Souviens-toi du jour...

Lucas

En France...

J'entends une sonnerie.

Oh ! Non !

C'est déjà l'heure de se lever et le manque de sommeil se fait sentir. Voilà ce qui arrive quand ton meilleur pote vient te rendre une "petite" visite.

J'ouvre un oeil et je vois le jour qui perce à travers les volets.
Je sort de mon lit et frotte mes yeux, tout en avançant à moitié endormi, je trébuche sur un jouet de "Dixie" et m'étale de tout mon long dans le couloir.

Toute contente, ma chienne arrive et
me dit bonjour en me léchant le visage.
Là pour le coup, je suis bien réveillé maintenant.

Je me relève et me dirige vers la cuisine, je lui donne son bol de croquettes et prépare mon petit déjeuner.

En attendant que mon café coule dans la cafetière, j'allume le téléviseur afin de voir la météo. 
Je jette un œil à ma pendule. Vu l'heure qu'il est,  je n'ai rien raté, le journal n'est pas terminé.
 
Je prépare mes tartines et j'écoute, d'une oreille  distraite, les diverses informations que le présentateur annonce :

"- Hier soir, un avion de la compagnie "Air Australie" ayant décollé de Bordeaux à destination de Sydney a été pris dans un violent orage. Il s'est crashé au-dessus de l'océan Pacifique avec à son bord deux cent quarante huit passagers dont quinze ressortissants français. Nous ne sommes pas encore en mesure de dire s'il s'agit d'une défaillance humaine ou technique qui aurait causé le crash. Parmi les passagers se trouvait l'artiste peintre Loïs..."

-ouah ! ouah ! ouah !

La voix du présentateur est masquée par les aboiements de ma chienne.
Personne n'est derrière la porte et il n'y a aucun autre bruit.
Mais qu'est-ce qui lui prend ?

- Qu'est ce qu'il t'arrive ? Arrête je ne vais pas entendre la météo.

"...les recherches se poursuivent, elles n'ont à ce jour, pas permis de retrouver d'éventuels survivants ni même les boîtes noires de l'appareil."

Le présentateur annonce la météo qui prévoit un temps clément, ensoleillé et des températures de saison pendant les trois jours suivants.

Je termine de me préparer pour aller travailler dans les parcs à huîtres de l'entreprise familiale. C'est une activité qui requiert sans cesse une grande adaptabilité quant aux  diverses tâches à accomplir, c'est ce qui me plaît. Chaque jour est différent. Il faut composer en premier lieu avec la météo. Le travail que j'effectue est rythmé par la température de l'eau, la croissance des huîtres ou leur récolte en fonction du calibre visé  qui permettra de les vendre.
Je n'ai pas le temps de m'ennuyer et c'est vraiment ce qu'il me faut.

Aujourd'hui avec Hugo nous allons vérifier la croissance des huîtres dans les poches situées dans un premier parc afin de nous assurer que la récolte puisse se faire cette année, puis nous continuons à mettre en poche les jeunes huîtres afin de les installer dans un nouveau parc.

Notre journée enfin terminée nous rentrons à la ferme ostréicole nous changer. Nous convenons d'un lieu où nous retrouver à l'heure du dîner, c'est ce soir qu'il me présente sa dulcinée.

Avant ça, il me reste assez de temps pour aller courir sur la plage avec Dixie.
Après une bonne course et quelques lancers de balle, je m'assoie et contemple l'horizon.
Le soleil qui amorce sa descente provoque des couleurs changeantes parmi les nuages et sur l'eau.
Cette vue est très apaisante et quelque peu hypnotique quand on y ajoute le son des vagues.

Je regarde ma montre. Il est grand temps que je rentre me préparer afin de rejoindre mon ami au restaurant.

Je me gare sur le parking et rejoins Hugo que j'aperçois à l'intérieur.
La salle est grande et peu remplie. Elle est baignée par une lumière tamisée. Je distingue deux silhouettes de dos dont celle de Hugo que je connais si bien.

En m'approchant je suis surpris par la personne qui est assise à côté de lui. Il n'a pas pour habitude de fréquenter ce genre féminin. Il déniche souvent des filles un peu superficielles, là, pour le coup celle-ci n'a rien à voir avec ça.
Mon pote me présente Diane, qui d'un premier abord me paraît fort sympathique. Elle est mince avec des cheveux châtains longs remontés en un chignon retenu par une pince qui lui donne un style raffiné. Elle porte un tailleur simple.

Cependant, quand je me penche pour lui dire bonjour je vois ses yeux rougis et gonflés. Je regarde Hugo d'un air interrogateur.

Qu'est ce qu'il a encore fait ce grand malin ?

Elle se lève, décroche son téléphone et se dirige à l'écart.

J'en profite pour lui demander :

- Qu'est ce que tu as encore fait pour qu'elle pleure ?

- Rien du tout. Tu as regardé les infos ce matin ? Ils ont parlé d'un avion qui c'est crashé.

A ce moment-là me reviennent les informations que j'ai entendues ce matin.

- Oui. Et ?

- Elle connaissait quelqu'un qui était à bord de l'avion.

- Ah mince ! Excuse moi,  je croyais que tu y étais pour quelque chose.

- Non. Ça me fait de la peine de la voir comme ça.

Notre conversation est interrompue par la venue d'une serveuse qui nous apporte la carte suivie de
Diane  qui revient,  les yeux larmoyants.

Hugo la prend dans ses bras. Mon ami la console comme il peut .

Nous prenons notre commande. Il a toujours su trouver des restaurants raffinés et peu onéreux.

Au cours du repas j'observe Hugo qui est aux petits soins pour elle. Je n'ai jamais vu mon ami comme ça. Je trouve qu'ils vont bien ensemble cela me fait sourire. J'espère que leur relation va durer.

Mon ami me sort de mes pensées :

- Et toi Lucas ? Quand est-ce que tu nous présente quelqu'un ?

- Ce n'est pas près d'arriver et je n'ai pas envie de parler de ça.

Il n'insiste pas.  La suite du repas se déroule tranquillement. Diane se joint à la conversation, ce qui me permet d'en apprendre un peu plus sur elle. Elle est salariée dans une galerie d'art.

La soirée se termine. Finalement celle-ci était agréable. Je laisse les amoureux et regagne ma maison où ma chienne m'attend.