Son premier réflexe fut de se recrocqueviller, sous la peur du père et sous la honte d'avoir été jeté dans le vide comme ... comme un déchet, juste parce qu'il était gay. Voilà comme son propre père, qui n'avait jamais été un modèle de tendresse, cela dit, le considérait.
Puis il réalisa qu'il ne pouvait pas bouger, sa jambe gauche était raide et semblait peser une tonne. La peur s'engouffra en lui, froide et rapide comme un serpent. Son père l'avait fait tomber du troisième étage. Il ne parvenait pas à se souvenir de l'endroit ni de la façon dont il avait percuté le sol. Ses souvenirs s'arrêtaient à la chute.Quelles étaient ses séquelles exactement ? Il ne se rappelait pas de ce qui avait suivi sa chute et son corps était comme enchaîné à des poids d'une lourdeur infinie. Il paniqua, son souffle s'accéléra, il manquait d'air.
Une voix s'adressa à lui, inconnue et professionnelle. Une infirmière. Elle se présenta, répéta son prénom à lui plusieurs fois, dit aussi qu'elle était là, qu'il n'avait plus rien à craindre. Son rythme cardiaque s'apaisa, il sentit qu'il se rendormait, presque paisible et rassuré. Il y avait des gens autour de lui, il n'était pas seul.
À son second réveil, il parvint à ouvrir les yeux et après avoir cligné plusieurs fois, il découvrit un jeune homme assis à son chevet, qui se pencha vers lui. C'était Edern, son meilleur ami. Aussi blond et musclé qu'il était brun et frêle. Les yeux très bleus, quand les siens étaient noirs. Ses lèvres sensuelles, qui avaient toujours attiré Morgan, se dessérèrent pour lui offrir un sourire.
Majeur depuis plus d'un an, Edern vivait dans l'appartement que ses parents avaient d'abord acheté pour sa sœur. Mais celle-ci, Rozenn, était partie aux USA pour un peu moins de douze mois et il était probable qu'à son retour, elle s'installe plutôt avec son petit copain, qui lui manquait.
Malgré ses inquiétudes par rapport à son état physique, Morgan était content de se souvenir de tout à propos d'Edern. Son cerveau ne paraissait donc pas endommagé. Il se rappelait qu'il le connaissait depuis l'école primaire et qu'il avait été amoureux depuis le premier jour de ce garçon qui avait toujours été doux et attentionné avec lui, sans qu'il ait jamais su pourquoi au juste, d'ailleurs. Edern avait d'autres amis, bien plus populaires que Morgan. Des amis à son image, solaires, même si Edern était plus réservé et réfléchi qu'eux.
— Comment tu vas ? demanda Edern, qui ne pouvait cacher l'angoisse au fond de ses yeux, malgré son sourire.
— J'ai la nausée, avoua Morgan de sa bouche pâteuse.
— Tu veux un bassin pour vomir ?
— Ça ira.
— Tu me reconnais, hein ? s'enquit Edern en se redressant.
— Bien sûr, tu es Edern, mon meilleur ami. Pourquoi je ne te reconnaîtrais pas ?
— Morgan, commença Edern avant d'hésiter, et ses lèvres tremblèrent, tandis que ses yeux brillaient un peu plus.
— Oui ? Quoi ?
— Tu es resté une semaine dans le coma et nous nous demandions tous ce que ton cerveau avait subi. Tu sais où tu es ?
— À l'hôpital.
— Tu te souviens pourquoi ?
— Oui, lâcha Morgan sans désirer entrer dans les détails.
— J'ai sonné, une infirmière va arriver et je pense qu'un médecin aussi.
— Comment vont ma mère et ma sœur ?
— Elles sont sous le choc, révéla Edern. Ta tante est venue de Rennes et s'occupe bien d'elles. Comme la situation est compliquée, ta mère a signé des papiers pour que je m'occupe de tout, ici à l'hôpital, expliqua Edern. Après, tu viendras te reposer chez moi.
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Au creux de tes bras, roman édité, 5 chapitres disponibles.
RomantizmMorgan est un jeune gay qui souffre énormément de ne pas être lui- même aux yeux du monde. Le jour de ses dix-huit ans, il fait son coming-out auprès des membres de sa famille en qui il a confiance mais il est grièvement blessé par son père. À la s...