« Bonjour Galaxie ! »
Diantre, mais cette femme ne travaille donc jamais ?
A l'intérieur, je rayonne de la revoir si tôt. Attention aux failles de l'armure...Les cheveux d'Alizée sont coiffés en un chignon flou qui lui va à ravir : elle est de ces personnes qui, tout en paraissant décontractées, restent classes. J'endosse mon masque poli et professionnel, avec toutefois un sourire légèrement plus familier.
« Bonjour Alizée, en quoi puis-je vous aider ?
— On pourrait peut-être se tutoyer, on a le même âge... Quoique... Vous êtes obligée de me vouvoyer, au travail ? »
J'acquiesce.
« Effectivement, j'y suis obligée.
— Hum, d'accord... Quoiqu'il en soit, pourriez-vous m'aider à remplir le bon pour l'encaissement de ce chèque, s'il-vous-plaît ? »
Je m'approche d'elle, tout près, et lui donne des consignes détaillées pour remplir le bon correctement. De là où je suis, je sens le parfum dans son cou, il est exquis. Il me ferait presque perdre la tête... Des images de violence s'imposent à nouveau à moi ; de la violence et du sexe, entremêlés dans mon esprit. Je m'éclaircis la gorge, salue la jeune femme puis retourne derrière le comptoir répondre aux e-mails adressés à l'agence.
Ma journée est presque normale : mes visions tournent sans cesse dans ma tête, en boucle. J'ai peur de ce que je pourrais faire, tellement elles sont fortes. Et plus la violence grandit en moi, plus je m'échine à jouer mon rôle de femme normale. Je ne suis pas sainement constituée, mentalement parlant : d'où cela peut-il bienvenir ? De l'abandon de ma mère, partie alors que Lola n'était qu'une petite enfant ? De mon tempérament renfermé et asocial ? Bien sûr, je ne doute pas que les psychanalystes s'en donneraient à cœur joie à décortiquer mon passé, mon enfance. Ils trouveraient forcément quelque chose pour me coller une étiquette et me ranger dans une case. La case psychopathe, pour sûr.
A midi, je mange un sandwich seule dans la salle de repos : avec ce beau temps, les collègues rentrent manger chez eux ou bien sortent déjeuner en ville. Tant mieux, ça me laisse ma tranquillité. Le soir venu, je me dépêche de regagner mon appartement et de m'enfermer dans ma chambre, me laissant choir sur le lit. Ma respiration est saccadée, et le fait d'avoir dû refouler mes pulsions toute la journée m'a épuisée. C'est quoi, la suite ? Va-t-il falloir que je me batte ainsi quotidiennement ? C'est impossible, infaisable...
Et là, à ce moment précis, je commence à envisager le pire : craquer, céder. Ça me soulagerait tellement... Il y a des gens qui ne manqueraient à personne, des pourritures, des sales types... Pourquoi ne pas faire un peu de ménage ? La justice met parfois un temps fou à faire son travail. Je m'en donnerais à cœur joie...
Stop ! A quoi es-tu sérieusement en train de penser ? Tu ne peux pas envisager ça, quand même !
Ça, c'est la voix de la raison. La voix de toute personne équilibrée qui prendrait connaissance de mes noirs desseins. Et pourtant, quelle autre option me reste-t-il ? Il faut que j'assouvisse mes pulsions, que je laisse libre court à ma violence, ne serait-ce qu'une soirée. Ensuite, je suis persuadée que ça irait beaucoup mieux.
Il faut que je choisisse ma cible, et j'en ai une toute trouvée : Monsieur H, qui vient souvent me rendre visite à la banque et qui est une personne tout à fait détestable. Il n'est pas très grand, les sourcils épilés et le ton méprisant. Il me parle comme si j'étais un être inférieur, tout juste bonne à le servir. Lui, c'est un sale type ! A plusieurs reprises, il a fait des esclandres au guichet parce que je ne travaillais pas assez vite à son goût, ou bien que je ne lui apportais pas la réponse qu'il attendait. Je l'ai vu se garer plusieurs fois sur le parking devant la porte, je reconnais sa voiture. Je me promets que la prochaine fois que je la vois en ville, je lui ferai payer sa personnalité insupportable.

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Mon nom est Galaxie
ParanormalMon nom est Galaxie. Je suis une psychopathe et personne ne le sait. J'ai des pulsions de violence dans ma tête, que je parviens à contenir pour l'instant. Je ne tombe pas amoureuse, je calcule tout. Jusqu'au jour où Alizée entre dans ma vie. Là, mo...