Chapitre 12

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A. Il me dit "vas-y, dessine, je ne bouge pas"

A. Ha il n'a pas bougé mais j'avais chaud putain...

A. Il me fixait derrière ses verres teintés, et sa bouche était bien trop près de l'animal

A. J'ai piqué un fard, il m'a dit faussement innocent " y'a quelque chose qui va pas ?"

A. J'ai bredouillé ' C'est déloyal"

B. Et après ?

***

chapitre 12 

***

A. Un jour, je ne sais plus pourquoi, on est parti dans un délire avec Jérémy sur le marché de Fort-de-France et il m'a acheté une poupée martiniquaise que j'avais soigneusement choisie. 

B. La fameuse poupée, celle qui trône dans l'appart, avec un bras en moins ?

A. Bah oui

A. C'est bien, tu suis lol  

A. Il s'est mis à la vanner en permanence, moi je gueulais et lui  il il se défendait " ton truc c'est de dessiner mon papillon, mal, mais tu dessines, moi mon truc c'est la vanne, alors je vanne la poupée ! Tu vas pas me le reprocher ! Au moins je fais les choses bien ! Tu veux que je te rappelles la gueule du papillon que t'as dessiné ?"  

A. Un jour, je lui ai dit " arrête de t'en prendre à la poupée, si elle porte des vêtements barriolés, c'est attirer l'attention sur ce qu'elle veut et cacher l'essentiel" 

A. Il avait répondu "Ah c'est sûr qu'elle aime attirer les regards, elle fait sa fière, mais je suis sûre qu'elle est plus secrète et fragile qu'elle en a l'air"

A. Et comme comme si c'était trop sentimental, il avait ajouté

A. "... mais ça n'empêche qu'elle a une sale gueule et des trop longs cils"

A. "elle t'emmerde" j'avais répondu. 

A. Tout ça, on le disait vite fait à table, un peu discrètement, au milieu d'un joyeux bordel, entre des conversations de groupe sur qui va faire à manger demain midi, le marché de l'emploi complètement bouché, les histoires de cul des potes en commun,  si y'a marée haute cet après midi. Personne ne faisait gaffe. Pendant ce temps, Bruno me caressait l'intérieur de la cuisse sous la table. Je me levais avant qu'il ne remonte trop haut.

B. OK... La poupée, c'était toi....

B. Wah, entreprenant le Bruno  

B. Même si t'es loin d'avoir une sale gueule 

A. Voilà t'as compris... 

A. Le ton était donné... 

A. Avec du recul, je me dis que c'est là que j'ai commencé à essayer de plaire à Jérémy et qu'il me plaisait. J'osais pas me l'avouer. Je multipliais les oeillades et les provocations, on passait de plus en plus de temps ensemble, je me forçais à aller faire du sport avec lui pour passer plus de temps en sa compagnie.

A. Lui il se forçait à ralentir pour que je puisse le rattraper. Il gueulait que j'avançais pas vite mais il m'attendait.

A. Une semaine s'est passée comme ça... Bruno me tannait pour qu'on couche ensemble mais j'en avais pas tellement envie. Je me suis un peu éloignée de lui, mais j'osais pas le rejeter franchement. 

La poupée qui avait perdu son brasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant