Rose

chapitre 1

J'ondule mes hanches.

Ils paient pour voir ça.

Je danse autour de cette barre.

Pour le plaisir de leurs yeux.

Je suis Rose, orpheline depuis toujours. J'aime danser et j'aime qu'on m'envie er qu'on me désire, parfois même les deux. C'est pour cela que de 23 heures à 3 heures du matin, je danse pendant que des hommes viennent me regarder.

J'ondule mes hanches.

Ils paient pour voir ça.

Je danse autour de cette barre.

Pour le plaisir de ses yeux.

Ça fait cinq mois qu'il vient chaque soir, il n'a jamais loupé l'une de mes performances. Ses yeux d'un noir profond me sondent tout le temps et ça me perturbait. Maintenant, ils me paraissent si familiers, pourtant je ne le connais même pas. Alors, à chaque fois que je le vois s'installer à la table 56...

J'ondule mes hanches.

Il paie pour voir ça.

Je danse autour de cette barre.

Pour le plaisir de ses yeux.

**

- Hey, c'est combien pour que tu rentres avec moi beauté ?

- Rose.

- Quoi ?

- Je m'appelle Rose, tocard, pas beauté. Et la prochaine fois que tu me parles de cette manière je demande à mon cousin tolard de venir te peter la gueule.

C'est faux, je n'ai absolument pas de cousin tolard, mais si ça peut le dissuader de m'embêter, c'est super. Je passe le pas de la porte du Purple Roses et pars immédiatement dans ma loge. Étant l'une des plus anciennes strip-teaseuses du club, j'ai la plus belle loge.

J'enfile mes vêtements, constitués d'un simple string rose brillant et d'un soutien gorge coqué de la même couleur, puis commence à vaporiser du spray pailleté sur tout mon corps. C'est très important, les lumières du club font ressortir tout ce qui brille. Je branche mon fer à boucler et me fais de jolies boucles anglaises. En revanche, je ne touche pas à mon visage. Je ne le maquille jamais quand je travaille, à cause de la sueur. Il fait chaud dans le club, et danser me fait transpirer. C'est mieux d'avoir un visage propre que dégoulinant de maquillage.

J'enfile ensuite mes talons, des escarpins d'une bonne dizaine de centimètres rose également, et apporte la touche final en attachant mon pendentif au bout duquel pend une rose, comme mon prénom.

Lorsqu'on toque à ma porte, je comprends que ça va être à mon tour.

- Oui ?

Irma, une femme bien conservée d'une bonne cinquantaine d'années, entre.

- Rose, ma chérie, c'est à ton tour dans cinq minutes, tu es prêtes à prendre le relai ?

Je hoche la tête.

- Très bien, bon show.

Je la remercie et elle quitte la pièce. Je me tourne alors vers mon miroir et inspire un grand coup. Je ressens toujours une petite excitation avant de monter sur scène, et encore plus depuis qu'il y a ce mystérieux inconnu qui m'observe, chaque soir. Ça fait déjà cinq mois qu'il vient, et il ne m'a jamais adressé un mot. Pourtant, je sais que c'est pour moi qu'il vient, puisqu'il part à chaque fois que je finis mon show.

La musique de ma collègue précédente se termine, et c'est à mon tour de faire mon entrée sur scène. La musique « I was never there » de The Weeknd commence alors et j'entre sur la scène avec des pas calculés sous un tumulte d'applaudissements.