critique culturelle

Twilight

Ce n'est qu'une décennie après la sortie du premier opus de la saga Twilight, en 2009, que je l'ai regardé pour la première fois. Cela pourrait sans doute s'expliquer par la réception mitigée de ces films dès le début. Même Kristen Stewart, l'actrice incarnant le rôle principal, était la cible de beaucoup de haine. Certes, si Twilight a eu tant de popularité, cela veut bien dire que certaines personnes aimaient, mais rares étaient ceux qui le disait ouvertement. Je me souviens d'un camarade de classe, qui, en 2011, avait fait un exposé sur les romans de Stephenie Meyer sur lesquels se basent les films. Il n'avait rien trouvé de mieux et avait dans l'urgence suivi la proposition de sa mère, ce qui avait amusé toute la classe. Il ne se présentait lui-même pas du tout comme un fan, bien au contraire.
Par ailleurs, je me souviens également avoir lu à l'époque une critique élogieuse dans un magazine catholique. Cela m'avait intrigué car non seulement c'était la première fois que je voyais une recommandation pour Twilight, généralement décrié, mais en plus cela venait de l'église. Cependant, aujourd'hui, connaissant le contenu de Twilight, je comprends que cela ne soit pas du tout étonnant. 

On ne peut cependant pas dire que les gens avaient de bonnes critiques. La perception des films diffère grandement de cette durant leur sortie, il y a maintenant 15 ans. Il me semble que les films suscitent aujourd'hui moins de rejet qu'auparavant, alors que paradoxalement, un regard beaucoup plus critique est porté sur eux, avec de réels arguments. Avant, ils étaient dénigrés pour des raisons similaires à celles qui ont fait de Justin Bieber la célébrité la plus détestée de la planète (ce n'est pas un hasard s'il détenait le record du nombre de "pouce en bas" pour sa chanson "Baby", à une époque où cette fonctionnalité était encore visible sur YouTube): c'est pour les filles, c'est pour les jeunes, c'est populaire, ça parle de relations. De plus, les histoires de vie personnelle jouaient également un rôle dans leur impopularité (Kristen Stewart et Justin Bieber ont ou auraient tous les deux trompé leurs partenaires, entre autres), bien que ce n'était pas des histoires forcément accessibles à tout le monde - ce n'est pas comme aujourd'hui avec les réseaux sociaux.

A mon sens, bien qu'aujourd'hui s'est établie une perspective nettement plus critique et argumentée à l'égard de Twilight, une analyse approfondi de cette œuvre demeure pertinente. Les reproches couramment adressés à cet univers, bien que justifiés et corrects, me laissent souvent insatisfaites car ils se limitent fréquemment uniquement à la dénonciation de la misogynie et de certaines incohérences scénaristiques, qui sont, certes, des points très importants. Néanmoins, Twilight souffre d'autres défauts: la critique sa dimension misogyne mérite une exploration plus poussée que celle généralement proposée et surtout, on peut retrouver dans ces œuvres bien plus que de la misogynie.

Ainsi, après avoir posé ce contexte, je vais maintenant aborder les premiers points de cette critique.

Dès les premières minutes de visionnage, j'étais frappée par l'abondance de clichés et d'absurdités: C'est évidemment l'histoire de la nouvelle élève qui vient de déménager au début de son année de terminale et qui, comme par hasard, s'assoie à côté DU garçon, qui lui n'avait personne pour s'asseoir à côté de lui. Plus tard, nous découvrons que ce même "garçon" fréquente la même école que ses frères et sœurs, tous âgés entre 103 et 174 ans. Aucune explication n'est fournie quant à la raison pour laquelle ils ont décidé de fréquenter l'école (ni comment ils ont réussi à y être admis). Nous pouvons seulement supposer qu'ils sont des prédateurs, ce qui n'est pas loin de la vérité puisqu'ils sont membres d'une famille de vampire, les Cullen, et qu'ils sont capables de se montrer incontrôlablement violents envers quiconque qui perdrait une petite goutte de sang.

Les trois personnages principaux de cette saga sont Bella Swan, Edward Cullen et Jacob Black. 
Bella est une fille banale. Il n'est pas évident de définir ce qui la rend spéciale en tant que telle. Elle pourrait être n'importe quelle fille sans intérêt en particulier.
En revanche, Edward se distingue de l'homme lambda par son appartenance au monde des vampires. Ceci lui confère des capacités hors du commun: il est très fort physiquement, peut courir avec une grande rapidité, est très agile et a la capacité de lire dans les pensées. En outre, il a une passion: la musique, il joue aussi du piano.
Jacob, quant à lui, est un loup-garou doué en mécanique, doté également de superpouvoirs: Il peut changer de forme, et également très fort physiquement et habile.
Une différence entre ces deux hommes, qui vont tous les deux tomber amoureux de Bella et se battre pour elle, est leur température corporelle: Le corps de Jacob irradie une chaleur intense, voire brûlante, tandis que celui d'Edward est marqué par une froideur glaciale.