PROLOGUE

143 10 8
                                    

Si seulement j'avais été un garçon... Les choses auraient pu prendre un tout autre tour. Ma naissance avait été une erreur, un faux pas dans le monde impitoyable de la mafia turc. Le trône n'était pas destiné à une femme, mais à un homme fort et intelligent. Jamais une reine ne précéderait un roi. C'était ainsi que fonctionnait le système. Mais qui alors ? À qui mon père confierait-il son empire ? Il n'avait personne en qui avoir confiance, aucun proche pour lui succéder. Je brûlais de questions, mais les réponses semblaient s'éloigner de moi. La peur de voir tout s'effondrer me tenaillait. Je n'étais qu'une erreur, une faute à réparer.

Depuis mon enfance, je le savais. Mais je me jurais de prouver le contraire, un jour. Même si mon père n'était plus là, loin de son monde, loin de tout, il m'avait toujours accordé son amour et son affection. Il ne m'avait jamais montré de regret pour ma naissance. Même dans le monde dangereux de la mafia, il avait toujours trouvé le temps de me consacrer.

Je savais que son rôle de chef était lourd de responsabilités, mais il ne le montrait jamais. Je l'avais compris très tôt, même enfant. J'analysais déjà le fonctionnement de son réseau, les gens qu'il fréquentait, les conversations qu'il avait. Je savais que c'était mal de les écouter à travers la porte, mais je voulais comprendre.

Nos ennemis étaient nombreux, et il fallait être vigilant sans mettre nos proches en danger.

Je me souviens encore de cette période, comme si c'était hier. J'avais 10 ans, et j'avais perdu mon père il y a juste trois jours. Ma mère était dévastée, mais elle essayait de rester forte pour moi.

Et puis, cette nuit-là, les hommes armés sont entrés dans notre maison. J'étais cachée derrière le canapé du salon, terrifiée. J'ai vu ma mère essayer de se défendre, mais ils étaient trop nombreux. J'ai vu... j'ai vu la vie quitter son corps.

Je me souviens du son des armes, du cri de ma mère, du regard de désespoir qu'elle m'a lancé avant de mourir. J'étais paralysée par la peur et la douleur.

En l'espace de trois jours, j'avais perdu les deux personnes que j'aimais le plus au monde. Ma vie avait été détruite, et je ne savais pas comment continuer.

LOVE AND POWEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant