Chapitre 13

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Je n'avais vraiment pas menti. J'ai ce fameux sourire. Je viens de me réveiller, et un sourire berce mon visage. Ça doit être ces genre de matinées parfaite, vous savez, celle où vous avez le sentiment que tout est à sa place, que tout est parfait. Un sentiment de bonheur peut-être ? Je vais peut-être un peu loin, mais ça fait vraiment longtemps que je me suis pas senti aussi bien.

Comme j'ai cours dans une heure, je me lève et me prépare (toujours dans cette bonne humeur). Mon père est déjà parti au travail, alors je m'assure que Alice se prépare et déjeune et d'ailleurs, cette petite me regarde intriguement depuis quelques minutes.

— Pourquoi tu me fixes comme ça ? dis-je à son attention.

Elle baisse la tête vers son bol et attrape des céréales qu'elle fourre dans sa bouche puis son regard revient vers moi, un air de malice dans ses yeux.

— Pour rien... répond-elle en souriant encore plus.

Elle a ce genre de sourire à la Alice. "Je vais faire une bêtise mais tu ne le sais pas encore" sauf que si Alice, oh que Oui je le sais !

— Je te préviens, si tu as la moindre idée en tête, la moindre bêtise que tu prépares, n'y penses même pas !

— J'ai pas d'idée moi. C'est toi qu'en as d'abord. Et tu souris trooop fort ! s'exclame t'elle en levant ses petits bras en l'air.

Je me promets intérieurement que rien ni personne ne peut surpasser la mignonnerie de ma petite soeur.

— Oui allez, vas chercher ton sac, on doit y aller petite canaille.

Elle court chercher son cartable et je fais de même, et, je me dirige vers la porte d'entrée quand j'entends un petit couinement. Ma chienne me regarde la tête penchée à droite, l'air de me dire : Et moi, tu m'as oublié ?

— Maya. Mince. Je te promets qu'on va faire une balade ensemble dès que je rentre des cours, je n'ai pas eu le temps ce matin. Désolée.

Elle me répond en se tournant vers son panier où elle s'effondre quelques secondes plus tard, sa tête enfouie dans ses pattes. Elle est habituée par ces habitudes bouleversées et je sais que je ne devrais pas faire ça, quand on adopte un chien, on doit s'en occuper à mille pourcent, mais je vous assure qu'elle ne souffre pas. Elle a accès au jardin, étant donné que nous laissons la véranda ouverte, elle n'est pas complètement enfermée. Et puis comme je l'ai dit, elle aura sa ballade ce soir.

Après avoir déposé Alice, je continue mon chemin vers mon collège, et je recommence à sourire comme une idiote, comme ce matin. C'est étrange, c'est comme si, intérieurement, je savais pourquoi j'allais au collège, et que cette raison me motiver.

— Pourquoi t'as un sourire débile sur le visage ?

Je sursaute même si j'ai reconnu la voix de ma meilleure amie.

— Préviens avant de me surprendre.

— C'est justement le but.

Je roule des yeux et me dirige vers un banc.

— Pourquoi tu m'as rien raconté hier ? Tu sais, après ta conversation.

— J'étais fatiguée.

— D'accord.

— Oui.

Nous observons la cour, plongé dans un silence pesant. Moi, je scrute l'entrée du collège, comptant chaque seconde, chaque minute avant la sonnerie. Holly, elle a sorti son téléphone, et elle envoie des messages à je ne sais qui. Je sais qu'elle a d'autres amies, elle est plus sociable. Moi, je suis introverti. J'ai du mal avec ça et je ne sais pas comment ça fonctionne.

Plus que dix secondes avant la sonnerie, Zack n'a toujours pas pointé le bout de son nez. Il ne viendra pas ? Ou alors il est en retard ? Jusque là, je n'ai jamais remarqué s'il venait à l'heure, mais peut-être que je dois le faire maintenant. Oh mon dieu, mais qu'es qu'il m'arrive ?
Et puis ça sonne, et une étrange sensation de creux s'installe dans mon ventre, comme si j'étais... triste.

