L'obsession d'Amy

2nd bonus

Premier baiser

Un mardi parmi d'autres, un peu avant les vacances de Noël, Amy était assise dans les gradins du gymnase, applaudissant un énième panier de Billy. Depuis sa bagarre avec Steve, chez les Byers, ces deux-là ne cessaient de se confronter, sans réellement utiliser la violence. Alors, en ce moment même, il se trouve que Billy était justement en train de lui tirer la langue pour le narguer d'avoir gagné. Et, comme à chaque fois, il s'assura d'un coup d'œil qu'Amy l'avait bien admiré marquer des points. Toutes les filles dispensées de sport qui entouraient Amy se mirent à glousser en pensant être visées par ce clin d'œil. Personne ne le remarqua mais, parmi elles, un garçon se mit à rougir en s'imaginant que c'était pour lui.
Puis Billy reprit son match et ce schéma continua ainsi pendant plus d'une heure, jusqu'à ce que le professeur et entraîneur décrète qu'il était temps d'aller se changer. Comme à chaque fois, Amy resta assise sur les gradins jusqu'à voir Billy sortir des vestiaires, fraîchement lavé, son short de sport remplacé par ses vêtements du matin. Mais aujourd'hui, ce moment n'arriva pas : Amy vit défiler une vingtaine de garçons mais aucun n'était grand, musclé et doté d'une incroyable chevelure blonde et bouclée. Inquiète, la jeune fille descendit des gradins pour rejoindre la porte des vestiaires. Elle n'osa pas tout de suis entrer, de peur qu'il y ait encore quelqu'un qu'elle ne connaissait pas. Mais son inquiétude pour Billy prit le dessus et elle entrebâilla la porte, juste assez pour apercevoir ce qui se passait à l'intérieur. Il n'y avait rien, cependant. Elle s'autorisa donc à entrer, espérant que l'entraîneur ne l'ait pas vu.

   — Billy ? Tu es encore là ? demanda-t-elle d'une petite voix en avançant.

Elle ne reçut comme réponse qu'un simple bruit de froissement de vêtements.

   — C'est toi, Billy ? dit Amy avec bien moins d'assurance qu'elle ne le laissait paraître. Si ce n'est pas toi...
   — C'est bien moi, dit une voix suave à son oreille.

Amy se retourna en sursaut, le cœur battant.

   — Billy ! lança-t-elle avec un semblant de reproche. Tu m'as fait peur...

Elle ne se gêna pas cependant pour admirer son torse nu et ses épaules de nageur. Lui manquant quelques codes sociaux, elle n'avait pas conscience que ça pouvait être déplacé.

   — Tu pourrais quand même me regarder dans les yeux, ricana Billy. Au moins le temps de me dire bonjour.

Amy releva les yeux jusqu'à son visage où naissait une moustache.

   — Ah bon ? Pourtant tu es le premier à le faire, rétorqua-t-elle. Je ne suis pas bête, je vois bien comment tu regardes le t-shirt de Chrissy, la plus jolie des pom-pom girls.

Billy lui offrit un sourire carnassier mais ne répondit rien. Pourquoi se défendre alors qu'elle avait parfaitement raison ? A la place, il l'entraîna avec lui jusqu'au banc où se trouvaient encore ses affaires, une main posée sur le bas de son dos.

   — Pourquoi tu prends autant de temps pour te changer, aujourd'hui ? demanda Amy en s'asseyant à côté du sac de Billy. Tout le monde est sorti sauf toi. D'habitude, tu sors dans les premiers pour avoir le temps de venir me voir...
   — Pourquoi se cacher derrière les gradins alors qu'on a les vestiaires pour nous tout seuls ? dit Billy d'un air sournois en rangeant son short et ses baskets de sport dans le sac.

