𝐏𝐑𝐎𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄

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Abigail.
Dix-neuf ans, deux mois et cinq jours que je vis.
Dix-neuf ans, deux mois et cinq jours que mon cœur bat.

À quoi bon le crier tout haut, puisque personne n'a l'air de comprendre ce que cela signifie.
Dix-neuf ans que je me bat contre une maladie qui ne me lâchera jamais. Elle sera toujours là, à m'empêcher de vivre, à m'isoler.
« Comment va ton cœur ? » Toujours la même question mais jamais ils ne se demandent comment moi je vais.

Parce que c'est à cause de lui, de cet organe thoracique, que mon enfance peut se résumer en trois mots : inquiétude, examens, isolement.
Trois petits mots. Ni plus, ni moins qu'un "je t'aime".

Une enfance qui se résume en une simple phrase. En quelques petits mots qui d'apparence trompeuse, se résultent au simple mémoire d'un commencement.

J'étais la petite fille qui s'asseyait sur un banc en cours de sport car elle ne pouvait pas vivre comme tout le monde, par crainte d'avoir des essoufflements ou même des risques d'évanouissements.

« Un cœur qui se porte bien ne bat pas comme ça. » Cette phrase pourrait faire saigner mes oreilles.
Dès mon plus jeune âge, on m'a fait comprendre que j'avais un cœur malade.
Sur 8 milliards de personnes sur cette terre, il fallait que mon cœur détraque, qu'il ne soit pas en état de fonctionner correctement.

J'ai dû me balader tous les jours avec une ventoline sur moi. Je devais me rendre à l'hôpital chaque semaine. Je vivais parmi les souffrants, les blouses blanches.

J'aurais voulu être sportive aussi, comme ces personnes capables de courir pendant des heures, comme celles qui glissent sur la glace avec une sublime légèreté.
Mais je ne pouvais pas.
Alors je me suis réfugiée dans la musique. Pianiste depuis l'âge de mes six ans, mes mains peuvent exprimer mon ressenti intérieur. C'est la seule chose qui me permet de me dire qu'il y a peut-être une petite place pour moi parmi ces gens talentueux.

J'ai toujours voulu vivre comme les autres, courir, sauter, danser comme les autres. Plus petite, je voulais qu'on parle de moi comme étant une guerrière, une survivante malgré mon petit cœur malade. Mais on a préféré m'appeler "pauvre petite", parce que survivre n'était visiblement pas un acte de grande prouesse pour eux.

Mes camarades de classe me regardaient avec mépris. Leurs yeux remplis de jugement ne se détachaient pas de moi. J'étais la faible. Celle dont on avait pitié.
Une seule personne me regardait avec admiration, Grace, ma meilleure amie. Elle partageait parfois ma chambre d'hôpital, elle était atteinte d'un cancer du rein. Maladie qui a finalement prit le dessus sur sa vie, il y a deux ans de cela.

Cameron.
Huit ans, 1 mois et quelques jours que mon monde s'est arrêté.
Huit ans, 1 mois et quelques jours que ma petite sœur nous a quitté.

C'est comme si ma vie était devenue quelconque depuis ce jour-là, sans intérêt.

Je me souviens que, les soirs où nos parents s'engueulaient, je venais dans sa chambre et je lui lisais un de ces livres pour enfants. Elle me regardait avec ses petits yeux et venait se blottir dans mes bras lorsque j'avais fini de lire.

Elle n'était pas bête, elle savait pertinemment qu'ils se disputaient par rapport à elle, par rapport à sa maladie. Ma mère disait qu'il lui fallait des soins expérimentés et qu'elle devait rester à l'hôpital au vu de son état. Mon père lui, voulait qu'elle vive sa vie d'enfant, sans tous ces appareils médicaux autour d'elle.

« Elle est née, et elle va mourir dans ce putain d'hôpital, c'est ça que tu veux pour ta fille ? » Il suffisait que mon père prononce une phrase approximative et ma mère éclatait en sanglots.

Ma sœur était le petit point de lumière dans cette maison sombre.
Lumière qui s'est vite éteinte. Elle a toujours été forte, je la voyais comme une guerrière.

J'aurais voulu qu'elle sache à quel point je tenais à elle avant qu'elle ne quitte ce monde.

Elle avait 10 ans, 10 ans.

Pourquoi fallait-il que ce soit elle ?
Son départ a laissé un vide immense dans ma vie. Elle me manque chaque jour.

Parfois j'aimerais aller dans le passé, trouver le petit Cameron et lui dire qu'au fil du temps, tout ira mieux.
On oublie rien, on apprend simplement à vivre avec.

Pour noyer mes peines, je me suis réfugié dans le basket. C'est le seul moyen qui m'a permis, et qui me permet encore aujourd'hui, de décompresser, de lâcher prise.

J'en ai besoin.

D'autant plus qu'en pratiquant ce sport, j'ai le sentiment de le faire pour ma sœur. Elle était faible, elle ne pouvait pas faire ce qu'elle désirait. Quand elle venait assister à mes entraînements, je voyais son sourire illuminer son visage. Je le faisais pour elle.

Et s'il y avait eu un moyen de la sauver, j'aurais tout donné pour qu'elle soit encore parmi nous.

Quand mes mains tapent sur le ballon, quand mes pieds touchent le sol pour me faire avancer plus vite, je ressens cette fougue. Cette impression que tous les problèmes s'évaporent et que les mauvaises pensées s'en vont ailleurs.

Quand l'entraînement se termine et que je pose un pied chez moi, les soucis apparaissent à nouveau. L'ambiance triste et les cris de mes parents me font oublier qu'à peine une heure avant, j'allais bien.

Hi, comment allez-vous ?

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Dans ce prologue, vous entrez déjà en plein cœur  du passé des protagonistes.
En espérant que la suite vous plaise, prenez soin de vous,
Océ'

Ig : ocewtpd

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