Chapitre 18

49 14 2
                                    

Vendredi arrive bien trop vite à mon goût. J'aimerais disposer d'une machine qui me permette de jouer avec le temps pour être déjà samedi matin.

Je sais déjà que la fête de ce soir va être une épreuve, mais je n'ai toujours pas trouvé le moyen d'y échapper et le temps me manque pour trouver une stratégie payante.

Je suis tellement désespérée que, hier soir, j'ai été jusqu'à prendre mon courage à deux mains pour aller trouver ma mère.

— À propos de demain soir, ai-je commencé.

— Tu iras, c'est non négociable, m'a-t-elle coupée.

Entre nous, je n'avais pas grand espoir d'obtenir gain de cause, mais je devais tenter.

— Tu devrais être flattée qu'un garçon comme Dylan s'intéresse à toi, a-t-elle ajouté. J'ai entendu dire qu'il a un succès fou auprès des filles. En même temps, ce n'est pas étonnant avec son physique, son statut de quarterback et la fortune de son père.

C'est surtout le dernier point qui les attire, ai-je pensé en moi-même.

L'argent possède cette capacité exceptionnelle de rendre ses détenteurs beaucoup plus attrayants que s'ils étaient pauvres. Même si, je vous l'accorde, physiquement, Dylan n'est pas affreux.

Bref, j'ai compris que cela ne servait à rien de tenter de rallier ma mère à ma cause, car elle est sous le charme de cet enfoiré de Dylan. Je me suis donc fait une raison, j'irai à cette fête ce soir, que je le veuille ou non (la deuxième option étant la bonne !).

Après tout, quand on y pense, que sont deux ou trois petites heures dans toute une vie ? Un grain de sable dans le désert. Mais un grain de sable dont je me serais tout de même bien passé !

Une fois sur le campus, je me rends à mes cours du matin, puis je retrouve Helen pour la pause déjeuner. On s'installe à la première table libre que nous trouvons et commençons notre repas.

— Je suppose que la sortie de ce soir est toujours d'actualité ? demande Helen entre deux bouchées.

— Ouais, marmonné-je.

Je n'ai toujours pas eu d'idée lumineuse pour l'éviter.

— Et je suppose que tu ne veux toujours pas me dire ce qui s'est passé entre Marlon et toi dans cette pièce ?

Helen est persuadée que je ne lui ai pas tout raconté au sujet de mon tête-à-tête avec Marlon. Et elle a raison ! Ce n'est pas que je ne lui fais pas confiance, mais je sais comment elle va réagir, elle va m'encourager à m'engager dans une voie sans issue que ma raison refuse d'emprunter, mais que mon cœur m'enjoint de suivre. Or, je suis déterminée à écouter la première car le deuxième est faible, naïf, influençable et va me conduire à ma perte.

Je me contente de continuer à manger sans rien répondre, signe que je refuse d'aborder de nouveau le sujet. Après un soupir dépité, Helen ajoute :

— Et je suppose que n'as toujours pas trouvé le courage d'allumer ton téléphone pour voir s'il t'a écrit ?

Cette fois, je ne garde pas le silence.

— Ce n'est pas une question de courage, Helen.

— Ah non ?

— Non.

— Alors explique-moi quelle est ton excuse.

Je pose ma fourchette, agacée.

— Il ne se passera jamais rien entre lui et moi, donc à quoi bon nourrir un béguin qui n'a aucun avenir ?

Stolen lifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant