Chapitre 9 : L'Humiliation

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James me traîne le long du sombre couloir jusqu'à atteindre un escalier étroit en colimaçon qui monte. Mais je suis épuisée. Trois jours en dormant très peu, c'est très fatiguant. A la vue de cet escalier, je titube et m'effondre au sol.

James se baisse vers moi et me lance : "Lève-toi ! Ou je te ramène dans ta cellule et là-bas, je n'accepterais rien de ta part même pas ta respiration. Je te torturai jusqu'à ce que tu perdes la dernière goutte de ton sang."

Ces horribles paroles retentissent comme une alarme dans ma tête. Je me relève malgré moi et à peine dix marches d'escalier plus tard, je tombe à la renverse.  James me rattrape de justesse. Il pousse un soupir exaspéré et place un bras autour de ma taille et un autre autour de mes jambes. Pendant qu'il me porte jusqu'au haut des escaliers, il prononce toute sorte de jurons espagnols qui varient de "Sale salope handicapée !" à "Franchement, ils savent plus comment recruter des protégées ces incapables !"

Mais je n'ai pas la force de répondre à ses  intolérables insultes. Je suis dans un état second,  entre le sommeil et la vie. L'escalier n'en finit plus, je réalise que depuis tout ce temps je devais être séquestrée une dizaine de mètres sous le sol.

J'aperçois enfin la lumière, quel soulagement ! Enfin... pas pour longtemps. A peine sortie de l'escalier, James me jette littéralement au sol. Mon dos me fait alors horriblement mal. Je le fusille du regard et m'exclame : "Eh connard ! Je suis pas ta chienne !" Il s'arrête soudain de marcher, se retourne vers moi, me prends par les cheveux et me traînes sur le sol, ne me permettant pas de me relever.

Puis, tout en continuant à me tirer les cheveux, il s'arrête de marcher. Il disait donc vrai ! Une foule de gens m'attendait. C'est impressionnant à voir et en même temps terrifiant. Toutes ces personnes sont à une place bien précises en fonction du rôle qu'ils occupent dans ce gang. Les criminels sont tous habillés en noir. Noir comme la cendre. Noir comme la mort.

Derrière chacun d'entre eux se trouvent leurs protégées respectives, habillées, elles, comme moi , en robe blanche. Le contraste de ces deux couleurs est flagrant. La couleur blanche est, en fait, assez étrange. C'est comme s'ils voulaient associer la souffrance, la torture et l'agonie à la pureté, l'innocence et la paix.  Tout ce monde forme un demi-cercle autour de moi et James qui ne me lâche ni des cheveux ni du regard.

James se baisse vers moi et me lâche à l'oreille : "Ne me parles plus jamais comme ça, ou je te jure que tu le regretteras toute ta misérable vie. J'espère qu'on s'est bien compris sale petite peste." Ces paroles me font tressaillir, je n'ose pas bouger d'un centimètre. Dans un élan de brusque violence, il plaque mon visage contre le sol en béton avant de se relever. Ma mâchoire me fait mal, mon dos me fait mal et... j'ai la nausée. Je vomis devant tous ces gens sans même avoir la force de me lever. Je me sens humiliée, au centre de l'attention de tous ces inconnus qui me dévisagent.

Une vois venant de derrière mon dos m'ordonne : "Lève-toi que nous célébrons ton arrivée!". Je parviens difficilement à obéir et quand je me retourne : je vois une gigantesque façade de maison. Une maison ? Que dis-je ? Un palace ! Je me trouve en fait complétement à l'opposé de l'entrée du palais. Le mur du bâtiment est recouvert de magnifiques briques roses pâles. Des colonnes gracieuses encadrent les grandes fenêtres, accentuant la symétrie et l'harmonie de l'ensemble. Au sommet de la façade, des lions élancés, gueules ouvertes, s'élèvent vers le ciel. Je me trouve en fait dans le jardin de la maison qui est totalement goudronné, sans un seul espace de verdure. Autour du palais, au-delà de ce jardin froid, une forêt s'étend. Une forêt qui paraît aussi sombre que ma cellule. Les arbres sont immenses et ne permettent pas de voir plus loin. Je suis au milieu de nul part. Là où on ne peux s'échapper !

Un homme d'une soixantaine d'année est posté devant la palais. Il est vêtu de noir et porte dans sa main droite un long et majestueux sceptre tout en noir, avec une tête de lion blanche en son sommet. Il me fusille du regard en prononçant ces quelques mots d'une voix forte : "Moi, chef de La Sangre de los Leones, par le pouvoir qui m'est conféré, je déclare le spectacle d'arrivée ouvert !" Les criminels applaudissent.

A ma droite, deux hommes du gang s'avancent vers moi, poussant avec eux une barre attachée à un socle. Au fur et à mesure qu'ils s'approchent, j'aperçois des menottes accrochées à la barre et l'un des hommes tient un fouet dans sa main. Je tombe alors au sol. Genoux à terre, je m'adresse au chef du gang et le supplie de m'épargner. Je ne sais pas pourquoi je fais ça ! Ca ne sert à rien ! Il n'en a rien à foutre de moi et de mes sentiments ! Tout ce qui l'importe c'est son putain de "spectacle" comme il l'appelle. Pourtant, je ressens le besoin de faire quelque chose pour essayer, même en vain de me sauver.

Les hommes positionnent la barre devant moi et l'un d'eux me met les menottes pendant que l'autre tend le fouet à James derrière moi. Tout est organisé ! C'est une putain de mise en scène. Je me mets à fondre en larme.

James s'approche de mon dos et me donne 5 coups de fouet. Chacun plus douloureux l'un que l'autre. Je le supplie d'arrêter ! Je crie ! Je hurle ! Mais rien y fait. Je suis brisée. Anéantie. On me traite comme une esclave. Comme de la chair de viande. Rien de plus.

Les deux hommes reviennent vers moi et me détachent. Je tombe à terre. Je ne sens plus mon dos, meurtri par les coups à répétition. Autour de moi, les spectateurs et leurs protégées ne prononcent pas un mot. On n'entend que mes pleurs ! Dans un silence profond ! Lourd ! Un silence de mort.

"Qu'on la mette nue ! Et qu'on lui place une serviette dans la bouche, ça la fera taire." ordonne impitoyablement le chef qui, devant moi, n'a sûrement pas du voir l'état de mon dos.

James me relève, me retire violemment ma robe et je me remet à pleurer de plus belle. Je suis entièrement nue devant des centaines de personnes ! Je suis humiliée. Je veux partir, me cacher là où personne ne peut plus me voir. Même pas moi-même. Je ne pourrais plus jamais me regarder ni  à travers un miroir ni même à travers mon ombre. Mon cœur s'emballe. Je me remets à gerber pendant que James  me menottent. Mon sang coule sur mon dos et le long de mes fesses. Un des hommes m'insère une serviette autour de ma bouche qu'il attache derrière ma tête.

Le soleil frappant d'été me fait tourner la tête. Je transpire à grosses gouttes.  Quand soudain, les coups de fouet reprennent. Plus vifs ! Plus forts encore ! Mais cette fois-ci il m'en donne 10. Je continue de hurler au travers de la serviette.

Je suis à moitié inconsciente lorsque James vient m'enlever les menottes et la serviette. Je tombe genoux au sol. Les deux hommes bruns déplacent la barre de la torture sur le côté. J'ai l'impression d'agoniser. J'étouffe. Je suis épuisée. La souffrance que j'éprouve à ce moment même est impossible à décrire.

Je tombe tête la première, les yeux fermées, offrant en spectacle l'arrière de mon corps dégoulinant de sang. Je ne suis pas totalement évanouie ou, du moins, j''entends toujours ce qui se dit. Le vieil homme prononce ces quelques paroles solennellement.

"Je déclare Dianna Peytrovski, fille de la protégée Lana Peytrovski et du maître Leonardo Rivelli , protégée de James Martinez. A partir de maintenant, elle obéira  à ses moindres désirs et..." Je n'entends pas la suite. Morphée m'a emportée dans ses bras et je l'espère définitivement car je préfère mourir que de vivre dans ces conditions.

Spare me ! (Epargne-moi!)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant