Une lumière blafarde illumine l'amphithéâtre, usé par le passage de plusieurs générations d'étudiants. Et de nombreuses manifestations aussi, si l'on en croit les rumeurs. Assise en haut à droite, la meilleure place pour ne pas se faire repérer, Milena pose délicatement ses lunettes sur son nez, les sourcils déjà froncés par la concentration. Ouvrant son ordinateur portable, elle note l'intitulé du cours et relève la tête, remuant légèrement. Les sièges en velours vert n'ont jamais été confortable, mais celui-là l'est particulièrement.
Au devant des gradins, assise en tailleur et entourée d'une pile bancale de livres anciens, Emma s'esclaffe d'une voix cristalline, s'appuyant contre une petite rousse. La joie peut se lire sur son visage, comme sur celui de sa camarade. Un homme d'un certain âge, vêtu d'un polo et d'un pantalon, entre dans l'immense salle, intimant le silence de la main.
De nombreux regards consternés apparaissent sur la figure des étudiants. Non, la finance ne sera jamais leur matière préférée. Même si ce n'est pas non plus celle de Milena, elle y porte une grande attention. Le langage des chiffres est universel, contrairement aux différents dialectes. Contrairement au français, dont elle a toujours du mal à comprendre les rouages et les nombreuses particularités. Captivée, elle prend note des paroles de l'enseignant.
Au devant, un groupe de filles pouffent, récolant alors un regard réprobateur de la part du professeur. Alors, un bruit vient perturber la leçon, la porte venant de s'ouvrir brusquement. L'acoustique du lieu permettant d'entendre les bruits même au fond de l'amphithéâtre, le grincement des gonds résonne jusque dans les oreilles du plus éloigné des étudiants.
Un jeune homme brun rentre, d'un air nonchalant, une cigarette au lèvres, un sourire provocateur au lèvres. Des murmures s'élèvent, tantôt pour commenter l'apparence du nouvel entrant, tantôt pour profiter de la situation pour se raconter les derniers potins. Certains élèves restent muets, fixant le professeur pour attendre sa réaction ; mais celle-ci n'arrive pas, laissant certains élèves surpris. Pendant ce temps, l'étudiant monte et décide de s'installer au fond, avachi sur un des vieux siège, à quelques places de Milena.
Jetant un coup d'œil, la blonde se fait la réflexion qu'elle ne l'a jamais vu. Étrange. Sociable, elle ne l'est pas, mais elle est plutôt observatrice et met un nom sur la plupart des visages de sa promotion. Se rendant compte qu'elle le dévisageait, le brun tourne la tête et croise son regard. Un rictus moqueur et tout ce qu'il y a de plus arrogant apparaît, laissant apparaît ses petites fossettes. Milena détourne le regard, et se reconcentre sur le cours. Non, ses joues n'ont pas rosies. C'est uniquement un effet de lumière. Juste la lumière.