Chapitre 6

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Le reste de la journée s'était passée à toute vitesse. Des dizaines de personnes affluaient pour me voir et agissaient comme si on se connaissait depuis toujours. Cette attention me mettait un peu mal à l'aise, mais je n'avais pas le cœur à les repousser. Ils semblaient tellement heureux de me revoir ! Je me contentais donc de les rassurer, de leur parler, et tout le tralala. Je n'avais pas revu Esméralda, Juán et António depuis l'entrainement, et il me tardait de les rejoindre. En plus, j'avais encore des questions. Que voulez-vous, je suis curieuse !

Ce ne fut que le soir venu que je parvins enfin à les revoir. Je m'asseyais avec le clan pendant que mon père prenait place au sien, un peu plus loin. Il me sourit, je fis de même, et nous nous séparâmes. Nous avions beau nous être retrouver, la vie ne changeait pas, et mon statut, bien que plus élevé, ne m'accordait aucun privilège ou quoi que ce soit. J'étais simplement la fille de Manolio. Oh, j'aurais pu aller m'installer avec son clan, mais je préférais rester avec des visages familiers.

Je pris place entre Esméralda et António, ne pouvant m'empêcher de sourire. J'étais d'une humeur particulièrement joyeuse ce soir-là, et je me fis un plaisir d'égayer les plus jeunes comme les plus vieux avec d'autres histoires, à croire que j'étais vraiment faite pour ça. Les autres m'avaient d'ailleurs informés que je commencerais le lendemain de ma première journée à l'extérieur, question de m'habituer.

Lorsque tout le monde repartir chez soi, je serrais Esméralda et ses frères de toutes mes forces.

- Je ne pourrais jamais assez vous remercier pour m'avoir ramené ici, déclarais-je. Vous avez tellement fait pour moi !

- C'était avec plaisir, répondit la gitane. Tu viens ? Il ne faudrait pas que tu dormes debout ton premier jour en ville, pas vrai ?

Je souris, saluais les garçons, puis retournais dans la tente avec Esméralda, Djali sur nos talons. Demain sera une excellente journée, à n'en pas douter.

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Tout le clan était sortit peu après l'aube et nous nous étions séparés pour aller faire nos travails respectifs ou, du moins, tout le monde sauf Manuel, Miguel, Darjan et moi. Ils devaient me faire visiter la ville, m'indiquer les meilleurs endroits pour exercer ma spécialité sans me faire arrêter par les gardes, et les meilleurs cachettes et raccourcis également. Darjan, comme à son habitude, était très silencieux, contrairement aux jumeaux qui se trouvaient être très exubérants. Nous passâmes toute la journée à parcourir la ville, croisant souvent d'autres gitans.

Et puis, nous arrivâmes sur la grande place, aux pieds de Notre-Dame. Je me figeais en apercevant la cathédrale et, plus par réflexe qu'autre chose, je réajustais ma capuche pour être certaine que personne ne voit mon visage. Je veux dire, avec une œil blanc, un autre mauve, une cicatrice et des tatouages, je ne risquais pas de me faire aimer si quelqu'un me voyait. On avait donc décidé de garder mon visage caché jusqu'à trouver une solution.

Je m'approchais de ce qui fut mon foyer pendant dix-sept ans, et passais mes doigts sur le bois de la porte. J'avais de la difficulté à croire que j'étais de retour ici. Une main se posa sur mon épaule, me faisant sursauter. Je me tournais vers Miguel, et vis que les deux autres avaient disparus.

- On va te laisser ici, déclara-t-il. Tu connais le chemin, maintenant, tu crois être capable de rentrer seule ?

- Bien sûr.

- Parfait. On va essayer de gagner un peu d'argent avant la fin de la journée, dit-il en commençant à s'éloigner.

- C'est quoi, votre spécialité ? demandais-je, curieuse.

La Sorcière de Notre-DameOù les histoires vivent. Découvrez maintenant