I. Aria

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10:25, Ottawa.

Les spéculations inaudibles de mes camarades retentissent dans l'ensemble de l'amphithéâtre.Je tape la table avec mon critérium en espérant que l'heure passera plus vite comme ça.

Jayce.

Je l'entends glousser derrière moi pour parler de ces infâmes expériences avec des femmes bien plus âgées que lui. Je soupire, le dégoût me nouant la gorge. Un simple geste n'a pas tardé à lui titiller les oreilles, il s'arrête de parler et je peux sentir ses yeux me perçant du regard mais il ne m'adresse pas la parole, ni même une insulte ou juste une question. Je jette un coup d'œil et c'est à ce moment que je compris ce qu'il venait de penser.

Une personne qui a tenté un suicide n'en vaut jamais la peine.

Tout le monde était au courant, je ne suis qu'une fille pathétique qui a essayé de se suicider pour attirer l'attention à leur yeux. Je pince mes lèvres et détourne mon regard des autres retournant à mes occupations.

-J'ai entendu dire qu'un match va se passer dans quelque jours et devine quoi? Je nous ai acheté des tickets"

Elle s'assoit à côté de moi, en prenant soin de poser son sac au bas de la table. La joie lui remplit les poumons, elle me sourit délicatement les billets en main.

-Clarysse, je te l'ai déjà dit, les matchs de MMA c'est pas pour moi. Susurre- je.

Elle roule des yeux et pousse un soupir. Je sens son excitation s'affaiblir. Elle se tourne légèrement vers moi et prend ma main fermement avant d'y glisser le ticket sur ma paume.

-Prends le, et pense bien à ta décision. Tu ne voudrais pas voir ta si gentille amie sombrer dans le bras d'un inconnu?

Elle me fixe,ses sourcils légèrement relevés et ses yeux s'apparente à ceux d'un petit chiot. Je m'abstiens de parler, je sens que le refus n'était pas une option alors je me contente d'attraper ce billet et de soupirer à mon tour.

Clarysse sourit, satisfaite de son petit tour pour m'amadouer. Elle se penche et sort ses affaires lorsqu'on voit le professeur rentrer dans la salle.

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Le cours touche bientôt à sa fin. Je n'ai pas beaucoup essayé d'écouter son cours, trop concentrée à regarder la neige s'écouler lentement à travers la fenêtre.

J'aime regarder cette neige comme la dernière fois. Elle apaisait mes douleurs lorsque personne d'autre ne pouvait le faire. Je n'ai pas le temps de contempler proprement le paysage que la réalité me ramène à elle.

La voix du professeur porte au fond de la salle.

-Aria, vous pouvez sortir de la salle, le cours est fini!

Je contemple la salle et constate que je suis seule dans la pièce avec juste mon professeur qui attend impatiemment mon départ pour accueillir ses autres élèves. Je me lève et prends mon sac avant de descendre ces petites marches qui nous servent à atteindre plus facilement le fond de l'amphithéâtre. Lorsque j'ai passé le seuil de la porte, je communique un léger "au revoir" et me dirige ensuite vers mon cours suivant.

Pourtant le trajet vers ma salle ne m'est rien de facile. Une migraine me prend au tournant m'obligeant ainsi à m'agripper aux casiers du couloir, ma respiration accélère et ne cesse de se couper. Tout me semble trop serré, mes vêtements, mon sac et même l'endroit devient de plus en plus étroit.

Je me mets à faire ce que j'ai toujours fait: m'infliger des coups en espérant que tout s'arrange .

Je retrace les endroits où ma mère m'a violemment frappé en supprimant sa douleur par la mienne. De la sueur se crée sur mon front et ma vision se floute, je suppose que me prendre des coups sur des blessures déjà bien ouvertes agissant comme une drogue sur moi.

NIGHT WALKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant