Chapitre 2

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Il avait plu
Noélie avait pleuré et les choses allaient mieux. Du moins un peu.
Elle était couchée depuis des heures à présent, sans force, vide, sans larme, brisée. La vie continuait.

Elle s'enroula dans son drap, elle aurait voulu s'endormir un peu, mais sa tête lui faisait bien mal.
Les jours avaient passé, la douleur faisait place à l'amertume, à la solitude.
Son réveil avait sonné et pourtant elle n'avait pas dormi.

Les heures s'étaient écoulées et elle, comme immobile dans le temps, les avait observés déambuler lentement. Dans l'obscurité, son mal, tel un démon malveillant, lui caressait doucement la peau. Les baisers brûlés et les murmures irritants venaient se fixer comme des coups de poignard dans son cœur épuisé

Elle était lasse, le regard vide. Elle murmurait son agonie. Mais elle ne pleurait plus. Les souvenirs en boucles la harcelaient. Mais elle allait mieux, mieux qu'hier.
Elle souffla doucement, ferma les yeux pour donner repos à son âme. Oublié ? Non. Elle s'en souviendrait. Elle l'aurait marqué dans sa chair. Non pas pour se venger.

« Ce qui ne te tue pas te rend plus fort ».

Elle trouvait ça niais comme citation, aujourd'hui, c'était sa philosophie. Souffrir, ne rien oublier, ressentir son mal dans toute sa nature, sa cruauté. Guérir.
Pour elle, le meilleur vaccin.

Et même si son cœur trop fragile souffrait le martyr, et même si son corps affaibli cherchait à mourir, et même si l'amour refusait simplement de partir...
Elle aimait encore, c'était sûr. Elle souffrait encore, mais ça allait. Du moins elle se le répétait. Ça ne pouvait qu'aller.
 
« On ne meurt jamais d'amour. »
Une pensée la traversa. Elle n'allait plus jamais être seule à présent. Elle avait reçu la confirmation ce matin-même. Il allait venir, il était déjà là. Comment allait-elle lui dire ?
.... ....

Je viens d'apprendre une nouvelle. En fait, je le savais déjà. Je voulais te dire ce jour-là, mais...

J'ai souris un peu. Tu me manques toujours autant, mais ça va, je survis. Je ne meurs pas d'amour, en effet, ma sœur avait raison.

Ma mère a appelé. Elle avait une très bonne nouvelle pour moi.
« On dit que partir, c'est mourir un peu ».
C'est ce que je lui ai dit lorsqu'elle m'a proposé de m'installer avec eux. Je ne supporte pas l'idée de tout abandonner comme ça, mon appartement, mes meubles, mes voisins que je ne côtoie même pas.
Je ne veux pas t'oublier. Il m'arrive de penser que notre histoire n'était qu'un rêve, qu'un de nous n'a jamais existé. Certes, pendant très peu de temps, mais toi et moi, du moins moi, je t'ai aimé.

Tu es heureux ? J'espère au fond de moi que non, mais je sais que tu vas bien. Ta sœur se marie bientôt. Elle m'a envoyé l'invitation, les photos d'elle et de son mari, et parmi celles-ci, tu y figurais.

« Tu es beau ! »

Je te le disais souvent et toi tu riais tout fier. Je me rappelle comment on te courait après, tu feignais l'ignorance, peut-être que tu ne voyais vraiment rien. Tu n'as pas su voir ce que j'éprouvais, ce que j'éprouve...

« Tu me manques. »

Je l'ai écrit tellement de fois sur ta messagerie avant de tout supprimer et d'effacer ton numéro, encore. Mais je vais bien. Je pense à toi tout le temps, moins qu'avant. Ça n'a pas de sens, mais bon.

J'ai rêvé de toi. Tu te mariais, mais pas avec moi. Ce n'est pas si grave, en vrai. Seulement, j'aurais voulu que ce ne soit pas avec elle. Ce n'est qu'un rêve, en effet, mais je sais bien que tu l'aimes. Tu l'as toujours aimé. C'est pour ça que je détestais la maison. Tu adorais y aller, toi, pour elle.
Alors je suis parti, j'ai déménagé. Tu es un bon ami, tu m'as suivi. Tu as pris un appartement dans les environs, pour moi.
« Jusqu'à ce que la mort nous sépare »

Tu me l'avais dit un jour. Tu m'avais promis comme un homme le dirait à sa femme. Je t'avais cru. Je suis être bien morte maintenant. On est séparé, n'est-ce pas ?

J'ai regardé un documentaire. Les Colombes sont toujours par pair. Ils vivent et demeurent ensemble sans jamais se séparer.
Les Colombes. Lorsqu'un des deux meurt, l'autre ne se sépare pas du cadavre et fait le deuil. C'est douloureux à tel point que La souffrance lui fait produire un acide qui finit par le tuer. C'est triste, n'est-ce pas ?

<<Tu finiras donc par mourir aussi ? Je ne sais pas. >>

« Je vais bien ».
Il faut que je me lève, que j'aère la pièce, que je laisse entrer le soleil, chasser l'odeur du moisi, ranger la pile de vêtements sur le sol...

J'ai regardé des vidéos d'hypnose pour t'oublier. Je ne savais même pas que ça existait. Est-ce que ça fonctionne ? Pas sûr, moi. Apparemment, je ne suis pas réceptive. Mais j'ai lu des commentaires comme quoi ça avait fonctionné.
Bref

D'après Internet, une manière d'évacuer sainement son mal, c'est la mutilation (je n'invente rien). Mais j'ai la flemme d'avoir mal au cœur et de faire souffrir mon corps, c'est beaucoup.

Je me suis même laissé aller, à cause de toi. C'est ridicule.
Le problème des introvertis, c'est qu'ils ne parlent pas assez. Je serai allé parler de mes maux ; j'aurais évacué ma douleur et j'aurais facilement tourné la page.

Ce stress n'est pas bon pour moi actuellement.
J'ai parlé au docteur, il m'a dit de me détendre et de ne pas rester seul, sinon, il va le ressentir aussi. Je ne fais pas exprès, mais je ne fais pas d'efforts non plus.

J'ai cours demain. Mes cernes sont énormes. Je crois que j'ai pris une dizaine d'années au moins.
Je me suis levé de mon lit, j'ai levé les rideaux. Il fait beau. La lumière m'a aveuglé. J'ai l'impression d'être un démon faisant face à la pureté divine. En gros, je brûle.

J'ai refait le test trois fois. J'ai vu le docteur. Je suis enceinte. Bravo, tu es maintenant Papa.

Me after youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant