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Cette étrange situation se répèta à plusieurs reprises dans les semaines suivantes. Il ne se montrait presque plus à l'écurie, et à l'université, il évitait tout le monde. Tel un courant d'air, il ne restait au même endroit que quelques secondes, le temps de passer. Et quand il était retenu, il se cachait, disparaissait derrière ses longs cheveux.

C'est au bout de deux semaines que je craquais.

Je marchais dans la cour ombragée par de hauts arbres feuillus quand je le croisais. Il marchait vite, tête baissée, la capuche rabattue sur le visage. Mes mâchoires se sont contractées, ma main libre a fermement agrippé son bras fin. Il s'est arrêté net, et son visage s'est relevé, à quelques centimètres du mien. La peur brillait dans ses yeux, elle a prit possession de son corps quand il a vu mon expression. J'ai lâché son bras, et mes longs doigts ont glissé sur sa tempe, repoussant ces inlassables mèches, et dévoilant de nombreux bleus sur ses joues, ses yeux, son front. Une souffrance qu'il cachait derrière ce torrent d'or, derrière ce frisson qui l'a parcourut.

- Jisung, j'ai sifflé à travers mes dents serrées.

- C'est rien-

- Ça fait deux semaines que tu te traînes comme une âme en peine, tu te caches, tu ne viens plus voir ton cheval, je le coupe plus sèchement que je ne l'aurai voulu. Donc non, ce n'est pas rien.

- Je ne peux pas te dire.

Mon regard acéré détaille son expression effrayée. Je m'écarte d'un air déçu, et ma canne frappe le sol de terre à un rythme rapide. Mon pas boiteux s'éloigne, je l'entends soupirer, mais il ne bouge pas. Moi, je l'abandonne ici, sous les arbres. Je pars alors qu'il y a quelque que je ne sais pas quelque chose, j'en suis conscient. Je pourrais le forcer à me dire ce qui ne va pas. Mais il n'en a pas envie, et moi non plus.

LE CAVALIER ⸾ MinsungOù les histoires vivent. Découvrez maintenant