La pouffiasse

Notre relation

     Le lendemain de ces sombres prédictions, j'avais un jour tranquille. Je serai surtout occupée à travailler, surtout les math pour lesquelles j'avais un retard conséquent. Aux États-Unis, nous n'étions pas du tout au même niveau national en math. En plus, dans ma classe, j'avais des gens beaucoup trop bouillants. En tête de classe, on retrouvait Gabriel. Alors lui, qu'est-ce-qu'il était intelligent en math! Mais alors pour le reste,c'était vraiment un cas. Et je rigole même pas, on pouvait réellement être les deux. En gros, il était un génie incompris, qui avait toujours côtoyé les plus intelligents et les plus bourgeois.
     Il était tombé bien bas: maintenant, nous étions potes. Mon premier ici. En effet, nous étions placés à côté en math et je l'avais souvent sollicité pour m'aider. Et puis, quand la prof m'interrogeait, il me soufflait discrètement toutes les bonnes réponses. Quel boss! Nous avions rapidement tissé des liens. Au contraire de Youssef... Certes nous sortions ensemble mais c'était dur d'établir des complicités. À chaque fois,c'était le parcours du combattant. Il fallait que ça vaille la peine en fait. Au moins, il me vouait une attention religieuse. J'étais très fière d'être l'objet de son attention,l'élue de son cœur. Dans les couloirs du lycée, on me regardait bizarrement,souvent avec jalousie. Rien à foutre des rageux et des jaloux. Telle était ma maxime. En quelque sorte, c'était ma carapace contre les propos haineux et sexistes que je recevais. En effet, il y avait toujours des lourdauds pour me pourrir la vie. À peine faisais-je dix pas, dans la rue, qu'un mec bizarre m'interpellait. Je ne me retournais pas, je traçais ma route. Pas le temps pour toi, chéri. Youssef occupait déjà tout mon cœur et tout mon temps libre.
     Donc, aujourd'hui, nous étions samedi. Demain, c'était dimanche et j'avais hâte! En plus, on avait un super programme avec Youssef! J'allais enfin en savoir un peu plus sur lui. En effet, pour des questions assez personnelles, comme la famille par exemple, il était resté assez mystérieux, ne s'étendant pas sur un bon nombre de sujets, comme le métier de ses parents par exemple. Bon je pourrai vous dire que j'aime les hommes mystérieux à la dark Sasuké, mais en fait pas vrrrraiiment enfin je veux dire.... oui j'avoue, j'adore les hommes mystérieux! C'était tellement palpitant de découvrir ce qu'ils cachaient sous leur puissante carapace, qui les faisaient parfois paraître des brutes. Moi je savais démêler les sentiments des garçons, et je comprenais ce qu'ils pouvaient ressentir. En soit, c'est ce qu'on appelle le langage silencieux de l'amour. Youssef, quand même, était difficile à comprendre et notre relation, si vous vous souvenez bien, avait commencé d'une drôle de façon. D'une façon pas très galante, on peut dire. J'espérais alors que la relation continuerait d'une façon un peu plus correcte. Malheureusement tout ne se passa pas comme prévu. Je vais vous raconter ça. Mais d'abord laissez-moi vous expliquer comment était faite notre relation. En bref, c'était pétales de rose et amour fou entre nous. Nous étions en parfaite fusion. C'était l'alchimie entre nous. Nous nous trouvions maintenant à côté en cours et il n'avait de cesse de toucher ma cuisse. Je frémissais de plaisir à chaque fois. On faisait aussi beaucoup d'activités extra-scolaires ensemble. Par exemple, on avait construit un repaire dans une maison abandonnée. Je crois bien que c'était une usine avant. Notre repaire se situait sur le toit, hors des regards des autorités. Nous y avions installé des leds rouges et rajouté des lattes de bois pour renforcer la stabilité. Ainsi nous avions une ambiance assez romantique, surtout quand on voyait le coucher de soleil du haut de notre perchoir. C'était pour ces moments magiques que je vivais. Pourtant...ce qui ne change pas c'est l'odeur du sang quand le bonheur vole en éclats. En effet, je ne tardais pas à être impliquée dans plusieurs crimes, à cause de mon nouveau copain. J'avais comme l'impression d'avoir intégré la MAFIA.

      C'était le  21 juin que tout se déroula. Trop rapidement. À ce moment-là, c'était la fête de la musique qui était célébrée dans le centre-vile de Nantes. On avait même sorti l'éléphant ainsi que le dragon mécaniques géants. C'était un magnifique spectacle, que j'avais trop envie de voir avec Youssef. Un spectacle pittoresque même. Cependant, une mauvaise chose se passa en un éclair, même pas le temps de dire ouf. C'était un jour spécial, le jour où je découvris un truc énorme. Un secret extrêmement bien gardé. J'ai des difficultés à en parler carrément. Comme vous le savez, le 21 juin c'est l'été, et pour nous l'année scolaire se terminait là. Avec  Youssef, nous étions censés aller à la plage ensemble. Une belle plage de sable blanc. En arrivant, j'entendai les vagues ronronner en de longs rouleaux d'écumes. Il faisait beau  et je ronronnais moi-même, en mon for intérieur. Je posai ma serviette bleue. Puis je m'appliquai la dose de crème solaire. Par-ailleurs, je ne vous ai pas dit que le pays d'origine de Youssef était le Maroc. Oui, il avait dû traverser bien des épreuves pour arriver en France. De Marrakech à Marseille, de Marseille à Toulon, de Toulon à Bordeaux, puis de Bordeaux à Nantes. Il me répétait souvent qu'il se sentait vraiment bien à Nantes, dans sa villa. J'étais véritablement choquée, qu'une famille de migrants aient pu faire autant de bénéfices en si peu de temps. Grâce à une industrie poissonnière, me dit-il. En effet, ayant longtemps voyagé par la mer, il devait s'y connaître en poissons. De plus, il avait habité dans un petit village assez pauvre en bord de mer, vivant essentiellement de la pêche. C'était pour cela que la plage de sable blanc était le lieu parfaitement choisi. J'avais terriblement hâte! Il faisait beau, il faisait chaud, que pouvait-il bien arriver?