Une Photo Des Highlands

Chapitre 1

J'ai toujours été une fan inconditionnelle de photos. Je dirais même que cette passion, je la dois à mon père.

Mon père a toujours été très attaché à la famille et a toujours trouvé le moyen de capturer les plus beaux moments de nos vies, et parfois les plus tristes, sans même le vouloir. J'ai toujours vu mon père avec un appareil photo à la main, et il m'a paru évident que je finirais moi aussi avec un objectif entre les doigts.

Je crois que c'est grâce à lui si j'adore capturer l'essence même d'un moment ou d'un lieu, car je me dis qu'à cet instant, ça doit être important.

Je sors rapidement de mes pensées en secouant légèrement la tête et je regarde un couple en face de notre restaurant se tenant par la main. Je les prends en photo avant de sourire tendrement en les voyant s'embrasser.

— T'es vraiment flippante, lance ma meilleure amie Francès en me regardant très sérieusement tout en replaçant ses lunettes.
— Pourquoi ? lui demandai-je d'une voix douce en contemplant l'image de ce jeune couple, un sourire en coin.
— C'est un peu creepy... T'es là, tu les prends en photo pendant qu'ils s'embrassent... 
— Francès... 
— Quoi ? On était en train de parler du faux plan que m'a posé Lucas hier, et tu prends ces gens en photo sans aucune raison, lâche-t-elle avant de souffler lourdement, mais j'ai l'habitude !

Je pose mon appareil et tourne les yeux vers ses longs cheveux bruns bouclés, puis je prends mon café encore chaud en main. Elle a raison, c'est fou de voir à quel point je me laisse facilement distraire.

— Désolée, vraiment, dis-je sincère avant de me pencher vers elle, mais en plus, c'est pas Lucas qui t'a invitée ? 
— Oui, c'est ce que je n'ai pas compris ! Je pensais sérieusement que ça serait ma soirée et que j'allais me faire retourner comme une crêpe à la Chandeleur, mais que nenni. Et toi alors, tu es sortie avec Douglas hier.

Je souris rapidement pour ne pas paraître trop sensible à son prénom.

— Douglas est venu chez moi et-
— Vous avez couché ensemble ? me coupe-t-elle en sirotant son verre de sirop, le sourire aux lèvres. 
— Non, Francès ! On a travaillé sur notre futur tour d'Écosse. Il est resté très tard et-
— Il t'a embrassée au-moins ?! 
— Bon sang ! Non, Francès ! 
— Mais vous faites quoi alors ? Vous attendez quoi ? 
— Je ne sais pas... Il m'intimide beaucoup, tu sais. 
— Il devrait plus t'intimider en te retirant tes vêtements ! Ça te ferait un peu de bien, sérieusement... 
— Ce n'est pas son style... Il est tellement... 
— Ennuyant... 
— dit-elle alors qu'elle se fait poser un lapin par Lucas. Ma mère l'adore ! Et je le connais depuis que je suis toute petite... J'ai juste envie de bien faire les choses.
— C'est pas parce que tes parents et les siens se fréquentent depuis 500 ans que tu dois te caser avec lui...
— Parlons plus tôt de Lucas non ?

Je rigole en la voyant si sérieuse, puis je prends mon café avant de le boire. Francès est mon rayon de soleil, j'adore passer du temps avec elle. Elle est tout simplement mon double, je ne peux plus me séparer d'elle. Je la vois agiter les bras en m'expliquant à quel point c'est un connard, mais qu'elle est quand même allée manger un McDo pour se faire plaisir juste après pour digérer ce faux plan.

— Merde ! Je n'avais pas vu l'heure ! Francès ! Je dois retourner au travail ! lançé-je brutalement en reprenant mon sac à main en cuir noir.
— Oulah oui... Je n'avais pas vu ! On se voit ce soir ? 
— Je t'envoie un message... Bisous. Je t'aime fort.

Je lui embrasse la joue avant de courir en direction de mon lieu de travail, qui se trouve à un bon quart d'heure de marche. Les rues d'Édimbourg sont un vrais sport, surtout quand elles sont trempées, mais j'ai l'habitude et les mollets habitués !