Chapitre 1

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Noélie s'assit à même le sol, la pluie ruisselant autour d'elle dans la rue déserte. Ses yeux fixèrent le sol mouillé, ses pensées tourbillonnant dans un tumulte d'émotions.

"Relève-toi, tu vas te rendre malade," dit une voix derrière elle.

Noélie leva les yeux pour rencontrer le regard de Texan. "Je suis déjà malade, je crois. Malade de t'avoir laissé me parler. Malade de t'avoir approché, malade de t'avoir aimé en pensant que c'était partagé."

Elle sentit un frisson parcourir son corps, mêlé à la pluie qui tombait sans relâche. "Je suis malade, Texan, malade. Folle d'avoir pensé que chacune de tes actions, chacun de tes regards à mon égard parlaient d'affection."

Elle sentit une boule se former dans sa gorge alors qu'elle continuait.
"Je suis malade, folle de t'aimer encore, de te laisser me briser en pensant qu'un jour tu vas changer."

Texan baissa les yeux, la tristesse perçant son cœur. "Désolé..."

Ce jour-là, elle l'avait aimé, ce jour-là, il l'avait enfin désirée. Il aurait fallu ce jour-là pour lui faire comprendre qu'entre eux, c'était impossible. Texan, même s'il se forçait, ne l'aimerait jamais autant qu'elle l'aimait.

Noélie aimait sans compter, capable de tout donner. Elle aimait trop vite parfois, et l'avait aimé tant de fois.

Ce jour-là, il partait, elle mourait.

"J'ai froid..." murmura-t-elle, frissonnant sous la pluie battante.

Texan s'approcha d'elle doucement, posant sa veste sur ses épaules et un baiser sur son front.

Elle ferma les yeux, laissant couler ses larmes. Elle aurait crié son désespoir, pleuré sur leur histoire bien trop triste pour être écrite. Elle voulait lui dire d'essayer, de l'aimer juste pour voir, juste une fois.

Il la prit dans ses bras sous la pluie, ses mots comme des armes venant achever son cœur éconduit. Elle voulait lui dire qu'une partie de lui vivait en elle maintenant, et qu'elle ne saurait s'en défaire réellement.

"Je suis vraiment désolé, je crois qu'un mec comme moi est bon pour la poubelle. J'ai été le pire des amis, et de tout mon cœur, je regrette cette nuit," murmura-t-il.

Noélie sentit son cœur se serrer encore plus, une douleur lancinante brûlant en elle. Elle l'avait aimé cette nuit-là, elle s'était donnée sans réserve à lui. La nuit d'un espoir brisé en seulement un soir, la nuit d'un rêve devenu trop réel, un cauchemar.

Il regrettait d'avoir perdu sa seule amie.

"Désolé, Noélie, je ne sais pas ce qui m'a pris."

Il se leva, lui tendit la main. "Demain, peut-être..."

Elle voulait s'arracher le cœur, se crever les yeux et mettre en sourdine ses bruyantes pensées. Il était parti. Elle restait là.

Ses larmes avaient cessé, ses lèvres étaient scellées.

Elle l'aimait à mourir, lui préférait mourir que la voir souffrir. Il la faisait souffrir, ne sachant pas qu'il était le remède pour la guérir. Il l'aimait en ami, elle l'aimait en amant. Et leurs âmes confuses refusaient de s'accorder et de s'aimer simplement.

Elle avait peur à présent. Sa famille, ses amis, ses études, elle allait tout perdre en même temps. Un jour, peut-être qu'elle lui dirait qu'il fut la raison de son échec. Et son cœur en lambeaux, elle ramassa ses restes et rentra chez elle. Elle reviendrait, et peut-être...

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Je me suis levée ce matin. J'avais mal au cœur et aux yeux. Je suis entrée dans la douche et j'ai cru mourir trois fois. Mon reflet dans le miroir est horrible, j'ai peur de ne pas m'en sortir. La vie est bien fade, peut-être parce que tu n'es plus là.

Je me rappelle un soir. J'ai cru que ma tête allait exploser. Et tu as accouru pour me soigner. Tu t'étais penché au-dessus de moi, m'examinant tel l'infirmier débutant que tu étais. Ton souffle chaud sur mon front, ta bouche si proche de la mienne, avaient eu raison de mon cœur qui s'emballa.

"Je crois que tu as aussi de la fièvre, tu es toute rouge."

Si tu savais comment j'avais remercié Dieu d'être malade ce jour-là. Je n'arrivais plus à te regarder dans les yeux, j'avais peur que tu y lises mes sentiments trop forts pour toi et que tu en sois furieux.

J'ai regardé les six étapes d'une rupture. Ça commence par le déni, ensuite la colère, puis la tristesse, la résignation suivie de l'acceptation, et enfin la reconstruction...
Je pense que je ne suis qu'à la troisième étape, et c'est loin d'être la moins douloureuse.

J'ai peur de dormir et de penser à toi. J'en viens à détester le contact physique, parce qu'une simple effluve me rappelle ton parfum, un simple touché, tes mains...
Je sais que je ne devrais plus te recontacter. J'ai supprimé ton numéro, mais à quoi bon, mon cerveau me le répète sans cesse.
Ces jours sont peut-être les plus sombres de ma vie, et pourtant je suis sûre d'avoir vécu pire.
Mais on ne s'habitue pas à la douleur, jamais.

Je suis sortie prendre de l'air. J'ai attendu que le soleil se couche, qu'il fasse nuit noire, personne ne pourra m'apercevoir.
Maman m'a appelée pour prendre de mes nouvelles. J'ai failli pleurer lorsqu'elle m'a demandé si j'allais bien. J'aurais voulu lui dire, mais elle risquerait de s'inquiéter et de venir.
Je ne veux pas qu'elle me voie comme ça.
Je fais peut-être une mini-dépression. Ma sœur a dit : "On ne meurt jamais de chagrin, encore moins d'amour, ça finit toujours par passer." Je suis persuadée du contraire, mais bon.

La maison est sens dessus dessous. Ça pue le renfermé. Je n'ai pas bougé de mon lit pendant des heures, j'en ai même oublié de manger. Qui l'aurait cru ?
Rien ne me donne envie, j'ai perdu goût à tout. Mais je me suis quand même commandé à manger : du poulet. Je n'aurais pas dû. On en mangeait à chaque fois devant un film lorsque tu venais chez moi.
J'ai mis un film ce soir, j'ai mangé du poulet et j'ai encore pleuré.
Je n'ai fait que penser à toi.

Me after youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant