𝐼𝐼𝓮𝓶𝓮 𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮

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      𝔻errière les barreaux froids en métal de sa cellule, elle attendait, assise par terre, sur le sol sableux, adossée contre le mur raturé de symboles indéchiffrables, signe de la présence de plusieurs individus avant elle. Sa tenue était déchirée, à cause du passage du temps. À vrai dire, elle n'avait pas changé ses vêtements depuis son emprisonnement. Ils étaient aussi propres que sa cellule, dont même l'hygiène semblait l'avoir abandonnée.

Elle réfléchissait, aux propos de ce William James Moriarty. Si ce qu'il lui disait était vrai, alors elle n'allait pas mourir dans l'immédiat, elle allait pouvoir vivre un peu plus longtemps. Qu'allait-elle pouvoir faire ? Elle avait abandonné l'idée de pouvoir vivre plus longtemps dans cette ville, elle ne savait pas quoi écrire comme première ligne sur le nouveau livre qu'elle venait de commencer à écrire : sa renaissance. Quel était son projet ? Quel serait son rôle dedans ? Elle pensait qu'elle n'avait aucune utilité...

Soudain, une pensée fulgurante lui traversa l'esprit.

‹‹ ... redorer le blason de votre famille... ››

Et si en redorant le blason de sa famille, il voulait quelque chose qu'elle seule avait ou aurait ? Mais quelle était cette chose ? Sa reconnaissance ? Elle lui était déjà reconnaissante d'avoir pris sa défense, ça lui avait réchauffé le corps dans la cellule glaciale où elle était si gracieusement logée — même si elle ne comprenait toujours pas pourquoi. Si ce n'était pas sa reconnaissance qu'il recherchait, alors que recherchait-il ? Que pouvait-elle bien lui donner ? Elle n'avait rien, elle ne possédait plus rien en tant que noble accusée de meurtre. Elle pensait que de toute façon, elle le saurait bientôt. Ne lui avait-il pas promis de la revoir, après tout ?

« À bientôt, Miss. »

 Bientôt...? Mais quand ?  Répondra-t-il à mes questions ? Me donnera-t-il des réponses ? Se pourrait-il... qu'il puisse m'aider sur ce que je recherche actuellement ? Et si c'était le cas, est-ce que je pourrais encore attendre longtemps ? 

Son flux de pensées fut interrompu par le bruit métallique caractéristique d'une vieille clé qui s'introduisait dans un trou trop étroit, bouché par des immondices indescriptibles des autres prisonniers avant elle. Après quelques minutes où le geôlier échoua à ouvrir la porte, il réussit finalement à ouvrir la porte en métal rouillée. Il se tenait droit comme un piquet, le regard droit devant lui, ne regardant pas la prisonnière qui était affalée par terre contre le mur. 

Elle non plus, elle ne le regardait pas. Elle était perdue dans la contemplation de ses pieds. La semelle de ses bottines commençaient déjà à s'effriter, des morceaux jonchaient déjà le sol délavé. Elle pensa qu'elle devrait bientôt les changer — puis elle se rappela qu'elle devait bientôt mourir.

-Debout. ordonna froidement l'homme qui venait d'entrer

Elle se leva avec difficultés, titubant un peu. Ses jambes faillirent se dérober, mais elle se rattrapa avec l'aide — chaleureuse — du mur froid contre ses doigts tremblants, enchainés et frigorifiés par le temps passé dans sa cellule. Elle avança difficilement vers le geôlier — qui n'avait pas essayé de l'aider — et s'arrêta devant lui à quelques mètres, attendant qu'il la libère de ses entraves métalliques.

Mais rien n'arriva. Juste le son rauque de la voix de l'homme devant ses yeux lui parvint jusqu'à ses oreilles qui étaient lasses des bourdonnements dont elles étaient sujettes.

-Vous êtes libre.

Elle écarquilla avec surprise les yeux. Elle était libre. Pourtant, cette liberté était inconcevable à ses yeux. Tous les autres la considéraient comme coupable, comme une criminelle — excepté celui qui avait pris sa défense, William James Moriarty. Elle se méfiait maintenant. Comment pouvait-elle être libre alors qu'elle était coupable aux yeux du monde entier — ou du moins britannique ?

Le procès du siècle | 𝓦𝓲𝓵𝓵𝓲𝓪𝓶 𝓙𝓪𝓶𝓮𝓼 𝓜𝓸𝓻𝓲𝓪𝓻𝓽𝔂 𝕏 𝓡𝓮𝓪𝓭𝓮𝓻Où les histoires vivent. Découvrez maintenant