Chapitre 4

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Je porte une robe pull moulante grise avec mes escarpins chocolats à talon carré et mon grand trench. Je commence les cours très tôt mais je m'apprête toujours simplement car j'aime la mode. Pas la mode des leggins non la mode recherchée, le vêtement unique et peu cher, je ne supporte pas l'effet mouton.

Dans le train, je reçois un message. Dany m'indique qu'il est content que nous nous soyons vus hier soir mais que la barre n'est pas partie. Je lui réponds simplement "Chacun sa croix".

Je traverse les RER sans écouter les gens qui m'entourent. Le trajet m'a paru plus long que d'hier.

Arrivée à Sceaux, je vois un des garçons que j'évite, Théo. J'espère qu'il ne me repère pas mais la vie n'est pas faite ainsi.

- Hey Beyoncé, ça va? 

-Bien et toi?

-Je vais à la superette tu m'accompagnes?

-Pas envie de faire un détour, on se voit en cours

-T'inquiété, un jour tu seras ma femme donc on en poussera des caddies

Je n'ai jamais répondu à cette remarque car elle ne mérite pas mon attention. Il est parti mort de rire suite à sa boutade.

Le chemin jusqu' à mon université est en descente et je passe entre des grands chênes. Observer  la nature m'a toujours mis dans de bonnes conditions. Mon cerveau déconnecté du programme de la journée ou des embuches qu'il va ou risque de m'arriver. En fait, je réfléchis beaucoup en particulier aux personnes. J'ai la chance d'avoir des souvenirs qui remontent à 2 ans chez ma nourrice. Bref.

Un fois arrivée dans le bâtiment, je me déplace en rythme jusqu'à mon premier cour en amphithéâtre. Devant la porte du cours, je vois mes camarades agglutinés. 

Malik s'approche de moi pour me faire la bise. Je déteste ce geste de salutation, il le sait et rigole à chaque fois qu'il approche sa joue.

-Alors bien rentrée hier Madame? me lance t-il, pressé d'avoir une nouvelle toute fraîche.

-Oui et toi? je le taquine car je ne lâche rien. Je parle peu de moi ou de mes ressentis car j'ai remarqué que les individus adorent utiliser les faiblesses d'autrui. Je n'aime pas être dévoilée.

-Oh t'abuses! un petit bisou ? un petit câlin?

-Tu sais que je le connais à peine et c'est un pote.

-La reine de glace, murmure-t-il

Je souris en envoyant un baiser dans le vent et pars m'installe. Malik s'assoit au-dessus de moi à côté d'une certaine Marion. Petite, châtain clair avec un nez légèrement retroussé et des yeux de chat que j'avoue envoutant. Malik craque même s'il m'a dit avoir une petite amie mais il est jeune comme il rétorque souvent.

David vient de passer les portes et prend l'escalier. Il se dirige vers moi et je me sens portée, mes joues ont rougi malgré ma peau foncée.

-Salut! ça t'a aidé là où je t'ai déposé? tu es bien rentré?

-Parfait! t'inquiète... déjà c'est sympa! 

-A plus!

Je le vois courir pour s'installer le rang au-dessus. Malik s'est retourné et a haussé les épaules. Pour tout dire, la place à côté de moi, soit la première place donnant accès à l'escalier, est libre.

Ca me blesse même s'il n'y a rien entre nous. Je pensais qu'il se serai assis. Comme le cours commence je me plonge dedans à l'ancienne: cahier et stylo.

A la pause, je le vois partir avec son téléphone portable en main. Je le trouve agité mais décide de prendre le mien et de répondre à des messages. Malik se pose sur le siège et me regarde avec insistante avant de lâcher:

-Il est bizarre. Il te parle mais part se mettre 3km plus loin.

-Peut-être que je pue

-Non ton parfum est léger, dit Malik en reniflant

-Trop de proximité, écarte toi! je lui pince le bras.

Malik toujours en train de rigoler à ses sottises.

-Moi aussi je peux te sentir

Je sens son souffle dans mon cou et me lève brusquement en me retournant. Théo, encore Théo.

-Ne fais pas ça s'il te plaît

-Désolé mais c'est vrai que tu sens bon et cette robe te va bien... caché sous ton manteau tout à l'heure j'ai rien grillé

Il me scrute de haut en bas et j'entends les bécasses chuchoter. Depuis la rentrée, j'avais saisi la  posture particulière que la société (reflétée dans cette classe) m'a donné: je pouvais être la fille mignonne qui sort du lot. J'en prenais conscience et j'avais décidé dès la première semaine de ne jamais entrer dans ce jeu.

Certains pourraient parler d'harcèlement mais ce ne fut pas quelques choses qu'ils continuèrent par la suite. Par contre, en tant que femme, j'ai saisi ce que certains appellent "ce pouvoir". Tous les pouvoirs ont leur kryptonite. A méditer.

Le cours a repris et je n'ai pas vu que David était revenu. 

Malik me tapote l'épaule et repars à sa place; il a une camarade à travailler au corps.

La journée se passe, j'ai décidé de manger dans le parc au vu de la saison encore clémente. Je ne l'ai pas revu ce jour là.

Sur le chemin du retour, je décide de flâner. J'ai besoin de ne pas trop penser à lui donc, une fois à la Défense, je décide faire le tour des boutiques et de prendre un samoussa à manger.

Sur le parvis, je revois le chemin que j'ai emprunté et je n'ai pu me retenir de lui envoyer ce simple sms:

"Salut, ça va? tu as des soucis?"

Une fois le message envoyé, je m'enfouie dans les souterrains pour récupérer mon train. Au passage, j'ai acheté des écouteurs que je décide d'utiliser pour la première fois sur le chemin de retour.

Cancion de Amor sera la musique qui accompagnera mes pensées jusqu'à chez moi. Au moment même où Don Omar dit "esa mirada" un message apparaît sur mon téléphone.

"J'ai une copine"

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