Journal de Severus

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20 novembre 1975

Je ne sais pas... Je ne sais plus pourquoi je m'inflige cela. J'ignore pourquoi je continue à me torturer en regardant Lily avec Potter. C'est comme si mon cœur était enfermé dans une boîte trop petite pour lui, et qu'il essayait de s'en échapper. À chaque fois que je les vois ensemble, j'ai le sentiment d'entendre mon cœur se craquer sur lui-même.


Lily... La plus douce et la plus belle des femmes que j'aie jamais eu la chance - l'immense chance - de rencontrer. Et elle rayonne de mille feux quand elle rit à ses blagues ridicules, quand elle glisse sa main dans la sienne. Ce qui me tue, c'est que le monde entier s'illumine autour d'eux. Et pourtant, à chaque sourire qu'elle lui adresse, je sens un poignard s'acharner sur mon cœur.


Je sais que je ne devrais pas ressentir ça. Je le sais au fond de moi. Je sais que je devrais être heureux pour elle, pour eux. Après tout, même si James est un crétin, il s'est excusé auprès de moi, et il rend Lily heureuse.


Et moi, je n'aurai jamais la chance ou l'opportunité de la rendre heureuse. Elle ne me verra jamais autrement que comme un ami. Elle ne verra jamais mon regard amoureux et admiratif.


Je me sens tellement impuissant, tellement inutile, tellement remplaçable. Je donnerais chaque parcelle de mon âme pour être celui qu'elle regarde avec cette flamme de passion dans les yeux. Mais je le sais - même si je rêve du contraire - que ce ne sera jamais moi.


Je suis, et je resterai, juste Severus. Severus Snape. Le garçon bizarre, solitaire, étrange et au air dérangé. Celui qu'elle ne remarquera jamais plus que comme un ami dont elle prend pitié. Et qu'elle ne regardera jamais comme... lui.


Parfois, je voudrais pouvoir l'effacer de ma tête, arrêter de penser jour et nuit à elle. J'aimerais arrêter de voir leur bonheur parfait à chaque fois que je ferme les yeux. J'apprécierais de ne plus apercevoir la joie que la présence de l'un procure à l'autre.


Le pire dans tout ça, c'est que je ne le veux pas vraiment. Je veux continuer de souffrir, parce que cela signifie que je suis toujours près d'elle. Je suis prêt à endurer cette souffrance immuable autant de temps qu'elle vivra et qu'elle me voudra près d'elle, même si ce n'est pas selon mes envies, j'accepterai toutes ses demandes. Je n'ai pas le choix. Je ne veux ni briser l'amitié qu'elle imagine qu'on a, ni l'amour qu'ils ont l'un pour l'autre.


Je me suis condamné à l'aimer dès la première fois où je l'ai vue me sourire.

*

Date de publication 19/06/2024

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