Chapitre 3

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   "La famille est censée être notre refuge. Très souvent, c'est l'endroit où nous trouvons notre chagrin le plus profond. "

                                                                                                                                                                      Lyanla Vansant



                                                                                              .Éléa.



     Cela fait trois fois que je me retourne dans mes draps, incapable de dormir. Je n'arrête pas de penser à demain. 

Où serais-je la nuit prochaine? 

Je n'ai pas envie de retourner chez ma mère, mais aurais-je le choix? Celle que j'admirais tant étant plus jeune est devenue mon pire cauchemar. 

Je me souviens que quand mon père était trop violent, elle venait dans ma chambre et me mettait un casque avec ma chanteuse préférée.

Bien sûr, je n'étais pas dupe, je savais ce qu'il se passait, mais je ne m'en rendais pas vraiment compte. 

Ou je ne voulais pas vraiment le savoir du haut de mes sept ans.

Il nous arrivait aussi de passer de bons moments ensemble, comme pour mes neuf ans.

Nous avions, mon père, ma mère et moi, été au cinéma voir La reine des neiges, puis nous avions été mangé dans un restaurant chinois. 

Ensuite nous avons passé le reste de la soirée à jouer à mes jeux de société préférés.

Mais ces souvenirs se sont fait rares, puis inexistants. 

Jusqu'à ce que mes parents se décident à divorcer.

Cette décision a vraiment été bénéfique pour moi, car je ne supportais plus de voir mon père comme ça. 

Ni ma mère sans cesse malheureuse.

Tout se passait bien pendant un an, puis mon père s'est suicidé et ç'a été la goutte de trop pour ma mère. 

Elle a commencé à boire et à se droguer quelque temps plus tard.
C'est là que mes ennuis ont commencé et que ma relation avec elle s'est détériorée. 

Parfois, je me dis que j'aurais pu l'aider encore plus, mais ça n'aurait rien changé, ma mère a abandonné l'idée d'être heureuse depuis longtemps. 

Même si cela voulait dire abandonner sa fille.

Je pensais à tort que ma présence suffisait à rendre son quotidien plus heureux, visiblement je me trompais.

Pour moi, le fait que mon père, si je peux encore l'appeler comme ça, se soit donné la mort ne m'affecte aucunement. 

J'en suis même soulagée. Vivre avec lui a ruiné une bonne partie de ma vie, et je ne suis pas sûr de pouvoir m'en remettre.

C'est vraiment son style, mettre le bordel dans la vie des gens, puis disparaître sans avoir à subir aucune des conséquences de ses actes. 

Parfois je lui en veux, d'être parti sans rien dire, de ne pas s'être excusé d'avoir foutu l'avenir de ma mère et moi en l'air. 

Car maintenant je dois vivre avec les traumatismes de mon enfance.

Tels des fantômes s'immisçant dans la nuit, eux, se glissent dans mes rêves, et les transforment en cauchemars.

Black BloodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant