The Princess

La rencontre

C'était l'automne! Bonjour les temps pluvieux et venteux. Les feuilles tombent et recouvrent le sol si sombre. L'air, si frais... Le calme et la paix! Tout ce qu'Anastasia préférait. Autant amatrice de poésie que dotée d'une belle plume, elle s'immergeait dans les jardins du palais cherchant l'inspiration et la quiétude que lui inspirait ce temps. Elle aimait particulièrement l'automne car pour elle, il symbolisait la sagesse, une invitation à ralentir le rythme, à respirer et à se recentrer.

Elle marchait encore et encore, la plume à la main et s'arrêta devant une pierre. C'était une pierre tombale, celle de sa mère, la duchesse de Édimbourg. Ses joues s'inondèrent de larmes au rappel des souvenirs qu'elle avait avec cette dernière. La feue duchesse de Édimbourg n'était pas seulement un titre. Pour Anastasia, elle fut aussi une mère et une amie. Mais il fallut qu'une accablante maladie s'éprenne d'elle et qu'elle meurt assez soudainement. Ana, comme elle aimait à l'appeler. Elle se secoua légèrement la tête comme pour chasser tous ces souvenirs encore assez douloureux et s'en alla dans ses appartements.

C'était bientôt l'heure du banquet organisé par son père. Le duc de Édimbourg convia tous les comtes et comtesses, vicomtes et vicomtesses, Baron et Baronne et j'en passe...afin de partager cet instant solennel. Tous les titres étaient de la partie. Il va s'en dire que tous furent très honorés.

Les préparations allaient bon train. La panique résonnait dans les couloirs du palais. Les servantes s'affairaient à apprêter les tables d'une grandeur époustouflante. D'autres encore préparaient le dinner et certaines faisaient de la décoration leur affaire.
Dans tout ce chaos causé par les préparifs, il n'y avait qu'une seule âme calme, las de tous cet acharnement, voulant demeurer solitaire comme elle le fut depuis peu. Assise près de la fenêtre de sa chambre, Ana effleurait la vitre de son front étroit. Ses yeux noisettes cherchaient une cause. Mais rien n'y fit. Elle se demandait encore et encore le but de son existence mais sans réponse. Elle était animée d'un tel sentiment de désespoir. Cependant, ces ressentis n'avaient aucunement leur place dans cette société. En tant que femme, elle se devait seulement de sourire et faire bonne impression afin qu'un homme veuille bien lui donner asile. A cela, on l'avait préparer. Le regard perdu, elle cherchait incessamment une raison.

_Madame...Madame
Des bruits qui lui parvînrent vaguement. Il lui fallu quelques secondes de plus pour redevenir lucide.
_Oui Rose
_Le bain est prêt. La cérémonie va bientôt commencer.
Ana se hâta non sans nonchalance, dépourvu de toute volonté.

Dans la baignoire, les servantes la couvraient de lait et de pétales de rose. Elle nettoyait son corps du revers de la main, l'esprit divaguant, attendant la fin de ce calvaire. Au moins pouvait-elle avoir un peu de paix avec ce bain, s'était-elle dit mais rien n'y fit.
Les servantes l'escortèrent ensuite vers ses appartements. Elle fut pouponnée et sublimée. Anastasia était d'une beauté délirante. Les sourcils arqués, parfaitement dessinés, des yeux noisettes et étincelants qu'elle empruntaient à sa mère, une forme de guêpe avec des formes assez généreuses, des jambes élancées, un nez fin et droit, une beauté sans pareille. Elle était vêtit d'un haut bustier qui lui oppressait la poitrine et d'un bas très évasé teintés de couleur bleu azur, digne d'une Cendrillon. Elle était juste magnifique.

L'heure des festivités sonna. Elle se rendit donc dans la salle de réception et constata que la moitié du duché fut invité. Elle afficha un sourire et s'aventura dans l'immense salle. A sa vue, le duc s'engagea vers elle.
_Tu es magnifique Ana! Ta mère pleurerait de joie en te voyant.
Ana esquissa un léger sourire et suivit son père qui la présenta à ses nombreuses connaissances. Seule l'annonce du repas d'apparat la délivra de ce supplice. Tous se hâtèrent dès lors vers les tables bien garnies. Tous les plats les plus prisés de Édimbourg étaient représentés. Le dîner se fit en silence quoiqu'autour d'une bonne ambiance.

22h sonna et tous les invités étaient sur la piste de danse, désireux d'offrir leurs meilleures danses à une jeune demoiselle ou à un quelconque Lord. Entre valse et salsa, tous y trouvaient leur compte. Sauf Anastasia qui observait toute cette extase du fond de la salle à l'abri de toute proposition de danse. Elle baladait les yeux, un peu amusée par tout ce engouement. Et soudain, posa les yeux sur un coin de la pièce qu'elle n'avait remarqué auparavant. Les demoiselles y étaient rassemblées mais autour d'une personne qu'elle avait du mal à voir. Elle ne voudrait aucunement être à la place de cette personne se dit-elle. Ces demoiselles étaient d'une telle impertinence et si fatigante. Elle chercha du regard la cible de ce brouhaha. Après plusieurs tentatives, elle aperçue enfin son visage. Son coeur fit un bon dans sa poitrine tant sa beauté était d'une rareté. Elle ne l'avait jamais vu auparavant. De qui donc s'agissait-il? Pourquoi autant d'émoi autour de sa personne? Le temps se figea le moment d'une minute. Elle ne fit que le contempler, oubliant à présent tout ce qui avait compté, toute peine, tout mal être. Mais tout cela était trop beau pour être vrai, se rappela-t-elle. Elle détourna la tête et continua à se divertir devant tout ce spectacle aberrant. Elle s'amusait en fait de voir comment chacun jouait si bien un rôle. Les demoiselles courant après les hommes pour obtenir leur faveur et les hommes acceptant de leur offrir une danse par simple respect. Chaque visage affichait un sourire, tous aussi faux les uns que les autres. Quelle fourberie!

Il était maintenant minuit et la pièce commença à devenir pesante, un peu trop oppressante au yeux d'Anastasia. Il lui faillait respirer, étouffant un peu trop à l'intérieur. Cette mascarade l'avait épuisé. Elle sortit se promener dans les jardins et se délecter de l'air si frais qui fut dehors à cette période d'Automne... Et soudain, entendit un bruit... C'était lui!