de trois heures à quatre heures

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C'est un vent frais qui me réveille. Mes yeux papillonnent quelques instants afin de s'habituer à la pièce sombre éclairée à la lumière de la pleine lune. Mon corps est un peu engourdi, signe que j'ai dormi profondément et sûrement longtemps. Mon cœur se serre, je m'en veux d'avoir dormi. En effet, j'ai la certitude que Louis n'est plus dans la chambre. Je me redresse dans le lit et mes yeux parcourent la pièce. Je remarque que la fenêtre de la chambre est ouverte expliquant le vent frais qui continue de s'engouffrer. Les draps blancs sur les meubles semblent flotter et une nouvelle fois, je retrouve la même ambiance mystique que la salle principale de la soirée. L'ambiance sensuelle qui nous accompagnait Louis et moi depuis la fin de notre course-poursuite s'est évaporée. Elle a fait place à l'atmosphère mystérieuse, floue et nébuleuse. Celle qui me poursuit depuis que j'ai mis les pieds dans ce manoir. L'absence de Louis renforce cette ambiance. En effet, comme je le pressentais, il n'y a pas de trace du mécheux dans la pièce. Il n'est pas dans le lit à mes côtés. L'endroit où traînaient ses vêtements est désormais vide, seul mon costume trône encore dans la chambre. Même si je m'y attendais, la déception est forte. Louis n'est plus là. Je me laisse retomber sur mon coussin. Mes bras écartés s'écrasent de part et d'autre de mon corps, me laissant en position d'étoile de mer. Le lit est légèrement tiède, mon cœur se comprime davantage. Je comprends que Louis doit avoir débarrassé le plancher très récemment. Avec la fenêtre ouverte, le lit devrait être glacial, ce qui n'est pas le cas. Je l'ai loupé de très peu. Je me fais rouler dans les draps pour plonger ma tête dans l'oreiller de Louis. J'inspire fort pour essayer de m'enivrer de son parfum. Mais seule l'odeur de la nuit humide emplit mes narines. Je suis frustré. J'attrape le coussin pour hurler dedans mais mes doigts s'emmêlent dans quelque chose de froid.

Je me redresse et m'aperçois que c'est le médaillon de Louis. Il l'a oublié. Je m'empare et l'observe attentivement.

Le médaillon est doré et ovale. Au centre, il y a la représentation, en relief, d'un homme. La posture de l'homme laisse songer qu'il s'agit d'une figure divine ou d'un saint. Les cheveux qui flottent autour du visage délicat de l'homme sculpté et les fleurs qui les ornent ne laissent pas trop place au doute. Le corps est vêtu d'un genre de tunique légère. J'aimerais pouvoir mettre un nom sur cette figure, j'aurais l'impression de me rapprocher mentalement de Louis. Mais je ne suis pas assez calé sur le plan spirituel pour connaître l'identité de l'homme. Je ferme ma main sur le bijou. Peut-être que Louis va finir par se rendre compte qu'il n'a plus son collier et qu'il reviendra le chercher. Mais je ne suis pas du tout convaincu par ma théorie. Je suis pratiquement sûr de ne pas revoir Louis. Il a peut-être déjà quitté les lieux, après tout, il a son vol demain avec Liam. Mais j'aurais aimé lui dire au revoir, j'aurais aimé un dernier baiser et pourquoi pas son numéro de téléphone. Je ne m'attendais à rien mais je crois qu'au plus profond de moi, j'espérais qu'il serait accessible, que je serai suffisant pour qu'il change d'avis. De toute évidence, je me faisais des films. La soirée semblait si hors du commun que j'ai cru que le dénouement pouvait être à la hauteur de la soirée. Ça restera une utopie, un fantasme. Je déglutis, essayant par la même occasion de ravaler ma désillusion.

Je me lève et rapidement renfile mon boxer, mon pantalon ainsi que mon tee-shirt. Je récupère le collier de Louis sur le lit. Songeur, je le tourne entre mes doigts. C'est à cet instant que je me rends compte qu'il y a une gravure au dos. Naloxone. Je fronce les sourcils, je ne connais pas ce mot. Vu le personnage qu'est Louis, je suis certain qu'il s'agit très certainement d'un mot mystérieux qui représente une idée philosophique ou quelque chose tout aussi barré. Ce médaillon doit avoir un minimum d'importance pour lui, je préfère donc le garder avec moi. Je m'apprête à le glisser dans ma poche lorsque je m'aperçois que le fermoir n'est pas cassé comme je le pensais mais il s'est juste ouvert. Alors, je le passe autour de mon cou. Je veux garder tous les souvenirs possibles de cette nuit merveilleuse. Je passe ma veste de costume et cintre ma ceinture sur ma taille. Je m'apprête à sortir de la chambre quand mon téléphone vibre. Je me rappelle alors que le monde existe encore, qu'il n'y a pas juste Louis. C'est un message de Zayn.

Mystère brumeux - O.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant