Chapitre 3

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J'entendais des pas un peu plus bas. Ils me suivaient. La gitane me suppliait de l'attendre, mais je ne pouvais pas, je ne voulais pas. D'un côté, ma partie égoïste, je leur en voulais de ne pas être intervenus plus tôt, question de m'éviter des souffrances inutiles. Mais d'un autre côté, la parties dominante, je m'en voulais à moi. Pour les avoir condamnés à la fuite, pour les avoir condamnés à rester enfermés ici. Je ne pouvais pas les regarder en face, ça m'était impossible. J'arrivais finalement à l'étage, et courus jusqu'à la table, tentant de trouver une cachette potentielle. Sauf que le problème, c'est qu'il n'y en avait pas.

Je courus jusqu'au balcon et, dès qu'ils me virent, les gargouilles se réveillèrent pour me demander des nouvelles. Je leur expliquais tout en quelques mots, et m'apprêtais à enjamber la rambarde de marbre pour me cacher en dessous lorsque la douleur se fit plus instante. Je grognais. Je ne tiendrais pas au-dessus du vide avec une dos dans cet état. Les quelques forces qui m'étaient revenues disparurent, et je m'effondrais par terre.

Des voix et des pas se firent entendre. Ils étaient là.

- Là !

Ils m'avaient vus, ils m'avaient trouvés. Soudainement, les gargouilles, qui étaient redevenues pierre, se réveillèrent à nouveau et se placèrent entre eux et moi. Le problème là-dedans ? Les gitans les avaient vu, et Rocaille, Muraille et Volière ne redevenaient pas de simples sculptures de roc. Ils restaient vivants.

- Vous ne passerez pas ! lança Volière en écartant les bras.

- Laissez là tranquille ! ajouta Muraille.

- Alors Amélyssa, tu nous ramènes déjà des prétendants après une journée ? ne put s'empêcher de dire Rocaille.

- Ils... ils parlent ? s'interloqua Juán.

- Bien sûr qu'on parle ! répliqua Volière en sautant jusqu'à lui. Ouh, il a de jolis abdos, celui-là !

- Volière ! m'exclamais-je, scandalisée.

- Attend... c'est toi qui... balbutia António.

- Non, dis-je en secouant la tête et en me relevant difficilement. Les gars, laissez-les passer.

Je quittais le balcon pour retourner à l'intérieur et me laissais retomber sur mon lit en grimaçant.

- Muraille, tu peux m'apporter des bandages ? demandais-je.

- Tout de suite !

Rocaille posa une main sur mon bras.

- En tout cas, tu nous as ramenés de beaux spécimens, affirma-t-il avec un sourire entendu.

Je lui fis les gros yeux et il éclata de rire.

- Ils parlent, répéta Juán, toujours sous le choc.

- Mais non, beau gosse, nous ne sommes que des produits de ton imagination, répondit Volière en levant les yeux au ciel.

- Des illusions, des mirages, des inventions de ton esprit, enfin bref ce que tu veux, ajouta Muraille en revenant près de moi, de l'eau et des bandages dans les mains.

- Arrêtez, les gars, vous les faites flipper, soupirais-je en secouant la tête.

- Rohhh, si on peut même plus s'amuser, ronchonna Rocaille en croisant les bras, boudeur.

- Ils sont réels ? demanda alors Esméralda. Je veux dire, ils sont vraiment vrais ?

- Aussi vrais que vous et moi, affirmais-je. Ils habitent la cathédrale depuis sa construction.

La Sorcière de Notre-DameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant