Tandis qu'Aifos s'échappait, marchant d'un pas ardent pour broyer les derniers traits d'antan jusqu'à la mener à Erèp. Un frisson parcourut son échine, ce n'était ni courant d'air, c'était plus familière, comme le rire d'un père, mais mesquin et d'un grain trop enclin, trop plein de faim. Une petite visite en fuite, pas un mythe, un brin de parasite à sa poursuite, sans limite, empêchant sa fuite : c'était Minit.
Les émotions qui s'infiltrent à travers leur lien psychique, mélange toxique de haine et d'amusement enfantin, presque puéril, n'étaient pas nouvelles. Elle rappelait à Aifos les tumultes passés sous l'œil rempli de sagacité d'Erèp.
Minit avait toujours été une pure et dure, une force de la nature. Même dans les joutes verbales les plus banales, elle affichait une ténacité qui relevait d'une intensité et d'une densité qui en venait à être un don d'une immense félicité.
Jamais elle ne lâchait prise, que ce soit dans un débat ou dans un jeu de cour de récréation, elle ne démordait jamais.
C'était de cette danse d'endurance sans clémence qu'elle poursuivait sans relâche et avec de moins en moins de distance Aifos, et elle le sentait, elle sentait Minit s'approchait de minute en minute à tout azimut.
C'était cette même endurance qui permettait à Minit de poursuivre Aifos sans relâche à travers le désert, ignorant la fatigue, les obstacles, et la distance. Là où d'autres auraient cédé sous le poids écrasant du soleil et du sable, Minit avançait, mue par une volonté de fer, un reflet de sa nature inébranlable.
C'était un jeu du chat et de la souris où les deux parties connaissent intimement les forces et les faiblesses de l'autre, un jeu de récréation devenu mortel, orchestré par des années de camaraderie devenue rivalité.
Aifos, consciente de l'épuisement recherché par Minit en la poursuivant à travers l'étendue aride, décide de changer brusquement de cap, guidée par son instinct surnaturel : la jungle de Seyssinet. Une dense muraille verte inhospitalière pour les derniers humains de ce monde mais pas pour Aifos.
Au cœur des terres désolées, là où les échos de l'ancien monde murmuraient encore parmi les ruines, la jungle de Seyssinet se dressait comme un mirage verdoyant, un vestige mystérieux d'une ère révolue.
Pour les habitants des cités-bulles, elle était un sujet de fascination et de terreur, un conte vivant tissé de mystères et d'avertissements. Les voyageurs de retour racontaient des histoires de cités englouties sous une canopée impénétrable, où les immeubles s'élevaient comme des fantômes, enveloppés dans l'étreinte vorace de la végétation.
Ils parlaient d'une nature qui ne se contentait pas de recouvrir les traces de l'humanité, mais qui semblait les absorber, les transformer, donnant naissance à une biodiversité étrangement évoluée, où la flore et la faune défiaient toute logique scientifique.
Ces récits transmettaient des avertissements sur des créatures nées de la fusion entre le technologique et l'organique, des plantes qui murmuraient dans une langue oubliée, et des lacs dont les eaux reflétaient non pas le ciel, mais les souvenirs d'une ville qui fut autrefois le cœur battant de la civilisation. La jungle était décrite comme vivante, respirant et observant avec une curiosité insatiable ceux qui osaient pénétrer ses secrets.
Pour Aifos, ces récits ne faisaient qu'attiser sa soif d'exploration, elle qui depuis l'enfance avait toujours été aussi curieuse. Chaque histoire, chaque légende, était une pièce du puzzle qu'elle désirait assembler. La jungle de Seyssinet représentait plus qu'un simple abri contre Minit ou un obstacle à surmonter; elle était une énigme enveloppée dans le vert, un appel à l'aventure que son esprit indomptable ne pouvait ignorer. C'était dans cet écho entre la curiosité et l'avertissement qu'Aifos trouvait sa résolution. Armée de son courage et de sa détermination, elle se préparait à plonger dans ce monde inconnu, prête à confronter ses mystères et à dévoiler les secrets que la nature avait si jalousement gardés.
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Aifos : Sous le voile du soleil rouge
Science FictionLes cendres qui tombent du ciel, échappées des flammes du soleil lui-même, semblent pleurer sur un monde en déclin. Chacune de ces cendres raconte une histoire de chute. Sous ce disque céleste, teinté d'un rouge sanguin, 99% de l'humanité s'est ét...