C'était un jour comme les autres. Il n'y avait que des gouttelettes qui venaient frapper les carreaux du grand bâtiment. Une jeune fille, âgée de 13 ans, était assise dans une salle de classe, un coude posé sur la table tandis que sa main tenait sa tête. Elle avait l'air de s'ennuyer profondément. A côté d'elle, son camarade semblait prendre tout ce que disait leur professeur. Elle lâcha un long soupir avant de prendre à son tour son stylo, et noter certains mots qui sortaient de la bouche du vieux bonhomme. Elle jeta un œil discret en direction du fond de la salle, puis la balaya entièrement, comme si elle cherchait quelque chose. Mais ce n'était pas le cas.
Elle continuait de griffonner sur son cahier, jusqu'à ce que la sonnerie retentisse enfin. Sans un mot, ni un regard à ses camardes, elle prit son sac et sortit de la salle la première. Une fois à l'extérieur de son bâtiment, elle laissa tomber un long soupir de soulagement. Reprenant son sac à plusieurs reprises, puisqu'il tombait de son épaule, elle entreprit de marcher jusqu'à chez elle, comme chaque matin et chaque soir. La routine donc. Mais ce qu'elle aimait faire, c'est retarder le moment où elle passera le pas de sa porte.
Alors elle s'amusait à prendre des détours par les parcs, où elle observait la vie humaine comme la vie animale, grimpait parfois aux arbres quand elle était seule, et s'imaginait parler avec les animaux, ce qui la faisait sourire intérieurement à chaque fois. Ces moments-là, elle se sentait libre. Oui, une vraie liberté, où vous n'avez personne pour vous dire quoi faire, où vous n'avez pas de cours à écrire ou à écouter, ou rien ni personne ne vous juge pour ce que vous êtes, et ce que vous faites. Ce soir-là, la jeune fille avait pris le temps de passer par son parc préféré, celui qui, évidemment, était le plus loin de chez elle.
En y entrant, elle y avait vu toute la vie habituelle qui s'y logeait, et s'était assise sur un banc. Elle avait alors contemplé les petits marmots qui jouaient dans la terre, avec leur parent non loin, mais aussi les oiseaux qui gazouillaient dans les arbres, et ceux qui se battaient pour des bouts de pain que jetait une vieille dame. Pendant près d'une heure, elle était restée dans son petit coin de tranquillité, de paradis. Puis vint le moment où elle dut rentrer. Péniblement, elle se leva alors de son banc, reprenant son sac qu'elle avait posé au sol. Elle posa ses yeux une dernière fois sur les grands chênes qui dominaient ce parc, avant de leur tourner le dos en direction de sa maison.
C'est la tête basse qu'elle continua ainsi son chemin, pendant un temps qui lui parut à la fois une éternité, et à la fois trop rapide. Lorsqu'elle arriva devant son portique, elle remarqua alors qu'elle n'aura pas à ouvrir sa porte : son père l'y attendait, et de pied ferme. Il commença alors à crier, bien assez pour que tout le voisinage l'entende. La collégienne ne dit rien, et n'adressa même pas un regard à son père. Une fois la porte passée, après avoir pris de nombreuses injures de son père, ce dernier lui mit une violente claque derrière la tête. Elle grimaça, mais ne dit rien, et monta dans sa chambre toujours sans un mot. Sa mère n'était pas là, puisqu'elle n'était plus de ce monde.
Cela faisait maintenant 3 ans qu'elle vivait uniquement avec son père et son petit frère, avec qui elle était très fusionnelle. Elle ouvrit la porte de sa chambre, laissa son sac tomber au sol et se posa sur son lit. Elle eut à peine le temps que son petit frère couru la voir et lui sauta dans les bras, la faisant tomber entièrement sur son lit. Elle rit doucement, avant de le prendre dans ses bras. Puis il se chamaillèrent gentiment, par des chatouilles et des petites bagarres. Une fois qu'ils furent calmés, ils se racontèrent chacun leur journée. Il eut alors des moments un peu tristes, d'autres plus joyeux et des éclats de rire retentirent dans sa chambre. C'était une journée comme les autres pour la jeune fille, où elle voyait son père alcoolique et violent, mais elle avait son petit rayon de soleil qui lui apportait un soutien inestimable, et elle lui rendait la pareille. Pourtant, cette journée, bien que banale pour elle, allait se transformer en cauchemar.