Apparemment, il prévoyait de rester torse nu encore un moment.
Amy regarda autour d'elle, jugeant l'idée de Billy. Ça lui sembla bien, ne voyant pas qui pourrait débarquer dans les vestiaires des garçons à l'heure de la pause.
Billy poussa son sac et s'assit à côté d'Amy pour mettre ses chaussettes puis ses chaussures. En se redressant, son visage se retrouva tout près de celui d'Amy qui bloqua sur le bleu de ses yeux. Il aurait tout simplement pu s'approcher et l'embrasser furtivement, mais Billy n'était pas comme ça, à faire le timide. Alors, sans prévenir, comme s'il avait été pris d'une soudaine pulsion, il se leva et tira Amy par le poignet pour qu'elle fasse de même. Naïvement, elle regarda le banc en pensant qu'elle s'était assise sur des affaires à Billy. Son t-shirt, peut-être. Mais Billy ne s'intéressa pas au banc, seulement au visage d'Amy. Il s'approcha d'elle, le regard brillant. Inquiète, Amy recula d'un pas. Qu'est-ce qui lui prenait, soudainement ? Mais elle n'eut pas le temps de poser la question que Billy enroula un bras autour ses hanches et posa une main sur sa joue. Amy se laissa faire, à présent intriguée. Voyant ça, Billy se pencha et embrassa Amy. D'abord doucement pour voir sa réaction puis, en sentant sa main se poser sur son bras pour se rapprocher de lui, il l'embrassa avec plus d'assurance. Sur la pointe des pieds, Amy ferma naturellement les yeux pour apprécier ce qui se passait, se contentant de suivre le mouvement des lèvres de Billy.

   — Tu me suis ? chuchota Billy à son oreille.
   — Où ça ? Tu veux déjà partir ? dit Amy, déçue.
   — Non, fais comme moi. Tu veux bien ?
   — Je te suis, accepta Amy, curieuse.

Billy recommença à l'embrasser, plus passionnément cette fois.

   — Qu'est-ce que c'était ? dit-elle, le souffle court, les lèvres humides.
   — Tu ne sais pas ? Tu n'as jamais embrassé de garçon auparavant ? dit Billy d'une voix moqueuse. Tu ne sais même pas comment ça se passe ?
   — Pourquoi j'embrasserai un garçon sur la bouche ? Ou même une fille ? C'est trop bizarre, s'étonna Amy, méfiante

Ce fut au tour de Billy d'être surpris et méfiant.

   — Rappelle-moi ton âge ? dit-il. J'ai un doute, là.

Amy hésita, se demandant si c'était le moment de lui avouer qu'elle n'avait pas vraiment d'âge. Mais à la place, elle bafouilla :
   — 16 ans. Depuis le mois dernier...
   — T'en es sûr ? Tu viens vraiment d'avoir 16 ans ?
   — Oui, je connais mon âge, dit Amy sur la défensive.

Billy la regarda de haut en bas puis lui tourna le dos, attrapant son t-shirt et sa veste en jean pour finir de s'habiller.

   — Je pense qu'on devrait y aller, dit-il, peut-être un peu plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.

Amy ne bougea pas, ne dit rien. Elle regarda Billy traverser le vestiaire, son sac de sport à la main. Il ne remarqua qu'elle ne le suivait pas que lorsqu'il arriva à la porte.

   — Tu comptes dormir là ?
   — Je veux réessayer, lança Amy, d'un air déterminé.

Billy haussa les sourcils puis lâcha son sac et revint sur ses pas.

   — Tu en es sûr ? dit-il. Tu ne dis pas ça pour me faire plaisir ?

Amy hocha la tête et, espérant lui faire comprendre le message, elle s'avança jusqu'à ce que leurs torses se touchent, la tête relevée vers son visage penché vers elle.

   — Mais ne me donne plus jamais l'impression que c'est mal si je ne veux pas, prévint Amy.

Billy ne répondit pas tout de suite et passa rapidement sa langue sur ses propres lèvres, les yeux fixés sur celles d'Amy.

   — Pas fait exprès, murmura-t-il pour justifier sa réaction.
   — Alors...

Amy se hissa sur la pointe de ses pieds et imita la façon dont Billy avait bougé ses lèvres contre les siennes juste avant.
Après ça, elle se laissa entraîner jusqu'au banc et se retrouva assise sur lui, les genoux posés sur le banc, de chaque côté de ses hanches. Ce jour-là, il ne se passa que de longs baisers amoureux, mélangeant langues et sentiments. Et les mardis et jeudis qui suivirent, ils se retrouvèrent dans les vestiaires des garçons après chaque entraînement de basket pour recommencer, encore et encore, sans jamais se lasser.

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