Les Sorcières de Liège

Chapitre 6 : Les Secrets de Verlaine

Après avoir sauvé Bassenge des ténèbres, Émilie ressentait un besoin pressant de mieux comprendre l'origine de la magie qui circulait en elle. Malgré la victoire qu'elle et Betty avaient obtenue contre les forces obscures, une certitude s'imposait : ce n'était que le début. La victoire avait été durement acquise, mais elle savait que d'autres mystères entouraient son héritage et que sa quête ne faisait que commencer.

La gardienne des secrets lui avait mentionné un autre village : Verlaine, réputé pour son lien étroit avec le monde de la sorcellerie. Animée par l'envie de découvrir ses propres racines magiques, Émilie se rendit donc dans ce village voisin, à la recherche de réponses.

Verlaine se révéla bien différent de Bassenge. Là où Bassenge semblait caché sous une lourde ombre mystérieuse, Verlaine brillait d'une énergie mystique vibrante et palpable. Les maisons, aux façades anciennes, étaient ornées de symboles mystérieux, gravés dans le bois et la pierre. Dans l'air flottait une odeur d'herbes fraîches et de terre humide, mêlée aux effluves de potions et d'encens. Ici, la magie n'était pas seulement une rumeur ou une légende, elle faisait partie intégrante de la vie quotidienne.

Dès son arrivée, Laurence, une jeune femme fascinante au style unique, accueillit chaleureusement Émilie. Laurence avait des cheveux d'un châtain presque doré qu'elle aimait teindre de couleurs vives comme le rouge ou le violet. Ses yeux changeaient de teinte, passant du gris au vert en fonction de la lumière. Elle irradiait une aura mystérieuse, mais sa voix douce et chaleureuse mit immédiatement Émilie à l'aise.

« Verlaine t'attendait, tu sais. La magie ici t'a sentie venir », dit Laurence en souriant. « Viens, je vais te présenter ma mère. Elle saura sûrement répondre à certaines de tes questions. »

Chez Laurence, elles furent accueillies par sa mère, une sorcière sage et bienveillante, au regard perçant et aux gestes empreints d'une grande maîtrise. Autour d'une grande table encombrée de potions, d'herbes séchées, et de cristaux scintillants, elles discutèrent longuement des secrets ancestraux qui régissaient leur monde.

« La magie ne vit pas en dehors de nous », expliqua la mère de Laurence en tendant un cristal vers Émilie. « Elle est en nous, mais elle fait partie d'un tout plus grand. La terre, l'air, l'eau, le feu, tout est lié. Tu dois apprendre à respecter ces forces si tu veux maîtriser tes pouvoirs. »

Émilie fut fascinée par la simplicité et la profondeur des paroles de cette femme. Elle comprenait mieux pourquoi elle avait toujours ressenti un lien particulier avec la nature. Elle se plongea alors dans l'étude des grimoires que Laurence et sa mère lui prêtèrent. Chaque nuit, elle parcourait leurs pages, découvrant des rituels oubliés, des incantations millénaires, et des légendes anciennes qui semblaient se relier à son propre héritage.

Malgré les moments de paix à Verlaine, Émilie ne pouvait échapper à une ombre pesante. Betty l'avait prévenue : les ténèbres qu'elles avaient affrontées à Bassenge n'étaient pas totalement vaincues. Et bien qu'elle se soit sentie plus forte depuis sa victoire, elle savait que d'autres batailles l'attendaient.

Un après-midi, lors d'un rituel dans la forêt dense qui entourait Verlaine, Émilie sentit un frisson parcourir son échine. Les arbres semblaient plus sombres, et les bruits de la forêt étaient étouffés, comme si une présence inquiétante rôdait autour d'elles. Laurence, à ses côtés, remarqua aussi l'étrange atmosphère.

« Tu sens ça ? », murmura Laurence, tendue. « Quelque chose ne va pas... »

Soudain, des ombres commencèrent à s'étirer autour d'elles, se déplaçant comme des serpents noirs, menaçants. Le ciel, pourtant clair quelques instants plus tôt, s'assombrit, et l'air se fit glacial. Émilie échangea un regard avec Laurence avant de se préparer à défendre leur position.

« Les ténèbres... Elles sont revenues », murmura Laurence, les yeux plissés.

Émilie savait que ce moment viendrait. Mais contrairement à Bassenge, elle se sentait mieux préparée. Elle leva les mains et laissa la magie s'écouler d'elle, une barrière de lumière apparut, repoussant les ombres menaçantes. Laurence, impressionnée par la maîtrise d'Émilie, joignit son propre pouvoir, renforçant la barrière.

Les ombres semblèrent hésiter, s'enroulant autour de la barrière comme des serpents avant de se précipiter de nouveau contre elle. Mais cette fois, Émilie ne fléchit pas. Elle se concentra et canalisa sa magie plus efficacement qu'elle ne l'avait jamais fait auparavant. La lumière qu'elle dégagea fut si intense que les ombres furent instantanément réduites en cendres.

« Tu es forte », murmura Laurence, admirative.

Essoufflée mais victorieuse, Émilie comprit que son entraînement portait ses fruits. Pourtant, cette victoire soulevait d'autres questions. Pourquoi ces ténèbres continuaient-elles de les suivre ? Qu'est-ce qui les attirait précisément à Verlaine ? La réponse à ces questions semblait encore échapper à Émilie.

De retour au village, Émilie se plongea encore plus profondément dans ses études. Elle commençait à déchiffrer de plus en plus de symboles et à se familiariser avec les rituels ancestraux que les sorcières de Verlaine avaient transmis de génération en génération.

Une nuit, alors que Émilie méditait près d'un autel en pierre sous la lueur de la lune, une pensée s'imposa à elle : peut-être que les ténèbres qu'elles combattaient n'étaient pas simplement un ennemi extérieur. Peut-être faisaient-elles partie d'un équilibre plus vaste. Un équilibre que, jusqu'ici, elle n'avait pas encore compris.

Elle décida alors de retourner voir Laurence et sa mère le lendemain matin. Ensemble, elles explorèrent cette idée, cherchant des indices dans les anciens grimoires. Les réponses se dévoilaient lentement, mais une chose était claire : Émilie était sur le point de découvrir des vérités bien plus anciennes et puissantes qu'elle ne l'aurait imaginé.

« Nous devons continuer d'apprendre et de nous préparer », dit Laurence avec détermination. « Ce qui nous attend est encore plus grand que tout ce que nous avons affronté jusqu'ici. »

Émilie acquiesça. Elle sentait que son voyage ne faisait que commencer, mais cette fois, elle savait qu'elle n'était plus seule.