Pourquoi l'ai-je corrigé ? Pourquoi a-t-il fallu que je le fasse, que je lui dise ? Bien sûr que c'était idiot, pire encore, aberrant. Bien sûr que c'était à elle qu'il pensait, elle qu'il voulait voir, à qui ses mots étaient destinés. Bien sûr. Pourquoi suis-je toujours aussi idiote de croire que ça changera ?
Combien de temps ça fait déjà ? Des semaines, mois ? Non, des années maintenant. Tout ce que je sais c'est qu'elle était belle, bien plus que je ne le serais jamais, plus intelligente que moi, plus douce, avec une voix si rassurante, un sourire ravageur, des yeux au-delà du sublime, un esprit aussi magnifique que sa personne. Elle était tout ce que je ne suis pas à ses yeux. Alors pourquoi j'essaye d'y croire, pourquoi je me force à garder espoir même après tout ce temps ? Aimer est plus douloureux qu'une chute. Non ce n'est pas beau, non ce n'est pas rempli de couleur et de joie, de lumière et de chaleur. L'amour c'est froid, solitaire, gris, ça fait peur, ça fait mal, tout l'inverse de ce qu'on m'a toujours fait croire. C'est de faux espoir, de fausse promesse, des mots en l'air, des mensonges et des peines.
Pourquoi suis-je si idiote ? Bon sang. Si idiote.
J'aurais juste dû me taire, attendre sans rien dire, le laisser dans l'ignorance, juste une minute, une seconde de plus, j'aurais pu le tenir contre moi une seconde de plus, j'aurais pu l'entendre dire ces mots doux, si doux. Mais rien de tout ça ne m'est destiné. Je ne suis pas celle qu'il espère voir en rentrant le soir, celle qui s'endort a ses côtés, celle qui le regarde, qui l'écoute celle qui lui parle de sa journée. Je ne suis pas celle qu'il veut. Pas celle qu'il aime. Il ne m'a jamais aimé. J'ai beau me le dire, encore et encore, me le répété tous les jours, tous les soirs sous la douche pour m'empêcher de pleurer devant lui ou de me faire entendre, j'y crois encore. Je veux juste qu'une fois, il se tourne vers moi sans penser que je serais elle. Qu'il me regarde, moi, pas qu'il la cherche en moi. Qu'il me sourit.
Je pousse un long soupir, essuie rapidement les larmes de mon visage en retenant les prochaines avant de me lever du lit. Je remarque un instant que j'ai laissé tomber mon livre par terre, ou c'est lui qui me l'a pris des mains peut être, je ne sais même plus. En le soulevant l'une des pages est pliée, je la force a resté droite en refermant le livre, j'ai perdu ma page. Il était pas si intéressant. Une énième histoire d'amour.
Un nouveau soupir m'échappe alors que je le pose sur la table basse, à côté de lui se trouve une tasse presque vide d'un thé devenu froid et trop amer, des lunettes de lecture que je ne mets presque jamais tant je les oublie avec un petit carré en tissu pour les nettoyer qui nettoie plus souvent la poussière sur la table que les verres, deux stylos dont je n'ai aucun souvenir d'avoir posés ici et une crème pour les mains dont l'odeur me donne mal à la tête et que je ne mets donc jamais. Oh, il y a aussi la boite à bijoux où je mets mon collier pour la nuit, j'y tiens tellement, son premier cadeau. Instinctivement mes doigts vont à la rencontre de mon cou pour toucher la chaine autour.
Je soupire à nouveau, récupérant mon livre, je sais que je ne le lirais pas, autant le ranger et l'oublier plutôt que de le laisser trainer, je le donnerais à quelqu'un un jour prochain, peut-être, si j'y pense.
Avant de sortir de la chambre, je vérifie une dernière fois dans le miroir qu'aucune larme ne s'échappe ou qu'aucun sanglot ne risque de me prendre. J'ai une mine affreuse, comme toujours. Les yeux rouges et gonflés, une mine triste, apathique que même un sourire n'améliorait pas. A qui je vais faire croire que tout va bien, même moi je n'y crois pas.
VOUS LISEZ
Hard to Love
Romance"Aimer est plus douloureux qu'une chute. Non ce n'est pas beau, non ce n'est pas rempli de couleur et de joie, de lumière et de chaleur. L'amour c'est froid, solitaire, gris, ça fait peur, ça fait mal, tout l'inverse de ce qu'on m'a toujours fait cr...