12. Souvenirs ✨

35 9 25
                                    

Après nos achats, nous retrouvons les garçons dans le bar Les Trois Balais. Nous nous asseyons avec eux et discutons.

Finalement, le sujet se tourne vers moi. Encouragée par leur petits commentaires sur mon histoire, je parle encore plus. J'ai beaucoup parlé. Je découvre que je suis bavarde. Et de fil en aiguille j'en viens à parler de l'affiche de tout à l'heure et des différentes enquêtes que j'aimerais mener.

" Tu penses vraiment que Trayman peut être ta mère ? Et Rogue ton père ? " Me demande Ron.

" D'après Luna et Gin' ils auraient des points communs avec moi donc bon... Ça reste possible. En tout cas, je vous ai dit que je veux découvrir qui je suis vraiment car je me sens différente, même de vous, et parce que mes parents ne sont pas ceux que je croyais alors ça me fait un piste à suivre. "

Ron et Neville acquiescent mais pas Harry.

" Mais il y a beaucoup de gens qui ont les yeux marrons... " Dit-il

Je lève les yeux au ciel et lui répond
" Dixit le brun aux yeux verts."

" Oui mais ce que je veux dire c'est que ce n'est pas la preuve irréfutable d'un lien de famille. Par exemple Ron a les yeux bleus alors que ses deux parents  ont des yeux marrons. "

" Oui oui je sais. Enfin, non je savais pas pour tes parents, Ron. Mais tu vas pas me dire que c'est impossible que Emna Trayman soit ma mère. "

Ron hausse les épaules quand je dis son nom. Harry me répond

" Peut-être mais dépêche toi de le découvrir si tu veux recevoir ce qu'elle lègue. "

J'acquiesce plutôt que de répondre ouvertement. Je n'ai pas envie de polémiquer maintenant. Même si je sais qu'il a raison au fond. Si je ne découvre pas vite la vérité je risque de ne rien obtenir. Non pas que je cours après l'argent, mais disons que je n'ai aucune idée de ce dont je dispose vraiment. McGonagall m'a dit pendant notre passage au Chemin de Traverse qu'il y avait un coffre-fort pour moi à Gringotts, la banque des sorciers. Mais je ne l'ai jamais vu et je n'ai aucune idée de ce qu'il pourrait contenir. Et puis, ça peut toujours servir.

***

De retour à Poudlard, je croise Drago Malefoy. Il me salut, comme à chaque fois.

" Tiens, salut Granger. "

Alors je lui réponds.

" Salut... Malfoy. "

Je crois que je ne m'habituerais jamais au fait que les sorciers appellent les gens par leur nom de famille.

Cependant, il ne semble pas remarquer que j'ai eu du mal à l'appeler "Malfoy", car il continue

" T'étais à Pré-au-Lard ?"

Je lui réponds
" Oui. Et toi ? Je ne t'ai pas vu."

" Moi aussi mais j'étais avec mes parents. Nous étions dans une boutique un peu spéciale. "

Tiens. Étrange.

Nous continuons de discuter et en venons au sujet du bal.

" Tu vas y aller ? " Je demande

" Oui et toi ? "

" Aussi. Mais je n'ai pas de cavalier. "

Il me rassure :

"C'est pas grave. À ce qu'il paraît il y aura plusieurs activités et notamment une pour découvrir son cavalier. Au pire reste avec tes amis. Mais ça m'étonnerait que personne ne te demande de l'accompagner au bal." Finit-il avec un sourire en coin.

" Ah super. Toi tu sais avec qui tu vas y aller ? "

" Hum... J'ai une idée, oui. Mais je ne lui ai pas encore demandé. "

Ah. Je suis un peu déçue. J'aurais bien voulu qu'il me le demande à moi. Mais bon, malgré ce qu'il avait l'air de dire, je sais que je ne suis pas attirante. Moi ce qui m'étonnerait, ce serait que quelqu'un me demande de l'accompagner, justement.

Soudain, à force de me répéter ce que je viens de penser, les paroles d'Adélaïde et Isadora me reviennent en tête.

"Tu me dégoûtes ! " "Tu es insignifiante." "Tu sers à rien." "Même pour ton corps, aucun mec voudra de toi. T'es trop bête. Et les gars préfèrent les filles qui se servent de leur tête, pas celles dont la seule fierté c'est ses notes." "Personne ne veut de toi, ici. "

Sentant les larmes me monter aux yeux, je dis au revoir au blond et une fois hors de son champ de vision, je me met à courir. Je cours jusqu'à mon dortoir où je m'écroule, en pleurs, dans mon lit.

J'ai changé de vie. J'ai changé de lieu de vie. J'ai changé de monde. J'ai changé d'école. J'ai changé de camarades. Mais je n'ai pas changé de passé. Je n'arrive pas à oublier. Je ne peux pas oublier tout ce qu'elles m'ont fait subir en si peu de temps. Même avant, dans les écoles précédentes, c'était moins pire. Horrible, certes, mais moins pire. Elles étaient vraiment odieuses. Mais j'y repense encore. Souvent, même. Et je pleure. À chaque fois.

***

Je suis restée sur mon lit à pleurer pendant tellement longtemps que j'ai perdu la notion du temps. Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il peut être.

Mes larmes ont séché mais mes souvenirs sont encore très présents dans ma tête. Il faut que je me divertisse. Je ne peux pas rester comme ça, sinon je vais me remettre à pleurer.

Je me redresse légèrement afin de voir à travers la fenêtre à côté de mon lit.

Il fait tout noir dehors. À l'exception de quelques étoiles. Il doit y avoir des nuages. Je suppose que j'ai manqué le dîner. Tant pis, je n'ai pas faim.

Je réfléchis tout en continuant de regarder le ciel. Je sais qu'il n'y a pas le droit de sortir de la partie du château réservée à notre maison (dortoirs, salle commune), mais j'ai envie de me dégourdir les jambes. Quand je vivais encore chez les Moldus (ça me fait tout drôle de les appeler comme ça), je faisais le mur pour courir ou marcher, les nuits comme celle-ci où je ne vais pas bien moralement. Ça me faisait beaucoup de bien. Je ne l'ai pas encore fait depuis que je suis à Poudlard. Mais cette fois, j'en ai vraiment besoin. Et puis, qu'est-ce que je risque de toute façon ?

D'être punie. Et j'en ai pas envie. Un dilemme se pose... Sortir le plus discrètement possible ? Ou rester ici à admirer le firmament ? Sachant que je ne sais même pas où aller. Juste marcher dans le château ? Au risque de croiser un fantôme. Ou carrément sortir ? Et aller au terrain de Quidditch par exemple.

Je ne sais pas. Je me pose encore un milliard de questions similaires avant de me décider. Je sors. Tant pis. Je serai discrète. Quel professeur me verrait ? Personne. Qui me punirait ? Personne. Je pense sincèrement que je risque presque rien. À peu près parce qu'au fond, je n'avais jamais tenté et je ne connais pas tous les risques. Mais c'est pas grave. Je suis déjà à la porte de toute façon. C'est trop tard pour faire demi tour.

Special Girl Où les histoires vivent. Découvrez maintenant