Chapitre 4

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On avait voulu l'achever pour de bon.
Son sourire joyeux, son cœur en extase, plongeait Noélie dans une tourmente sans nom. Elle regardait sa sœur sautiller, toute contente. Elle aimait la voir heureuse. Le problème, à présent, était tout autre.
Le monde entier s'acharnait sur son triste sort, c'était évident.

Elle ne pouvait rien exprimer. Son visage restait de marbre. Sa mère et son père, visiblement heureux, ne cessaient de féliciter sa sœur. Et elle, sentant la folie lui monter à la tête, ne voulait qu'une chose : crier son désespoir.

Sur son lit, ses larmes auraient si bien coulé, mais là, aucune chance.

« Tout sauf ça. »

On ne pouvait vraiment savoir ce qu'elle ressentait à ce moment précis. Elle n'avait pas bougé. Les yeux fixant un point inexistant, l'esprit bien loin et l'âme tourmentée. Ses peurs, ses angoisses, ces démons disparus semblaient de retour, plus laids, démoniaques. Elle regardait sa sœur ; ses parents ne comprenaient certainement pas sa réaction. Ils ne pouvaient pas.

« Le ciel me tombe sur la tête. »

Et si mourir était une option, peut-être qu'elle l'envisagerait. Elle se leva sans rien dire, le cœur lourd et la tête pleine, elle sortit de la maison. Il faisait nuit noire et la lune brillait.

« Sans étoile. »

Elle marcha jusqu'au parc, cet endroit où tout avait dérapé, où elle aurait dû se taire. Elle s'allongea dans l'herbe humide, respira un grand bol d'air et ferma les yeux. Une larme perla. Pourquoi était-il si dur d'oublier ? Il aurait pu choisir n'importe qui, mais pas elle.

« Pas ma sœur. »

Et les heures passaient là, sur ce tapis d'herbe où elle avait du mal à respirer, où rien ne s'améliorait. Elle s'endormit, là.
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Je t'écris et je ne sais d'où me vient la force d'encore le faire. Je voudrais t'avoir devant moi pour te faire ressentir ma peine. Je t'écris et pourtant je sais que tu ne connais même pas l'existence de ces lettres.

J'ai mal, Texan. Et si pour toi tourner la page, c'est oublier simplement mon existence, j'aurais aimé que tu t'en ailles loin et que je t'oublie enfin. Je ne peux pas t'en vouloir; je n'ai pas le droit. Et pourtant, je n'y arrive pas.

« J'ai cru que j'étais folle. »

Le monde entier m'est tombé sur la tête. Et si je devais recommencer ma vie, je supplierais Dieu de ne pas me faire naître. Je n'arrive plus à pleurer. Dire que j'agonise serait un euphémisme.

Je me rappelle. Tu étais venu à la maison. On était assis sur la terrasse, on parlait. Elle est venue ensuite. Ton regard avait tout de suite changé. J'avais l'impression que tu n'étais plus présent. Elle me parlait, et toi, tu lui souriais bêtement. Je t'avais taquiné avec ça. Mais tu n'avais pas ri comme d'habitude.

« Tu l'aimais. »

Je ne voulais plus que tu viennes à la maison, mais tu insistais tout le temps. Vous étiez devenus de bons amis, et parfois vous sortiez sans que je ne sois au courant. Je voyais mon meilleur ami se transformer sous mes yeux.

Ma sœur n'avait pas l'air de partager les sentiments que tu lui portais, alors je ne m'inquiétais pas tant que ça. Après, j'ai déménagé et tu m'as suivie.

« J'ai cru que c'était fini. »

Je pensais ne plus rien ressentir si on me disait que tu faisais ta vie avec une autre, c'est vrai. Mais je ne pensais pas.

« Peut-être que je ne fais que rêver. »

Je t'écris même si je sais que tu ne lis pas. Je pensais avoir la force de t'envoyer ces lettres, mais plus les jours passent, plus la pile sur mon bureau augmente.

« Je ne sais pas. »

Je ne sais pas si je vais survivre à ça.
J'ai marché jusqu'au parc. Je me suis couchée là. Je ne pouvais plus leur faire face, j'aurais éclaté en sanglots, brisé la joie de ma sœur, et je ne veux pas lui faire mal.

Je crois qu'il a plu, je ne sais pas. L'herbe était mouillée. Mais je me suis quand même couchée. Je me suis rappelée de ce courage que j'avais eu. C'était... innocent.
J'ai fini par m'endormir. Quelqu'un m'a touché l'épaule.

« Mademoiselle, vous allez bien ? »

Je regardais, sans distinguer dans le noir un seul trait de ce personnage. Je le voyais me tendre la main, me conduire sans me questionner plus, dans le silence de la nuit. Il a tenu ma main tout le long de la route. Il me souriait, je ne le voyais pas, mais je le sentais bien.

« Un ange, peut-être. »

J'ai fermé les yeux et je me suis réveillée dans mon lit.
Le rideau filtrait les rayons du soleil.

« Je suis confuse. »

Je ne sais pas si je rêvais. Je ne pense pas. La douleur lancinante qui tourmente mon cœur est toujours présente. Tu es vraiment passé à autre chose, si vite. Tu ne m'as même pas laissé le temps de t'envoyer ces lettres que je ne me lasse pas d'écrire.

« Tu ne m'as pas laissé le temps de t'oublier. »

Je n'ai pas eu la force de te les envoyer et aujourd'hui, je regrette. Je me demande si je vais devoir garder tout ceci secret.

« C'est trop tard, je crois. »

J'ai vu sa joie. L'amour briller dans ses yeux. Son sourire radieux à l'évocation de ton nom. Elle t'aime, c'est sûr. J'ai du mal à croire que c'est réel. La vie ne peut pas être aussi cruelle, si ?

J'ai peur que mon enfant naisse triste et stressé. Mes émotions l'affectent, je le sais bien. Je fais tout pour ne pas y penser.

« C'est humainement impossible. »

Je vais bientôt accoucher ; il n'y a pas de retour en arrière. J'ai mal que tu sois le père de cet enfant. J'ai peur qu'il grandisse et qu'il s'interroge sur ton existence. Je ne veux pas détruire le bonheur de ma sœur, ce serait égoïste.

Tu es le père de cet enfant et le futur mari de ma sœur. Elle passe son temps à regarder sa bague en souriant. Félicitations pour ton mariage, Texan. À vrai dire, je meurs de chagrin à présent.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 21, 2024 ⏰

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