Quelques heures après être rentrée, son père beugla pour qu'elle et son petit frère descendent manger. Ils vinrent, sans un mot, mirent la table et s'installèrent. Comme presque tous les soirs, le repas fut maigre, mais ils s'en contentaient. Son père avait alors allumé la télévision, et les infos qu'ils virent semblait à présent banale : une guerre, des morts et de la violence. Depuis 2071, la guerre faisait rage. Les armées se tapait à coup d'armes à feu, sans utiliser leur arme les plus puissantes, capable de détruire le monde. Enfin, c'est ce que toute la petite famille pensait. Pourtant, le titre de ce soir-là faisait référence aux bombes phosphoriques comme quoi il y avait de grands risques que certaines soit lâchée cette nuit même sur la France, faisant brûler tut le pays à la surface. Ce qui interpella le père, qui jura tout seul contre la télé et les journalistes, les traitant de charlatans.Quant à la jeune fille et son frère, ils prirent un peu plus au sérieux ce qu'ils disaient. En effet, le présentateur mettait en garde tous les foyers français, qu'il était très probable que la catastrophe se produise, qu'il fallait se réfugier dans des endroits sous terre, que des locaux de ce type étaient à présent en place, et ouvert au public pour s'y réfugier. Le père se leva, et frappa dans la télé, mécontent qu'on lui dise quoi faire. Ses deux enfants purent y voir de la colère. Il leur beugla dessus d'aller se coucher et de ne pas sortir de leur chambre. Mais la jeune fille n'était pas de cet avis-là.
Lorsqu'elle fut dans sa chambre, et certaine que son père ne viendrait pas les déranger, elle ouvrit sa porte, et sortit voir son petit frère. Elle lui chuchota des mots de réconfort, car il était en panique. Elle le prit dans ses bras, et lui assura qu'ils allaient sortir de chez eux ce soir, et ensemble. Elle lui prit la main, et ils firent tous les deux rapidement leurs affaires, ne prenant que le nécessaire. Et tout cela dans le silence, pour ne pas éveiller les soupçons de leur père. Une fois cela fait, ils se servirent de leurs couettes pour descendre par la fenêtre. La coinçant au sol à l'aide de la commode, ils descendirent en se laissant glisser dessus, tel une rampe de pompier, et retombant sur le sol. Elle jeta un dernier coup d'œil à son lieu de vie. Elle prit alors la main du petit garçon, et se mit à courir, voulant échapper à la surveillance du tyran.
Ils continuèrent ainsi pendant une petite demi-heure, afin de s'assurer qu'il ne les retrouverait pas. La jeune fille avait pris très au sérieux les informations passées à la télé, et ne voulait pas mourir à cause d'un vieil alcoolique qui pensait avoir toujours raison. Il avait beau être son père, son comportement n'était pas des meilleurs. Le frère et la sœur se mirent alors à marcher, à la recherche de ces fameux refuges. Ils avancèrent dans la nuit, sans savoir où ils allaient, mais n'avaient qu'un but : se mettre à l'abri. A plusieurs reprises, le petit se blottit contre sa sœur, car ils étaient vraiment seul dans les rues à cette heure-là. Ils marchèrent encore et encore, dans la peur et l'espoir en même temps. Jusqu'à ce qu'ils trouvent un immense groupe de personnes en face d'eux. Il se regardèrent, sourirent en même temps, et se précipitèrent, sans courir non plus, vers ledit refuge. Mais ils comprirent très rapidement que le groupe n'était pas dans le refuge : l'accès leur y était interdit.
D'après ce que pu percevoir la jeune fille dans ce brouhaha, le refuge était complet, il était impossible de faire rentrer d'autres personnes. Les deux jeunes étaient épuisés, mais ils ne pouvaient pas rester ici, sous peine de ne rien trouver du tout. Alors ils changèrent de direction, pour en trouver un nouveau. Mais à chaque fois, c'était la même chose : ils étaient complets. Les deux petits commencèrent alors à désespérer. Mais il fallait qu'ils trouvent un endroit où dormir à l'abri.
Leurs efforts ne fut pas vain : ils trouvèrent enfin un refuge avec des places encore de libres. Ils furent tellement heureux qu'ils y coururent comme ils pouvait vers ce dernier. Mais se stoppèrent net. Ils venaient d'entendre un énorme retentissement dans toute la ville d'Orléans : comme une explosion. Et c'était le cas. Il se retournèrent et virent une déferlante de feu se propager dans tous les sens, et donc le leur. Ils furent pris de panique. La jeune fille courut ventre à terre vers le refuge, et s'y jeta à son entrée. Son petit frère était devant elle avant qu'ils n'aient vu l'explosion, et elle le pensait à l'intérieur. Mais elle se retourna, et, alors que les portes se fermait, elle vit son petit frère qui était tombé et n'arrivait pas à se relever. Elle voulut l'aider, mais on la retint à l'intérieur, et elle le vit encore dehors alors que les portes blindées se refermaient, et que elle était en sécurité. Mais pas lui. Le noir se fit alors
- GAYL !
Arev ouvre les yeux en sursautant. Elle sent à nouveau contre sa peau l'humidité de sa cellule. Un rêve, se dit-elle, mais c'était aussi un souvenir du passé. Elle se recroqueville sur elle même, accompagnée par le bruit de ses chaînes raclant le sol. Des larmes coulent alors sur son visage, et elle pose sa tête contre le mur froid, hostile.
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La Légion de l'Aube
Science FictionAprès 5 ans à vivre dans les souterrains suite à des bombes plasmatiques lancées sur toute la France, Arev redécouvre le monde extérieur, ainsi que ses nouvelles activités. Qui ne sont pas des plus joyeuses. D'abord prise en otage pour des expérienc...