Le cours de français commence et j'attends. Pas qu'on me demande de sortir mes affaires. Pas que la fin du cours approche. Je l'attends, lui. Et puis comme si c'était une évidence, comme si ça devait arriver, trois coups retentit et le silence s'abat dans la salle. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, notre professeur se retourne, elle permet à celui qui a causé cet assourdissement de rentrer, et la porte s'ouvre, lentement.

— Je m'excuse pour mon retard.

— Ça va, installez-vous.

Zack va s'asseoir à côté d'Ambre et je baisse les yeux vers mon cahier, un coup de chaud s'empare de mon corps. Depuis quelque temps, c'est toujours comme ça. Je m'emporte pour si peu, et je ne sais pas, je ne peux m'empêcher de penser que tout ça est causé par ce garçon. Cette personne qui a déboulé dans ma vie et qui semble la manier à sa guise.

— Bien, maintenant que la classe est au complet, j'aimerais que vous sortiez Jane Eyre. J'aimerais connaître vos avis sur les personnages que vous deviez analyser, Jane et Monsieur Rochester.

Personne ne tente de lever la main. Mais moi, j'ai des choses à dire. J'ai adoré ce livre, je l'adore depuis toute petite. Je l'ai chez moi en petit format, je l'ai lu et relu tellement de fois que les pages sont corné et jauni. Ma mère m'a même offert une version collector magnifique que j'ai exposé dans ma bibliothèque, alors imaginez ma joie quand j'ai appris que nous devions lire ce lire pour la rentrée en français.

— Oui, Elise ?

— Je trouve Jane courageuse. Je la trouve incroyable, par ce que elle aurait pu dévier sur un mauvais chemin quand on voit comment elle a été traiter étant petite, mais elle a voulu mieux. Elle a voulu échapper à cette torture, alors qu'à son âge, on peut facilement se perdre. C'est effrayant de quitter ce qu'on a toujours connu, mais Jane l'a fait sans hésiter.

— N'importe quoi.

Je me tourne sauvagement, je n'en reviens pas qu'on ose me dire ça. En quoi ce que je viens de dire, c'est "N'importe quoi ?".

— Zack, lève la main si tu veux particper. Expliques ta pensée.

— Ça se voit que Ellie est bercé par le monde de Charlotte Brontë, elle est trop naïve pour saisir que Jane est égoïste et fière d'elle-même.

— Pardon ?

— Elle est partie par ce que elle ne veut pas rester côtoyer des gens qu'elle n'aime pas et qu'elle trouve ennuyant.

— Pardon ? L'auteur n'a jamais écrit ça.

— Il ne faut pas avoir un grand q.i pour comprendre les intentions de Jane. Surtout qu'ensuit elle tombe amoureuse du premier homme qu'elle croise dans sa vie, bref, elle est ennuyante.

— Elle tombe amoureuse sincèrement, et ça, c'est l'essentiel ! dis-je, ma voix plus forte que d'habitude.

— Comment peut-elle connaître l'amour si elle n'a jamais aimé ou été aimée ?

— L'amour s'apprend naturellement ! Personne ne peut l'enseigner !

— T'es trop naïve comme fille. L'amour, c'est trop superficiel. On se base sur ce qu'on voit, sur ce que la personne dégage, mais quand on voit ce qu'est réellement la personne, ça ne nous envie plus. C'est juste pour avoir un peu d'adrénaline, c'est tout.

— Restez sur le débat autour du livre, s'il vous plaît.

— Non, je n'ai plus rien à dire.

— Tu abandonnes vite, dis-donc.

Une élève au fond de la salle lève à son tour sa main et je m'enfonce dans ma chaise. Une rage bouillonnant en moi, je réalise que je n'ai pas été seulement bercé par l'univers de Charlotte comme dit Zack, mais aussi par les premières vagues de l'amour.

how i fell in love with you (EN PAUSE) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant