Chapitre 5. Les parents d'Edern.

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Morgan dormit douze heures d'affilée dans un silence ininterrompu qui changeait de l'hôpital. Dès qu'il se réveilla et après avoir consulté son smartphone, il resta allongé pour savourer sa tranquillité et les confidences d'Edern.

Il avait beaucoup de chance de voir son amour devenir réciproque. La roue folle du destin tournait-elle enfin en sa faveur ? Il était juste surpris qu'Edern ait attendu tant de temps pour se dévoiler. Pas sûr que cela aurait changé quoi que ce soit au geste de son père d'ailleurs.

Si Edern avait annoncé ses sentiments avant, Morgan aurait sans doute fait son coming-out dans la foulée et Paskal Lagadec l'aurait appris par Aude et l'aurait balancé par-dessus le balcon des mois voire des années plus tôt. Morgan, mineur, n'aurait pas pu partir comme ça de chez lui. Il serait allé en foyer et sûrement pas dans l'appartement d'Edern, trop jeune alors pour vivre seul. Tout arrivait à point. Même si la confession d'Edern continuait de lui paraître brutale. Mais il était là, il l'aimait.

Morgan considéra la chambre. Le soleil s'infiltrait sous les rideaux rayés blanc et bleu marine. Une poussière légère tourbillonnait au-dessus du parquet et devant la commode, qui allait accueillir ses affaires. Pour l'instant, ses sacs s'entassaient contre le mur d'en face.

Il repoussa la couette bleu clair et réussit à s'asseoir en poussant sur ses bras et sa jambe valide. C'était un petit exploit qui méritait qu'on s'y attarde quelques secondes. Surtout un dimanche ! Il avait tout son temps.

— Morgan ? demanda Edern derrière la porte. Je peux entrer ?

— Oui, je suis réveillé, déclara le jeune homme qui se trouva aussitôt stupide et emprunté.

Bien sûr qu'il était réveillé, sinon il n'aurait pas parlé. Il n'aurait même pas entendu Edern, tant il lui paraissait que son sommeil avait été profond. Edern entra, pieds nus, vêtu d'un bas de pyjama à rayures pastel et d'un t-shirt blanc moulant qui mettait en valeur le jeu de ses muscles. Ses cheveux étaient ébouriffés. Adorable, songea Morgan qui se sentit durcir. Il rabattit vivement la couette sur ses jambes et son ventre, ne laissant apparaître que le haut de son t-shirt gris usé.

Edern portait un plateau en bois, qu'il déposa sur les cuisses de Morgan. Le jeune homme observa le contenu : un verre de jus d'orange, une brioche, de la confiture de fraise, une cuillère et une tasse de café. Avec un sucre à côté.

— Tu m'apportes le petit-déjeuner au lit ?

— C'est comme ça que font les amoureux, non ? rétorqua Edern avec un sourire en coin.

— C'est la première fois pour moi, fit remarquer Morgan en riant.

— Parce que je suis ton premier vrai amoureux et le seul, j'espère ?

— Bien sûr, s'écria Morgan, ravi, en s'emparant de la tasse. C'est chaud. Tu attendais mon réveil pour le mettre au micro-ondes, ajouta-t-il, attendri.

— Je t'ai entendu bouger, reconnut Edern. Le lit craque et c'est flagrant, quand l'appartement est silencieux.

— Et toi ? Tu as mangé ?

— Oui, je n'ai pas pu attendre. Et je préfère te regarder et me consacrer uniquement à ça.

— C'est gênant.

— Pourquoi ?

— Ben, c'est très intime, un petit-déjeuner au lit.

— Est-ce que nous ne recherchons pas cette intimité, toi et moi ?

— Oui, mais ça va vite.

— Pas tant que ça ! Mange sereinement, l'incita Edern.

Morgan mit de côté son malaise. Il avait faim. Et n'était-ce pas merveilleux d'avoir deux yeux si bleus braqués sur lui ? Mais ça restait vachement intimidant quand même. Edern dut le sentir parce qu'il déposa son smartphone sur le lit et proposa à Morgan d'écouter de la musique. Le jeune homme hocha la tête en guise d'assentiment. Il leur faudrait du temps pour s'accorder l'un à l'autre, tout était encore trop nouveau. L'excitation se parait de timidité les premiers instants.

Au creux de tes bras, roman édité, 5 chapitres disponibles. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant