Chapitre 11

42 1 0
                                    

Alice

Je suis réveillée par le mouvement de Matteo qui se lève. La lumière douce de l'aube commence à filtrer à travers les rideaux, indiquant que le jour se lève bientôt. Il enfile son t-shirt et son sweat, puis me fait signe de le suivre. Je me lève, mon corps tout endolori, et je jette un coup d'œil à l'horloge. Presque six heures. Tout le monde dort encore. Julie se réveille légèrement lorsque je me lève, mais elle se rendort aussitôt.

Nous sortons de la maison et commençons à marcher en silence. Je sens le froid piquant sur mes bras et mes jambes, mais c'est encore supportable.

-Où allons-nous ?, je demande.

-Tu vas voir, répond-il en souriant.

Il attrape ma main et nous continuons d'avancer. Une dizaine de minutes plus tard, nous arrivons à la plage. Je savais que la plage n'était pas loin, mais je ne pensais pas qu'elle était à seulement dix minutes de chez Alex. De chez moi, il faut vingt minutes pour y arriver. Nous nous asseyons dans le sable. Je regarde vers la mer, éclairée par le phare et par la lune qui commence peu à peu à disparaître pour laisser place à l'aube. L'air est frais, le bruit des vagues se brisant sur le sable est apaisant. Je m'allonge et je me sens bercée par le bruit des vagues. Matteo fait de même avant que je ne pose ma tête sur lui. Notre silence nous apaise. Nous n'avons pas besoin de discuter pour passer un bon moment.

Je sais que Matteo veut s'excuser encore une fois pour la chanson, mais je ne veux pas en parler. Je lui ai déjà dit, mais en vain. À peine il entrouvre ses lèvres que je le coupe:

-Je sais que tu ne l'as pas fait avec de mauvaises intentions, mais c'était quand même blessant. Mon carnet, c'est quelque chose de très personnel, tu vois ? je lui explique.

Il affiche une mine triste en regardant les étoiles.

-Je te pardonne, Matteo, je lui dis finalement.

Il me regarde avec un sourire rassuré. Notre silence revient, plus apaisant que le précédent. Le soleil commence à se lever. Je m'assois pour mieux l'observer. Un lever de soleil doit être la chose que j'aime le plus au monde. Le ciel devient orangé, la couleur se mélange aux nuages, donnant un effet spectaculaire. J'imagine Célia, qui m'observe de là où elle est. Je me pose toujours cette question : est-elle fière de moi ?

Matteo s'assoit à côté de moi et regarde le lever avec moi.

-C'est beau, n'est-ce pas ?, je lui demande.

-Le lever de soleil est un rappel que même dans les moments les plus sombres, la lumière est toujours présente, même si elle est cachée derrière les nuages, répond-il.

Je le regarde en souriant.

-Et tu oses dire que j'écris bien.

-Je t'assure que c'est la vérité, insiste-t-il.

Je regarde le sable avant de retourner mon regard vers la mer.

-J'écris dans mon carnet des lettres à Célia. Ça me permet de rester près d'elle même si elle n'est plus là. Je me dis que si j'arrête d'écrire ces lettres, ça la fera mourir pour de bon, et je refuse, je lui confie.

-T'es courageuse, Alice, il me dit avec sincérité.

Je lui souris timidement, mais nos regards se croisent et une tension palpable s'installe entre nous. Une sensation étrange naît dans le creux de mon ventre, comme une boule qui se forme lentement, emplie d'émotions contradictoires. Son visage s'approche lentement du mien, chaque mouvement captivant mon attention. Je sens son souffle chaud caresser délicatement ma peau, créant des frissons le long de ma colonne vertébrale. Son regard intense fixé sur moi, je suis incapable de détourner les yeux.

Soudain, sans que je n'aie le temps de réagir, il pose ses lèvres doucement sur les miennes. Un frisson électrisant parcourt tout mon corps à ce contact inattendu. Ses lèvres sont douces et chaudes contre les miennes, provoquant une explosion de sensations en moi. Des milliers de papillons s'envolent dans mon estomac, créant un tourbillon d'émotions indescriptibles. Je me sens transportée dans un état de félicité pure, perdue dans ce moment irréel. Cependant, cette douceur est interrompue lorsque je me relève brusquement, sentant un nœud se former dans ma gorge. La réalité s'infiltre dans ce moment magique, me rappelant la complexité de notre situation. Je prends une profonde inspiration, tentant de chasser les pensées tourbillonnantes qui envahissent mon esprit.

-On devrait rentrer, les autres vont commencer à se réveiller. Merci de m'avoir emmenée ici, lui dis-je en souriant.

-Ça va ?, me demande-t-il.

-Oui, je commence juste à avoir froid.

Je commence à marcher et Matteo me suit. Nous rentrons en silence, chacun perdu dans nos pensées. Bien sûr, le baiser en lui-même ne m'a pas dérangée, mais Matteo est le frère de Julie. Je ne peux pas lui faire ça. Je ne veux pas qu'elle pense que je suis comme Sara.

Nous arrivons devant chez Alex après une dizaine de minutes.

-Attend, dit Matteo en attrapant mon poignet avant que je ne pénètre dans le pavillon.

-Tu es sûre que ça va ? Si c'est à cause de..., commence-t-il.

-Ça va, dis-je sèchement. Je ne veux pas en parler, s'il te plait.

Matteo semble triste de ma réponse. En parler, je ne sais pas si c'était une bonne idée.

-Tu penses que j'aurais pas dû, c'est ça ?, demande-t-il.

Je ne réponds pas, mais ça semble le rendre triste.

-C'était une erreur, je finis par dire.

Il me lâche la main avant que je n'entre dans la maison dans un soupir.

-T'étais où ?, me demande Julie en me sautant dessus.

-À la plage. J'ai été voir le lever du soleil avec Matteo. On n'a pas vraiment dormi, dis-je en souriant.

Matteo entre dans le salon une minute après moi.

-On vous a cherchés dans toute la maison, rit Alex.

Julie m'emmène dans la cuisine pour se servir un verre de jus avant que nous revenions vers les autres. J'ignore alors le regard de Matteo.



My First LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant