VI

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Il fait sombre, l'orage gronde. Les points serrés, posés sur la table, une oppression me clou à la chaise dans cette petite pièce blanche qui n'est éclairée que par une ampoule qui pend sur le mur de droite. Cela fait trois heures que je suis assise et que je fixe le mur où est accroché une horloge. Cela fait trois heures que son tic tac continuel me rend folle ; folle de folie, folle de rage. Je ne connais rien de ces gens qui m'ont enfermé ici. Et je suis furieuse contre eux, mais je ne sais pas pourquoi. J'ai sûrement mille raisons. Mon cerveau tourne a plein régime. Je n'arrive pas à résoudre mon dilemme.

Je pèse chaque pour, chaque contre depuis trois heures et n'arrive a rien de bon. Chacune des solutions que je trouve, une personne, où plus, doit nécessairement mourir. Pourtant un mot s'impose a moi : « oui ». Je dois accepter l'offre qu'on me propose. Pour ma mère, pour Rebecca. Je ne peux accepter l'idée qu'elles soient tuées pour moi. Ça serait égoïste et plus injuste que se que l'on me demande maintenant. Je suis décidé. Je me lève, courbaturée. Je me dirige vers la porte et frappe. Quelqu'un ouvre une petite fenêtre coulissante et me demande agacé :

-C'est bon, t'as fini ton cinéma !? Tu t'es décidé ? Je peux transmettre l'info au patron ?

-Oui Votre Grâce.

Il me fusille du regard puis cri a quelqu'un :

-La gonzesse c'est prononcée ! Fait rappliquer le patron !

Quelques minutes plus tard, l'homme-amer ouvre la porte. Il me regarde sans rien dire. Je vois dans ces yeux qu'il connaît ma réponse depuis des siècles et qu'il est fier de lui.

-Je dois reformuler la question ? Vous accepter, oui ou non ?

-Ai-je vraiment le choix ?

L'homme-amer souris, victorieux et satisfait de lui-même.

Néanmoins une chose cloche dans leur "super plan". Pourquoi contraindre une personne à améliorer son avenir, à se soucier de lui ? Je ne pense pas que se soit le seul but de leur école.

Je sors du cachot. Je ne sais pas où il me conduit. Soudain je vois Abby et un vif sentiment de haine me submerge. Elle parle avec sa sœur et ne semble se douter de rien. J'ai passé trois longues heures à me déchirer intérieurement et elle m'avait apparemment oublié. Elle me voit et s'avance laissant Chris planté sur place. Abby ne dit pas un mot. Elle me prend la main et m'invite à la suivre. Je la suis. Mon accompagnatrice me fait entré dans une immense machine.

-C'est un hedfan, m'informe Abby.

Je ne dis rien, j'ai la mort dans l'âme. Abby. Ma lueur d'espoir. Eh bien ! Ça commence idéalement !

L'appareil volant est énorme. Il est hexagonal et en acier noir. Quand nous entrons je suis estomaquée. Tout brille de partout. Je n'ai rien vu d'aussi riche. Un lustre comme au G.A. pend au-dessus d'une table de bois vernis, des fauteuils blancs qui semblent moelleux, des canapés... Il y a aussi plein de choses à manger, des tours miniatures à plusieurs étages où sont entassé des pâtisseries, des bocaux entiers de petites boules multicolores... Je regarde bouche bée le spectacle qui s'offre à mes yeux.

-Viens, me souffle Abby.

Je détache mon regard de ce décor. Je la suis encore une fois. Elle monte un escalier puis un deuxième. Nous sommes tout en haut. Elle ouvre une porte au fond du couloir. J'entre dans une petite pièce carrée. Il y a un lit, des habits soigneusement pliés, posé sur une commode.

-C'est ta chambre pour le moment.

Encore la voix d'Abby.

Je me retourne et je la regarde dans les yeux. Ses grands yeux bleus. Froid. Distant. Dur. Persan. Ses yeux tel des lames qui me transpercent. Je vois en eux la douleur et le renfermement ; des plaies qui n'ont jamais pu cicatriser. Elle détourne la tête et murmure :

Le Début de la Fin (en pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant