Chapitre deux : « La mort, Astrid la trouvait plutôt amicale en fin de compte. »

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Elle était là, silencieuse, seule et installée au milieu des brins de paille. Les joues sales, tâchées de terre, les yeux rougis par les larmes et la gorge enflammée par ses cris. Un horrible goût ferreux accroché au palais, sa lèvre la picotait tandis qu'un liquide chaud coulait sur son menton. Elle sentit cette légère brise venir caresser son visage, ce vent qui empestait le sang et qui était chargé des cendres de ses parents. A cette pensée, elle fut soudainement prise de haut-le-cœur. Quelques braises s'échappèrent des ruines encore en feu et vinrent brûler les joues de la pauvre orpheline. Elle ne réagit pas, se considérant déjà comme une personne du passée, elle attendait simplement que cette lame s'abatte. Le regard perdu entre les décombres fumants de sa vie, elle ne se trouvait plus la force de verser davantage de larmes. En fait, elle n'avait plus la force pour faire quoique ce soit, elle voulait simplement que tout cela se termine, que son bourreau lui tranche la gorge afin qu'elle puisse retrouver ses parents au paradis, du moins s'il existe.

Alors l'acier glissa nonchalamment sur sa nuque. Qu'attendait-il donc ? Pourquoi ne finissait-il pas sa tâche rapidement ? La brune serra les poings afin de ne pas perdre son calme, le vengeur quant à lui continuait de laisser sa lame se mouvoir contre la peau claire de la creuse. Ce n'était que des désagréments pour elle, des petites choses dont elle se serait bien passé mais en une telle situation, avait-elle vraiment le choix de décider ce qui lui plaisait ou non ? C'est alors qu'une vive douleur se fit sentir dans sa nuque, elle ne put retenir une grimace et porta aussitôt sa main à son cou. En ramenant ses doigts face à ses yeux, elle ne vit que du sang s'écouler le long de ses phalanges jusqu'à se glisser sous ses ongles. Astrid soupira à l'idée d'être tombée sur le plus étrange des vengeurs et alors qu'elle se préparait à reprendre la parole, la lame se détacha vivement de sa peau. L'air siffla près de ses oreilles, seules les flammes dansant sous ses yeux parvenaient à la tenir immobile puis une nouvelle douleur se fit sentir, plus forte et plus dure. Et ce fut le noir total.

Quelques sons étouffés par le bruit de ses battements de cœur, son corps lui semblait léger, comme si on lui avait soudainement retiré un lourd poids pesant sur ses épaules. Alors voilà ce que cela faisait d'être mort, se disait-elle simplement. De douces vagues tièdes venaient lui caresser le visage tandis qu'un vent frais démêlait ses mèches brunes. Elle se sentait bien, en sécurité. Astrid avait alors l'impression de se trouver dans un cocon protégé de tous les monstres rôdant à l'extérieur. Cela lui rappela les bras de sa mère l'enlaçant, c'était ce même sentiment familier et rassurant. Alors elle se surprit à ne pas vouloir quitter cet endroit dont elle ne connaissait pourtant rien. Elle ne voulait que rien ni personne ne vienne la déranger dans son état de béatitude. La mort, elle la trouvait plutôt amicale en fin de compte. Seulement tout semblait vide autour d'elle, encore plus sombre qu'une nuit sans lune. Le néant. Une fois encore, elle se retrouvait seule. L'apaisement laissa sa place à la panique, la brune cessa de se sentir en sécurité, non elle ne l'avait jamais été. Elle se débattit comme une folle bien que cela ne servait à rien, quelque chose la maintenait immobilisée au milieu de cet enfer.

L'eau s'engouffrait dans sa bouche alors que ses poumons tout entier prenaient feu. Elle avait beau bouger dans tous les sens, rien à faire, son instinct la poussait à tenter de respirer mais en vain. Et puis ce qui la tenait jusqu'à lors sous l'eau la tira vivement en arrière. Le corps affaibli de la pauvre creuse bascula et en un rien de temps elle se retrouva allongée sur le dos, peinant toujours à trouver sa respiration. Un vent glacial vint griffer son visage trempé la faisant ainsi frissonner de toutes parts. Peu à peu, la douleur dévorant ses poumons s'atténua et la brune trouva la force d'ouvrir ses paupières à demi. La première chose qu'elle vit fut cette étrange tâche blanche en forme de croissant, seul point lumineux dans cette immensité obscure. Astrid fut légèrement rassurée en voyant la lune danser au-dessus d'elle mais elle reprit rapidement ses esprits et sentit son cœur s'affoler. Ce n'était pas normal, elle n'était pas sensée voir cet astre briller. Non, elle devrait être morte. La brune se redressa alors sur son fessier et se mit à toucher chacun de ses membres en commençant d'abord par sa tête. Elle était visiblement entière et bel et bien vivante.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 30, 2015 ⏰

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Les contes d'Iktarr.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant