Chapitre 16

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LUKE

Le lendemain, les cernes me bouffent presque tout le visage. Je n'ai pas beaucoup dormi la nuit dernière. Après le départ de Séléné, je me suis effondré dans le lit et j'ai senti son odeur sur les draps, ce qui n'a pas arrangé mon cas puisque ma patiente est devenue le personnage principal de mes rêves pervers. Sa visite impromptue n'a fait que renforcer mes désirs, et j'ai fantasmé sur ce qui aurait pu arriver si je ne l'avais pas rejetée.

Après la soirée plutôt forte en émotion, je ne m'attendais pas à la trouver dans ma chambre. Lorsque j'ai effleuré sa lèvre, j'ai eu – pendant une seconde – envie de tout envoyer balader pour mordre sa chair rosée. J'avais cette entité mystique qui me poussait à l'embrasser, à la goûter juste une fois. Heureusement, la partie logique de mon cerveau a repris le dessus à temps. Qui sait ce que j'aurais pu entreprendre si j'avais cédé à mes pulsions.

Même si je ne regrette pas de lui avoir accordé ce moment de liberté, je ne dois plus me rapprocher d'elle comme ça. Elle reste un travail. Il faut que j'arrive à remettre les barrières en place pour éviter de plier.

Rebattre les cartes, et commencer une nouvelle partie avec un meilleur jeu en main.

C'est donc avec ce mantra en tête que je me prépare tranquillement pour profiter de mon jour de congé hebdomadaire.

Lorsque j'ouvre les rideaux occultants, je plisse les yeux face au soleil qui traverse les vitraux. Apparemment, le climat est bien plus agréable aujourd'hui.

Je m'étais un peu renseigné sur le Colorado avant de venir. L'État montagneux est relativement ensoleillé, sauf lorsque nous nous approchons de l'hiver : précipitations, brise puissante, températures négatives. Pour l'instant nous sommes chanceux, nous n'avons essuyé que quelques cyclones peu rigoureux. Cela ne va pas durer, alors je compte bien me gorger de vitamine D avant de m'enfermer à nouveau dans ce manoir.

En rejoignant le rez-de-chaussée, je jette un œil dans la salle à manger, mais je n'y aperçois personne, vu l'heure tardive, ça ne m'étonne pas. Je saute le petit-déjeuner, et me décide à prendre la tangente pour la journée. Je n'ai aucune envie de converser avec le couple de gérants, même si une discussion s'impose. Nous aurons le temps de nous occuper de ça ce soir.

J'enfile le manteau nouvellement acheté, avant de sortir par la porte principale. La clarté du ciel m'agresse les rétines, et je regrette de ne pas avoir pris mes lunettes de soleil. Je n'ai pas le courage de remonter dans ma chambre, et de chercher pendant une heure où j'ai pu les ranger.

Je passe devant la fontaine toujours aussi insolite. Aujourd'hui, elle revêt cependant une forme différente à la lueur du soleil. La femme semble moins inquiétante, et j'identifie facilement que c'est la représentation d'une déesse grecque. Si je me souviens bien de mes anciennes lectures, il s'agit d'Hécate, la lune. Encore un élément qui me rappelle ma patiente. Entre cette statue, et les heurtoirs de la triple lune, j'ai l'impression que toute cette baraque est un hommage à son habitante. Est-ce que ce sont ses parents qui ont eu cette idée ? Je trouve ça à la fois attendrissant et déplacé. Où qu'elle aille, Séléné ne voit que des rappels à sa maladie.

Putain de riches fêlés du bocal ! pensé-je en reprenant ma route vers la grange.

Maintenant que j'ai accès au véhicule, je ne vais pas m'embêter à appeler un taxi. Et d'ailleurs, Simon ne m'a même pas fait la réflexion alors je prends ça pour une bénédiction.

La clé est toujours sur le contact comme je l'ai laissé hier soir. Je démarre et prends le chemin de Hill Forest. Encore.

J'ai l'intention de me renseigner sur les randonnées du coin, ainsi que les lieux touristiques à visiter. La Floride manque cruellement d'altitude et de reliefs, alors je veux découvrir la richesse des paysages du Colorado avant que le froid ne vienne rendre impraticable ce genre d'exploration.

Lune de sang (histoire terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant