Chapitre 1

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Je sens des mains froides sur mon corps avant même d'avoir pu ouvrir un seul oeuil, et sans même le faire, je sais qu'ils sont revenus. Je ne sais pas pourquoi, mais ces gens là semblent décidés à me poursuivre jusqu'à la fin de mes jours.

Je sais pourquoi est ce qu'ils sont là.

Ils sont là parce que mon père le leur a demandé. Ils sont là pour me violer. Parce qu'en échange, ils paieront mon père. Il se fera de l'argent sur mon corps.

J'essaie d'ouvrir les yeux, mais ils ont été recouverts avec une espèce de bandeau.

J'essaie de parler, mais une grosse main se pose sur ma bouche, m'empêchant de laisser sortir le moindre son.

Mon coeur commence à s'affoler alors qu'eux commencent à toucher mon corps comme s'il leur appartenait.

Et alors que le pire moment de leurs actions pédophiles arrive, je sens mon coeur lâcher, puis c'est le noir total.

*

Je me réveille en sursaut, la poitrine compressée par l'angoisse et la peur.

Leurs mains...sur mon corps.
Ma hantise depuis des années.
Parce que je sais que rien ne pourrait les empêcher de revenir dès lors que mon père aurait besoin d'eux.

C'est triste. Mais c'est vrai.
Vendre mon corps était devenu très tôt pour mon père un moyen rentable de se faire de l'argent, en laissant ses fils de pute de clients me salir et profiter de moi.

Comme d'habitude, je me lève, et la première chose que je fais, c'est prendre une douche.
Depuis que j'ai 12 ans, quatre douches par jour sont le minimum si je veux réussir à me sentir propre.
Autrement, je me dégoûte.

Je sors de la douche et chasse la buée du miroir. 

Mon père m'a dit hier au soir que aujourd'hui serait un grand jour, que j'allais rencontrer une personne qui déterminerait mon avenir ainsi que celui du réseaux de mon père. 

Réseaux qu'il idolâtre d'ailleurs plus qu'il ne m'a jamais aimée, sans doute la raison pour laquelle il m'a toujours maintenue prisonnière dans mon immense chambre. 

Dans un sursaut, je me retourne lorsque des coups sont frappés à ma porte de chambre. En quelques secondes, je rejoins la porte, et, mon peignoir serré autour de mon corps nu, j'entrouvre ma porte juste ce qu'il faut d'espace pour pouvoir apercevoir la silhouette massive de l'homme chargé de garder la porte de ma chambre sous les ordres de mon géniteur.  

Je hausse un sourcil. 

" Votre père vous demande en bas Mademoiselle." déclare-t-il avant de reprendre sa position initiale. 

Je referme la porte et me mets en quête de vêtements à porter qui puissent  convenir à mon père puisque ce jour est si important. 

Je me munis d'un blazer et pantalon noir ainsi que d'une chemise blanche et me change à la hâte, de peur de mettre mon père hors de lui. 

Quand j'étais petite, je l'avais vu tuer de sang froid un de ses hommes de main parce que ma mère avait osé lui répondre. Il était déjà un peu chatouilleux de la gachette à l'époque. 

Je descends prestement les escaliers, mes talons claquant sur le sol de marbre à chaque pas précipité que j'effectue, et en bas des escaliers m'attends mon père, les bras croisés sur la poitrine, les manches de sa chemise blanche retroussées sur ses bras musclés recouverts de tatouages. 

Je sens la présence derrière moi de Michael, qui me suit comme mon ombre depuis que mon père a décidé d'effectuer du trafic humain en vendant mon corps. 

Je me plante en face de mon père, à une distance plus que raisonnable tout de même. 

Après un profond raclement de gorge, mon père se décide enfin à prendre la parole. 

" Silene," il fronce les sourcils " aujourd'hui est un jour important, comme tu as dû déjà le comprendre.

- Dis ce que tu as à dire, je dis irritée par les apparences formelles de cette discussion. 

- Je t'ai offerte en mariage...à un jeune homme russe."

Je fronce les sourcils. 

" Excuse moi je crois avoir mal compris tu as fais quoi ? 

- Notre réseau..

- Ton réseau, le coupé je. 

- Mon réseau avait besoin de renforts, alors j'ai pris contact avec un réseau voisin avec lequel nous avions mis en place une alliance il y a longtemps déjà, et les alliances pour eux ne marchent que par la mariage. Leur héritier n'est âgé que de quelques années de plus que toi seulement, et votre mariage aura lieu dans deux mois, afin que cette alliance nouvelle puisse arriver au plus tôt et redonne vie à nos réseaux grâces aux bénéfices faits sur ce mariage. 

- Combien ? je demande sèchement. 

- Je te demande pardon ? 

- Combien est ce qu'ils te payent pour me vendre corps et âmes une fois de plus ? 

- Ce genre de question n'est pas de ton ressort et je ne te répondrai pas, et je t'interdis de poser cette question à Anton. 

- Aton ? 

- Ton fiancé, Silene, fais des efforts de compréhension pour l'amour du Bon Dieu enfin !"

Je sursaute à son haussement de ton. 

Il n'a pas le temps de dire quoi que ce soit que l'immense sonnerie bien trop bruyante du manoir de mon illustre mafieux de géniteur retentit, nous faisant tous deux reprendre nos allures formelles qui commençaient à s'effriter au fur et à mesure que la tension montait entre nous. 

Un regard noir de sa part me fait me sentir de nouveau comme la petite fille craintive que j'étais autrefois. 

Je baisse les yeux vers le sol et laisse les voix d'hommes envahir le vaste hall. 

Les deux hommes discutent de leurs voix graves, et moi je reste fidèle à ce que mon père appellerait ma " condition de femme ". C'est à dire que je baisse les yeux et que j'attends que l'on me pose une question pour ouvrir la bouche. Autrement, je n'échappe pas à la remise en place. 

De temps en temps, je glisse un regard à mon fiancé, bien que cet homme ne m'inspire pas la confiance et le réconfort que devraient apporter ce titre qu'il porte à mon égard. 

Je sais que cet homme, malgré son aspect « résistant » et fort, aura tôt fait de me renvoyer auprès de mon géniteur lorsqu'il se rendra compte que je ne suis rien d'autre qu'une boule de tristesse.

Peut être que ça me sauvera la vie s'il n'est pas celui qu'il prétend être...
Ou peut être qu'il sera tout simplement meilleur que mon père ne l'a jamais été...si seulement..

Una matina...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant