La Sorcière de Notre-Dame

Chapitre 7

Arrivée à la grande place, je m'installais sur le parvis de Notre-Dame. Je ne portais pas de cape, mais uniquement mon nouveau masque, comme me l'avait conseillé Darjan. António se mit à ses acrobaties, attirant ainsi l'attention des passants. Déjà, un peu d'argent tomba dans le chapeau posé à nos pieds. Ça commence bien. Je me levais alors, et m'approchais un peu des enfants.

- Est-ce que vous aimeriez entendre une histoire ? demandais-je avec un grand sourire.

Presque aussitôt, tous les enfants présents s'installèrent confortablement sur le sol pavé. Comprenant par là que j'avais toute l'attention, je me mis à raconter. Je ne vis pas vraiment le temps passer, ni les différents publics défiler. Je me contentais de parler, parler, parler, durant des secondes, des minutes, des heures. António imitait les personnages, alors que je leur donnais vie par de simples mots. Ce n'est que lorsque tout le monde commença à rentrer chez soi que je me rendis compte que c'était l'heure de rentrer. Je remerciais moi-même les gens restants pour leur écoute ainsi que leur générosité car, voyez-vous, il y avait énormément de petites pièces dans le chapeau. Nous ramassâmes ce que nous venions de gagner, avant de retourner au Repère en comptant le montant total que nous possédions.

Arrivés à destination, nous remîmes la moitié (soit 19 pièces) au Collecteur, avant de se diviser le montant restant par deux. Manque de bol, c'était un nombre impair.

- Garde la, m'ordonna António. Tu l'as mérité.

Je lui souris, et nous rangeâmes chacun notre gagne-pain dans notre bourse. J'étais contente, ça avait été une belle journée, et j'avais plus que hâte de recommencer. António semblait tout aussi impatient, mais ça devait être parce qu'il ne gagnait pas autant, d'habitude. Bon, je me doutais bien que ça ne serait pas toujours comme ça, qu'il y aurait des journées plus dures que les autres, mais ça ne m'enlevait pas mon sourire, ni ma bonne humeur. J'étais heureuse, tout simplement. Heureuse d'être là, avec mes amis, ma famille, des gens qui m'apprécient pour ce que je suis et qui ne me jugent pas. Oui, j'étais plus qu'heureuse.

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Trois mois étaient passés depuis ma première journée de travail, trois mois exactement. J'étais désormais surnommée « la Conteuse Masquée », je n'avais rencontré aucun problème avec les gardes de la ville jusqu'à présent, j'avais découvert une relation secrète entre Esméralda et Phoebus (j'ai promis de garder le secret, à leur plus grand soulagement), et les affaires allaient bon train.

J'écrivais mes histoires dans un carnet que j'avais acheté avec mon argent, j'avais confronté Erdjan par deux fois aussi. Pas de quoi paniquer, on a seulement parlé. Au départ, j'étais méfiante, mais j'ai ensuite comprit qu'il essayait seulement de me convaincre que quitter le Repère pour le rejoindre. Ce qui ne fonctionnait pas, évidemment. Il n'arrêtait pas de me lancer des avertissements comme quoi ça allait me retomber dessus, que j'allais regretter d'être restés avec eux et qu'ils allaient tous me rejeter un jour ou l'autre, le blabla habituel en fait.

Sinon, mieux que tout, si je puis dire ainsi, je m'étais rapproché d'António. C'était un ami vraiment sympathique, drôle, intelligent... Je m'entendais bien avec lui, nous étions très complices, et nous travaillions désormais ensemble. Parfois, Juán le remplaçait, ou encore Manuel et Miguel, mais c'était lui la majorité du temps. Il y avait également Darjan, qui était devenu mon plus grand confident. Notre relation avait mal commencée mais, au final, nous étions devenus de bons amis.

Mes entrainements à l'épée portaient leurs fruits. Je n'étais pas nécessairement une des meilleurs, mais je n'étais pas une des pires non plus. Je m'améliorais de jour en jour. Parfois, il m'arrivait d'improviser des combats avec mes amis, question de servir de distraction aux habitants et gagner un peu plus d'argent. Mon public était très nombreux, bien que parfois, il n'y avait pas grand monde, mais tout allait bien la majorité du temps.