes. Il saisit mon poignet d'un geste brusque pour resserrer ma menotte. Je venais de perdre mon seul espoir d'évasion ! J'avais envie de pleurer, mais je n'allais pas lui donner ce plaisir, alors je me retins. Il reprit place sur la chaise. 

— Même si tu avais réussi à libérer cette main, déclara-t-il, tu as toujours l'autre emprisonnée. Sache que tu n'as aucun moyen de sortir d'ici. 

— Tu vas me tuer ? 

— Ce n'est pas moi qui vais décider de ton sort. J'émis un soupir nerveux. 

— Mais s'ils te demandent de le faire ? 

— J'exécuterai les ordres. 

— Comme un bon toutou. 

— Exact. Il afficha un sourire mauvais. 

— Qu'est-ce qu'ils veulent ? 

— Disons que ton père s'est embourbé dans une situation fâcheuse. Apparemment, son associé et lui étaient sur le point de dévoiler des preuves compromettantes contre les Wright. Tu imagines la colère dans laquelle ces derniers sont. 

— Qu'est-ce qu'ils attendent de moi ? Je ne parle presque plus à mon père depuis des années. Laisse-moi discuter avec Nils, bredouillai-je en reprenant espoir. Je lui expliquerai que je ne sais rien de son trafic. 

— Tu es la clé dans cette histoire. Parce que c'est grâce à toi que ton père lâchera le morceau. C'est ta vie contre ses aveux. Mon cœur manqua un battement. Je comprenais que j'étais leur moyen de pression. 

Liés par nos tourmentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant